«Deschamps a cédé sous la pression d'une partie raciste de la France». Une phrase lourde de sens signée Karim Benzema (28 ans), lors d'un entretien accordé au quotidien espagnol Marca, pour justifier son absence de la liste des 23 Bleus retenus par Didier Deschamps pour défendre les couleurs de l'équipe de France lors de l'Euro 2016.
Il n'en fallait pas plus pour faire réagir les dirigeants politiques, toujours aux aguets pour reprendre de volée les déclarations «polémiques» des sportifs.
A droite, Benzema s'en prend plein la figure
Ancien Premier ministre, François Fillon a bondi sur l'occasion pour charger l'avant-centre du Real Madrid après cette sortie. «Je trouve ça insupportable. D'abord parce que le sélectionneur est souverain dans ses choix. Ensuite parce que le fait de ramener en permanence les problèmes du pays à des questions de race, de religion, d'ethnies et de communautés n'est pas un signe de bonne santé», a estimé le député de Paris sur les ondes de la radio RTL.
Même son de cloche pour la membre du parti Les Républicains, Nathalie Kosciusko-Morizet. «C'est inacceptable, parce que la question de la discrimination, la question du racisme sont des sujets sérieux qui n'ont pas à être instrumentalisés dans un conflit personnel. Et puis c'est pire que ça, parce que c'est l'image de la France, c'est l'image de l'équipe de France qui sont en cause. L'équipe de France, il n'y a qu'à la regarder, le sélectionneur, la Fédération, ne sont pas susceptibles d'être accusés de racisme», a appuyé la députée de l'Essonne à France Info.
A gauche, on prend des gants...
De son côté, le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, a tenu à calmer le jeu. «Ne rentrons pas dans une dramaturgie. Je pense que Benzema, chacun le comprend bien, parle aux Espagnols pour expliquer ne pas avoir été retenu dans les conditions que l'on sait», a relayé l'homme politique sur Radio Classique et LCI. «C'est un peu une utilisation. Je trouve ça dommage. C'est quand même incroyable. On peut ne pas être d'accord avec M. Deschamps. Mais est-on obligé... Carton jaune, quoi», a-t-il ajouté.
Le député PS Benoît Hamon a, lui, validé une partie du discours du Merengue. «Benzema a raison de dire que nous sommes dans un pays ou le racisme augmente. Donc un, Deschamps n'est pas raciste, je ne pense pas que Le Graët le soit non plus, je suis même certain du contraire, je le connais bien, mais il y a un sale climat dans ce pays sur ces questions-là. Il dit qu'il y a un climat qui amène beaucoup de Français hélas à se choisir un bouc émissaire. Les boucs émissaires ont toujours, toujours la même tête», a-t-il commenté sur Europe 1.
Benzema peut compter sur son avocat
Une pensée proche de celle de l'avocat de Benzema, Maître Eric Dupont-Moretti, qui a tenté d'éteindre l'incendie après les propos de son client. «Il ne dit pas 'Deschamps est raciste'. Il ne dit pas 'Noël le Graët est raciste'. Il dit, 'je pense que je paie aussi ça'. Guy Roux a dit que s'il s'appelait Durand, il serait en équipe de France. C'est peut-être excessif. Je dis, s'il n'est pas mis en examen il est en équipe de France», a clarifié l'homme de loi au micro de RMC.
«Ce qui est vrai, et il n'est pas le seul à le dire, c'est qu'il y a un rejet affiché de la banlieue. Pas de la part de Deschamps, c'est une évidence. Mais de la part de l'opinion publique dans sa versatilité (...) On reproche à ce gamin de ne pas s'exprimer dans un français académique. On lui reproche ses relations avec ses anciens amis. Des gens qui sont issus du même monde que lui qui est un monde aujourd'hui distancié du monde des bien-pensants», a-t-il ajouté. Une chose est sûre : le buteur tricolore n'a pas fini de faire parler après cette sortie qui déchaîne déjà les passions...
Que pensez-vous des déclarations de ces personnalités politiques ? N'hésitez pas à réagir et à débattre dans l'espace «Ajouter un commentaire» ...