C'est devenu une image banale. Lors des arrêts de jeu d'un match, souvent, une des deux équipes qui s'affrontent mène d'un petit but. C'est alors que survient un coup franc bien placé pour le club qui court après le score. Le gardien de but se rue alors avec ses coéquipiers dans la surface adverse. La dernière fois qu'un gardien a marqué dans ces conditions en Ligue 1, c'était en il y a dix ans (Grégory Wimbée, alors Nancéen, contre Lens). Ce week end, à Nantes, Saint-Etienne était mené dans les dernières minutes. Jérémie Janot est monté. Il n'a pas marqué. Mais il a donné une passe décisive à Vincent Hognon, d'une sorte de talonnade diaboliquement efficace. Le petit portier stéphanois n'en revenait toujours pas après la rencontre. «Je suis fou de joie. Cela n'arrive pas tous les matches. Je voulais à tout prix faire un truc pour rapporter un point. Ce soir, je pensais être décisif en réussissant des arrêts mais ce fut par une passe décisive. C'est bénéfique pour l'équipe, tant mieux.»
Cette phase de jeu peu banale, Jérémie Janot n'en aurait peut-être pas été l'auteur il y a quelques années. Mais le gardien de poche (1m76) est aujourd'hui dans un état de forme exceptionnel. A 29 ans, il s'est enfin affirmé comme l'un des meilleurs spécialistes français à son poste, ce qui n'est pas peu dire. Un juste retour des choses, après avoir passé de nombreuses années à jouer les doublures. Titulaire devenu enfin indiscutable, au sein de son club de toujours, le Stéphanois surfe actuellement sur une période d'euphorie, comme le confirmait son capitaine Julien Sablé, après le match de Nantes : «Heureusement, nous pouvons compter sur un joueur en état de grâce. Jérémie Janot a réussi un geste d'anthologie» , appréciait le milieu de terrain sur le site des Verts.
Le meilleur Vert du début de saison
En ce début de saison, Janot l'excentrique a réussi un exploit. On parle plus aujourd'hui de ses qualités de footballeur que de ses déguisements, de son côté marginal et de ses lubies. Jouer affublé d'une panoplie de Spiderman, arborer un tatouage pas vraiment sobre sur son crâne rasé, passer une nuit d'été à la belle étoile dans son but…Tout cela, il l'a fait. Les médias en raffolent, ça fait rire tout le monde, mais Janot le sait, ce n'est pas ce qui fait de lui un bon gardien. D'ailleurs, aujourd'hui, les déguisements, c'est fini. «Ça me faisait rire, ça faisait rire mes enfants, c'était le principal. Mais ça ne mettait pas de pression particulière. Même avec un maillot sobre, je n'ai pas le droit à l'erreur» , indiquait-t-il la saison dernière sur Eurosport. Et les supporters savent eux aussi faire la différence. Janot a ainsi été élu meilleur joueur de son club la saison dernière par les abonnés. Cette saison, sur 13 journées, il a déjà été désigné sept fois «meilleur Stéphanois du match» sur le site de l'ASSE ! Parmi tant d'autres bonnes prestations, son match d'anthologie face au PSG est resté dans les mémoires du côté de Geoffroy Guichard
Et la reconnaissance devient nationale : Janot a reçu le trophée de meilleur de joueur du mois de septembre. Preuve de l'aura dont jouit actuellement le petit portier. Qui ne veut pas s'arrêter là . Son rêve, c'est désormais de troquer son vert pour du bleu. Le bleu du maillot de l'Equipe de France. Un bonheur que Jérémie Janot n'a toujours pas connu. Mais même si la trentaine est proche, pour lui, rien n'est perdu. «Je ne vais pas me cacher. C'est pour moi maintenant un objectif» , déclarait-il récemment dans le Figaro. Domenech le convoquera-t-il ? En tout cas, Jérémie Janot a tout tenté jusqu'ici pour se faire remarquer. Difficile d'imaginer que le sélectionneur soit passé à côté d'une telle tornade.