le 01/05/2011 à 19h26

Affaire des quotas discriminatoires : Maxifoot vous aide à comprendre

Comment Laurent Blanc sortira-t-il de cette crise ?
L'affaire des quotas discriminatoires continue de susciter une vive polémique. En évoquant le problème de la double nationalité des joueurs formés en France, les cadres de la FFF, dont Laurent Blanc, ont tenu des propos maladroits qui leur ont rapidement valu d'être accusés de racisme. Pour vous aider à tout comprendre sur ce dossier, Maxifoot fait le point.

Que s'est-il donc passé ce 8 novembre dernier ? Entre le compte-rendu de la réunion des cadres de la FFF publié par le site Mediapart et les réactions des différents protagonistes, et de leurs soutiens, difficile de s'y retrouver. Pour vous aider à mieux comprendre, Maxifoot a donc décidé de faire le point sur ce dossier, avec les éléments portés à notre connaissance à l'heure actuelle.

Dès sa prise de fonctions, Laurent Blanc veut, à l'instar de bon nombre de techniciens émerveillés par le FC Barcelone et la sélection espagnole, s'appuyer sur un jeu basé avant tout sur la technique, et non plus sur le physique. Or, selon lui, pour mener ce projet à bien sur le long terme, il faut revoir la politique des centres de formation français, auxquels on reproche souvent de faire davantage confiance à des jeunes costauds même moyens techniquement, plutôt que doués mais frêles. Même si les centres de formation s'en défendent…

Blanc cherche des solutions

Par la suite, Blanc s'aperçoit d'un autre problème : celui de la double nationalité. C'est-à-dire les joueurs formés en France, sélectionnés en équipes de France de jeunes, et qui choisissent par la suite de jouer pour une autre sélection. En février dernier, Maxifoot (pour lire l'article, cliquez ici) vous faisait déjà part du regret de Blanc de ne pas pouvoir convoquer le Lillois Moussa Sow, ce dernier ayant opté pour le Sénégal malgré son passage chez les Bleuets.

C'est lors de cette fameuse réunion du 8 novembre dernier que ce problème est mis sur le tapis. Comment faire pour que la France ne se retrouve plus confrontée à ce phénomène ? Faut-il réduire le nombre de ces joueurs au sein des centres de formation ? Le débat est lancé. Laurent Blanc, qui ne veut plus voir des jeunes porter le maillot frappé du coq jouer pour une autre sélection plus tard, défend ses arguments.

Un sujet sensible abordé

C'est là que le DTN, François Blaquart, lance l'idée de quotas, mais sans vouloir l'étaler sur la place publique, conscient de la polémique qu'elle susciterait. Celui qui est en charge des moins de 20 ans tricolores, Francis Smerecki, s'offusque alors. Pour lui, ce système serait forcément discriminatoire (pour lire le compte-rendu de cette réunion, cliquez ici).

Comme l'a rappelé fort justement Guy Roux, ce problème de la double nationalité, en France, de par son histoire, concerne avant tout des joueurs d'origine africaine. Forcément, Laurent Blanc et les autres techniciens de la FFF ont été amenés à parler des Noirs, les Blacks comme les nomme le champion du monde 98, et des Maghrébins. Un sujet très sensible aujourd'hui dans la société. Et ce qui vaut à ces cadres de la Fédération d'être accusés de racisme par certains.

Des propos qui peuvent prêter à polémique

Or, le noeud du problème est ailleurs. Blanc, par exemple, ne veut absolument pas limiter le nombre de Noirs dans les centres de formation, mais peut-être le nombre de joueurs disposant de la double nationalité. L'amalgame a été trop vite fait. Des joueurs blancs peuvent aussi disposer de la double nationalité. Maintenant, il est vrai que ses propos, sortis de leur contexte, peuvent prêter à confusion.

Le sélectionneur l'a d'ailleurs reconnu et s'en est excusé. Mais il refuse qu'on l'accuse d'avoir tenu des propos racistes. Blanc ne devrait pas être inquiété par la Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur cette affaire. En revanche, les propos tenus par Blaquart sont plus ambigus encore. Le DTN a d'ailleurs été suspendu à titre provisoire de ses fonctions.

Un vrai faux problème

Pour Guy Roux, il ne fait aucun doute que le dirigeant français sera réhabilité après enquête. Même si André Mérelle, ancien directeur de l'INF Clairefontaine, est venu jeter encore un peu plus le trouble sur ce personnage, l'accusant d'avoir été très limite dans ses propos bien avant la réunion en question (pour lire l'article, cliquez ici). Soulignons tout de même que cet André Mérelle avait été démis de ses fonctions par Blaquart lui-même, et que les deux hommes se détestaient cordialement…

Pour conclure, revenons sur ce problème de la double nationalité. D'accord, il arrive que la France, à l'image de Moussa Sow, forme des joueurs qui lui échappent ensuite. Mais la plupart du temps, ce n'est pas vraiment un problème puisque ces joueurs ne sont pas assez «bons» pour évoluer en équipe de France A. Viennent-ils prendre la place quelques années en arrière (c'est ici le vrai problème soulevé par les cadres de la FFF lors de leur réunion du 8 novembre), dans les centres de formation, d'autres joueurs, de «petits blancs» comme l'évoque Mérelle, mais aussi d'autres Noirs ou d'autres Beurs ? Peut-être. Mais rien ne dit que ces recalés auraient fini par devenir internationaux français…

Par Pierre-Damien Lacourte, le 01/05/2011 à 19h26
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