le 09/08/2010 à 09h37

Bleus : Evra livre ses vérités… sans concession pour Domenech

Evra n'est pas tendre avec Domenech qui "refusait l'échange".
Capitaine de l'équipe de France lors de la Coupe du monde, Patrice Evra livre sa version sur le fiasco des Bleus en Afrique du Sud. Un mois et demi après une interview insipide sur TF1, le Mancunien ne mâche, cette fois, plus ses mots. Et Raymond Domenech en fait les frais…

Un mois et demi après, la plaie est toujours bien ouverte. L'élimination des Bleus dès le premier tour de la Coupe du monde a laissé des traces. Capitaine de la sélection tricolore en Afrique du Sud, Patrice Evra s'était exprimé dès le retour des Bleus en France, le 25 juin. Une interview finalement sans relief accordée à TF1. Aujourd'hui, le discours et plus corrosif et le verbe plus acerbe dans les colonnes du Figaro.

Le pacte secret qui semblait unir Raymond Domenech et ses cadres afin d'éviter le grand déballage a été remis en cause. Pourquoi ? Car l'opinion publique exigeait des explications. Car la Fédération française de football aussi ne souhaitait pas laisser une telle débandade sans suite. Le Conseil fédéral a d'ailleurs tranché vendredi : Jérémy Toulalan, Nicolas Anelka, Franck Ribéy, Eric Abidal et Patrice Evra seront convoqués devant la commission de discipline. Deux jours plus tard, ce dernier sort de sa réserve. Tiens donc…

«Notre bunker de Knysna»

«Je suis surpris, parce que j'avais l'impression que tout le monde voulait tourner la page du Mondial… Il faut penser au futur. Pourquoi nous sanctionner plus que d'autres ? On l'a déjà été. La sanction de ne pas sélectionner les 23 mondialistes pour le match en Norvège est cohérente. Elle montrait qu'il n'y avait pas cinq ou six meneurs, comme cela avait été écrit», regrette Patrice Evra.

Mis en cause directement, et non plus collectivement avec le groupe, le défenseur aux 32 sélections évoque une équipe de France trop refermée sur elle-même. «Dans notre bunker de Knysna, on vivait dans une bulle. On n'était plus dans la réalité, explique le défenseur de Manchester United. On a pris conscience de la fracture avec le public en recevant des appels de nos proches. Ce qui s'est passé en Afrique du Sud est vraiment grave. La seule chose qui pourra refermer la cicatrice, c'est qu'avec la nouvelle équipe la France se remette à gagner.»

«Des plaintes après chaque entraînement»

Et si Raymond Domenech est visé à demi-mots dans l'émergence d'un tel contexte, la suite est beaucoup moins implicite… «Il n'y avait plus de dialogue avec le coach. Il n'y avait aucune structure collective, ni de projet, précise Patrice Evra. Avant le match de préparation contre le Costa Rica (2-1), quelques joueurs lui ont demandé de s'impliquer plus, de nous donner plus de consignes. Il s'est senti agressé. Il a refusé l'échange. On a fait tous les matchs de préparation avec un système avant d'en changer pour celui d'ouverture du Mondial contre l'Uruguay. Ce n'était pas cohérent.»

Le sélectionneur était donc bel et bien lâché par le groupe. «Je recevais des plaintes après chaque entraînement. Les joueurs lui reprochaient son manque de travail tactique et le décalage avec les exercices auxquels ils sont habitués en club. J'ai essayé de faire passer le message à ses adjoints. Sans résultat. Le groupe l'a alors peu à peu lâché», confirme l'ancien capitaine. La non-titularisation de Florent Malouda contre l'Uruguay et de Yoann Gourcuff contre le Mexique, l'indifférence envers Thierry Henry, autant de choix et d'attitudes qui ont scellé la fracture entre sélectionneur et joueurs.

Les joueurs «premiers responsables»

«Je ne fais pas reposer la responsabilité de l'échec sur l'entraîneur. […] Les premiers responsables sont toujours sur le terrain. Cela a été mon message durant toute la compétition. Mais nos prestations n'ont pas été à la hauteur», nuance Patrice Evra, après avoir déjà bien habillé Raymond Domenech pour l'hiver… A l'heure où les langues se délient peu à peu (Nicolas Anelka, William Gallas, Hugo Lloris…), on attend désormais avec impatience la version du principal incriminé : Raymond Domenech. Viendra-t-elle seulement un jour ? Rien n'est moins sûr, même si l'ancien sélectionneur n'est pas homme à accepter de prendre des coups sans broncher…

Par Mael Moizant, le 09/08/2010 à 09h37
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