le 15/06/2005 à 21h34

Oruma, pour la gloire

Wilson Oruma est la première recrue de l'OM. Ce milieu défensif créatif reste sur trois excellentes saisons avec le FC Sochaux. Après un parcours chaotique, le Nigérian est désormais au sommet de sa carrière. En signant à Marseille, il n'a pas choisi la facilité, mais le meilleur endroit pour briller et essayer de rattraper le temps perdu.

Impressionnant à ses débuts

Originaire du Nigéria, c'est à Lens que le jeune Wilson Oruma débarque en France en 1993. A peine un an plus tard, il débute en D1, à l'âge de 17 ans. Dès ses premiers matchs, son talent suscite l'admiration. Beaucoup d'observateurs le comparent déjà à Abedi Pelé. Du célèbre joueur ghanéen, Oruma possède effectivement la technique, la vision du jeu, l'accélération et le dribble. En plus, il marque et Lens réalise un début de saison canon. Une star est peut-être en train de naître. Georges Tournay souligne à l'époque le parallèle avec Pelé : «Il en a le dribble et le coup de rein sur quatre ou cinq mètres, le sens inné du jeu aussi. Mais la différence est sensible dans l'appréhension du jeu. Abedi est plus individualiste, tandis que Wilson est beaucoup plus collectif et se régale dans l'animation du jeu.» Sa première saison sous le maillot Sang et Or est très prometteuse. En 1995, il joue la finale de la coupe Gambardella contre l'AS Cannes de Patrick Vieira (0-2). C'est, à ce jour, la dernière finale du RC Lens dans cette compétition. Un an plus tard, il remporte les Jeux Olympiques d'Atlanta avec le Nigéria. Lors de la mémorable finale contre l'Argentine (3-2), il tire le coup-franc décisif qui donne le sacre à son pays.

Lens, malheureusement, ne saura pas tirer profit de son prodige. Après les JO, il est prêté en D2 à Nancy. Quand Oruma revient un an plus tard, Lens s'est construit un superbe effectif et le nouvel entraîneur, Daniel Leclercq, ne lui donne guère sa chance. Lens est sacré champion, mais Oruma n'a disputé que sept matchs. Il est tout de même appelé en équipe nationale pour la Coupe du Monde en France. Il participe à un match du premier tour et inscrit un but, mais le Nigéria, dont on attendait beaucoup, est renvoyé chez lui dès les huitièmes de finale. A 21 ans, le jeune Nigérian voit que son avenir est bouché à Lens. Le talent et la réussite l'ont un peu grisé et il a trop vite relâché ses efforts. «J'étais sûr que tout viendrait vite» , reconnaît-il. Il se dirige alors vers la Turquie, le paradis pour bon nombre de ses compatriotes. Pour lui, les choses tournent mal. Il est alors tout près de raccrocher les crampons. Après une saison où il n'est pas payé régulièrement, il choisit de rentrer en France, pays qu'il aime. En 99-2000, il évolue à Nîmes, dans l'anonymat complet. Un joueur possédant un tel talent peut-il continuer à passer inaperçu ? Grâce à Jean-Luc Lamarche, qui l'avait découvert et fait venir à Lens, Oruma se dirige vers la Suisse. En 2000, avec Yoann Lachor, il part au Servette de Genève.

En passant par la Suisse

Au Servette, Oruma retrouve le jeu, le professionnalisme, la régularité, à un niveau intéressant. Il marque des buts (12 en 52 matchs) et ses deux bonnes saisons ne passent pas inaperçues. En voisin, le directeur sportif sochalien Bernard Genghini remarque le Nigérian. Oruma étant en fin de contrat avec le Servette, Sochaux flaire la bonne affaire et l'ancien Lensois retrouve la France en 2002. A Sochaux, on retrouve le «vrai» Wilson Oruma, dans la continuité de son passage en Suisse. Repositionné en milieu défensif axial, comme son compatriote Jay-Jay Okocha un peu plus tôt au PSG, Oruma démontre qu'il est toujours aussi talentueux. Il s'impose dès la première année puis confirme son ascension la suivante. Son entraîneur, Guy Lacombe, sait qu'il peut compter sur un joueur de talent mais assez irrégulier. «Le problème, explique Lacombe c'est que, comme tous les joueurs de talent, il s'est éparpillé et n'a pas fait les efforts nécessaires. Alors, je ne lui ai pas fait de cadeau. Je l'ai mis en concurrence pour le piquer au vif car c'est un orgueilleux. Il a bossé comme un fou pour s'imposer et se fondre dans le collectif.»

