Claude Puel est-il vraiment l'homme de la situation ? On peut se poser la question, car depuis son arrivée sur le banc, en remplacement d'Alain Perrin en 2008, l'Olympique Lyonnais n'a rien gagné. Le raccourci est un peu rapide, d'autant que sous la houlette de l'ancien technicien lillois, le club rhodanien a atteint pour la première fois de son histoire les demi-finales de la Ligue des Champions, la saison dernière. Si cette performance avait suffi à redonner un large crédit à celui qui fut champion de France avec l'AS Monaco en 2000, le début de championnat 2010-11 médiocre des Gones commence déjà à écorner l'image de l'entraîneur lyonnais.
Cet été, plusieurs cadres de l'OL se sont d'ailleurs interrogés sur le manque de renforts au club. Selon Lyon Capitale, Lisandro serait même allé voir le président Jean-Michel Aulas pour lui faire part de son inquiétude. Cris, Anthony Réveillère et Hugo Lloris se sont à leur tour exprimés par la suite. Avec les mêmes interrogations. Dans ces conditions, la direction lyonnaise aurait fait le forcing pour recruter Yoann Gourcuff. Un élément que désirait également Puel. Sa voix ne suffisait-elle donc pas à convaincre ses dirigeants de passer à l'action ? On peut se poser la question.
Un vrai désaveu pour Toulalan
Le recrutement de Pape Diakhaté fait lui aussi débat. Arrivé au cours des derniers jours du mercato, le Sénégalais n'était pas vraiment une priorité pour l'entraîneur lyonnais. Mais le technicien rhodanien assure avoir donné son aval. «Mais si vous pensez que je n'étais pas favorable à tel ou tel joueur, vous faîtes fausse route. Si j'étais opposé à la venue d'un joueur, il ne serait pas là . Tout ce qui peut se dire, les rumeurs, les ragots ne m'intéressent pas. Mon objectif premier, c'est de continuer à structurer l'équipe, a rappelé Puel à Lyon Capitale. Le début de saison n'est pas à la hauteur... Il faut prendre du recul et garder le cap.»
Garder le cap tout en rectifiant certaines choses. Le positionnement de Jérémy Toulalan notamment. Le choix de replacer l'ancien Nantais en défense centrale de manière définitive s'avère être une erreur jusqu'à présent. L'entraîneur des Gones le reconnaît lui-même : «Il est préférable qu'il reprenne confiance à un poste qu'il connaît mieux.» Un vrai désaveu. D'autant que l'arrivée de Diakhaté, voulue en premier lieu par Aulas et son conseiller Bernard Lacombe, s'inscrit avant tout dans l'optique d'un retour de Toulalan au milieu de terrain.
Aulas vient à se mêler du sportif
Débarqué de Lille il y a deux ans avec les pleins pouvoirs – c'était la première fois qu'Aulas accordait autant de crédit à un entraîneur – Puel a, à l'évidence, perdu un peu de son influence cette saison, notamment en matière de recrutement, mais aussi sur les choix sportifs où, pour la première fois, le président des Gones s'en est mêlé ouvertement en se positionnant sur le cas Toulalan. Après avoir défendu son entraîneur contre vents et marées les deux dernières saisons, Aulas est peut-être en train de revoir son jugement.
En attendant, c'est en faisant le dos rond que Puel, qui garde toujours la confiance d'une partie au moins du vestiaire, élément clé pour durer à Lyon – Alain Perrin en sait quelque chose – prépare la venue de Valenciennes samedi à Gerland, pour le compte de la 5e journée de Ligue 1. Avec probablement la titularisation de Diakhaté en défense et le retour de Toulalan au milieu. Et une deuxième victoire au coup de sifflet final ? Seuls les points engrangés pourront permettre à Puel de se redresser un peu.