Guti, c'est 15 ans au Real Madrid. Cinq Ligas, trois Ligues des champions, et des passes décisives en pagaille. Un talent pur, éclipsé dans les représentations collectives par un caractère impétueux et un choix de carrière discutable. A 33 ans, et malgré un palmarès invraisemblable, le précieux gaucher n'affiche par exemple que 14 petites sélections au compteur, et une notoriété bien inférieure à ses immenses qualités.
Une impression de gâchis
Pourtant, le bonhomme avait de quoi devenir l'un des meilleurs meneurs de jeu de sa génération. Guti, c'est un passeur d'exception. Pour qui les lignes adverses ne représentent pas un obstacle, mais dessinent une multitude d'intervalles et de méandres menant à ses attaquants. Raul, Morientes, Owen, Ronaldo, Robinho, Van Nistelrooy, Higuain, Benzema… Le blondinet distille saison après saison ses offrandes à des Galactiques qu'il sait si bien faire briller.
Mais ses relations tumultueuses avec ses différents entraîneurs et son penchant assumé pour le monde de la nuit ont eu raison de ses coups d'éclat. «Franchement je ne me vois pas aller en boîte à 60 ans, moi je veux y aller maintenant» , déclarait cette année encore notre esthète. Une sortie tapageuse, bien évidemment inacceptable pour n'importe quel entraîneur, et qui clouera le Madrilène sur le banc des remplaçants pendant plusieurs semaines. Au Real, l'emblématique numéro 14 laisse donc un tenace arrière-goût de gâchis. Le palmarès est là , mais on se prend parfois à imaginer un tout autre destin pour ce joueur, s'il avait accepté plus tôt de s'affranchir de son club de toujours, où seuls les plus médiatiques sont rois.
Enfin un statut à sa mesure
Il aura fallu attendre ses 33 ans pour le savoir. Si le Besiktas n'a pas encore confirmé l'information, il ne fait aucun doute pour les médias turcs que le joueur s'apprête à rejoindre le Bosphore. Il pourrait même être présenté au public dans la soirée. Le futur ex-Madrilène se serait engagé sur deux ans, moyennant un salaire annuel de 3 millions d'euros. Alors certes, les plus belles années de la carrière de Guti sont derrière lui. Certes, le club stambouliote n'est pas le plus prestigieux. Mais l'ancien international espagnol y trouvera là -bas un statut de joueur vedette que le Real n'a jamais su lui offrir, et jouira d'une confiance qui fait souvent merveille chez nos amis footballeurs.
D'autant que le milieu de terrain n'a jamais basé son style sur des capacités physiques hors normes, mais sur une vision du jeu presque extralucide que les années n'ont pas altérée. Il ne faut pas s'attendre à le voir remporter un Ballon d'Or, mais il ne serait pas étonnant que Guti, associé à Ricardo Quaresma, qui a lui aussi rejoint le Besiktas, régale en Süper Lig et en Ligue Europa. Du moins suffisamment pour amener, comme c'est si souvent le cas, quelques regrets au Real Madrid. Dans le jargon madrilène, on appelle ça la renaissance d'un Galactique...