Oruma réalise une saison 2003-04 de haut niveau. Avec sa vision du jeu, sa qualité de passe et ses accélérations, il fait étalage de tout son registre. En coupe UEFA et en championnat il est éblouissant. Il contribue tout particulièrement à la victoire de Sochaux en coupe de la Ligue. En demi-finale à Saint-Etienne, il qualifie son équipe, au terme d'un match exceptionnel au cours duquel il inscrit deux buts. Oruma tape alors dans l'oeil de plusieurs clubs, dont l'OM. On en parle du côté du stade Vélodrome pour reconstituer son duo avec Pédretti qui vient de signer. Les dirigeants sochaliens réussissent cependant à conserver leur joueur. «Cela aurait pu se faire alors mais il me restait encore une année de contrat avec Sochaux» , rappelle Oruma. Peut-être morose par ce transfert manqué, mais surtout poursuivi par les blessures, Oruma réalise une saison 2004-05 un peu en deçà de la précédente. Ces accélérations décisives sont cependant encore là et dès la fin du championnat, de nombreux clubs veulent faire la bonne affaire. En trois saisons, et plus de cent matchs toutes compétitions confondues, Sochaux a remis Oruma sur la bonne voie. Le club de ses débuts, Lens, le suit de près, tout comme Monaco et Nice. Mais finalement c'est Marseille qui l'emporte. «Ca m'aurait fait plaisir de retourner à Lens, raconte le Nigérian, mais à ce moment-là mon coeur était déjà passé à Marseille. Si je n'avais pas signé à l'OM, c'est à Lens, où j'ai gardé de très bons souvenirs, que je serais allé. De toute façon, je voulais rester en France.»

Le pari de l'OM

En engageant un joueur assez irrégulier l'OM a fait un pari. Oruma en préférant l'OM à Lens a pris également de gros risques. L'OM est tout simplement le club qui fait rêver la plupart des footballeurs de l'hexagone. «J'aime bien cette ville, son public, déclare Oruma sur le site officiel de l'OM. Il y a tout ce qu'un footballeur désire.» Inutile de rappeler la liste des joueurs qui n'ont pas réussi à briller à Marseille. Cela ne lui fait pas peur. «Je me suis engagé ici mais je sais que ce n'est jamais facile, dit-il. J'ai hâte de jouer, Marseille c'est le rêve de tous les joueurs. Je vais avancer pour relever ce nouveau challenge et avec une bonne santé je pourrai faire quelque chose de bien. On va commencer à travailler en temps voulu mais pour l'instant, ce n'est que du bonheur pour moi.» Oruma sait qu'il est attendu et qu'il a une belle opportunité en jouant dans un club comme Marseille : «Je veux enfin montrer ce que je suis capable de faire dans une grande équipe car je sais que ma carrière aurait pu être bien meilleure. En tout cas, à 28 ans, j'arrive à un tournant de ma carrière. Je n'ai plus le droit de me planter. Je suis conscient d'avoir perdu déjà beaucoup de temps.»

A Marseille, l'ancien sochalien n'arrive pas complètement dans l'inconnu. Bien sûr, il pourrait retrouver Benoît Pédretti avec qui l'entente était parfaite, mais aussi l'ancien entraîneur de Sochaux, Jean Fernandez, qu'il a connu quelques semaines avant l'arrivée de Lacombe : «Jean Fernandez, est quelqu'un que je connais, ça me facilitera la tâche de travailler avec lui. Il y a aussi Taiwo qui est un jeune nigérian qui progresse beaucoup. Cela me fera énormément plaisir de le retrouver, on pourra parler anglais tous les deux. Je souhaite également que Pédretti reste à l'OM. Je serai très heureux de travailler à nouveau avec lui. On formait un bon duo à Sochaux.» En cas de départ de l'international français (très probable), l'OM aurait finalement raté l'occasion d'intégrer plus facilement deux joueurs aussi brillants. Quoiqu'il arrive, Oruma présente également l'avantage pour Marseille d'être assez polyvalent au milieu de terrain. Si son poste le plus intéressant semble être celui de milieu axial à la Jay-Jay Okocha, il peut également occuper le couloir. Désormais arrivé à maturité et expérimenté, Oruma a toutes les cartes en main pour s'imposer. Son challenge est double : prouver qu'il peut s'imposer dans un grand club et par la même occasion retrouver la sélection nationale pour la Coupe du Monde 2006.

L'arrivée de Wilson Oruma à Marseille peut en surprendre plus d'un, mais en ayant fait signer un joueur d'expérience, habitué aux changements de club, l'OM a finalement fait un choix raisonnable. D'autant plus que son duo avec Pédretti avait donné à Sochaux l'un des meilleurs milieu de terrain de L1, il y a un peu plus d'un an. Reste à savoir désormais si Oruma ne sera tout simplement pas le successeur de Pédretti et s'il pourra exprimer son talent dans les meilleures conditions.

Nom : Oruma
Prénom : Wilson
Né le 30 décembre 1976 à Warri (Nigéria)
Taille : 1,74 m
Poids : 70 kg
Clubs : Lens, Nancy, Lens, Samsunspor (Turquie), Nîmes, Servette Genève (Suisse), Sochaux, Marseille (depuis juin 2005).

Par Julien Gorenflot, le 15/06/2005 à 21h34
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