le 28/11/2006 à 18h45

Cannavaro, un défenseur en or

Il a devancé Gianluigi Buffon et Thierry Henry. Fabio Cannavaro, champion du monde cet été avec l'Italie, vient d'être récompensé du Ballon d'or 2006. Il est le troisième défenseur de l'histoire à recevoir la récompense. Le point d'orgue d'une année exceptionnelle

Certains disent que c'est une surprise, lui le premier. Mais comme Zidane en 1998 et Ronaldo en 2002, Fabio Cannavaro doit vraiment son Ballon d'or à une seule compétition. Vainqueur du Mondial 2006 avec l'Italie, meilleur défenseur de la compétition (les Transalpins n'ont encaissé que deux petits buts en sept matches), l'ancien Turinois a fait étalage de son intransigeance face aux plus talentueux joueurs offensifs. Infranchissable, il a été, avec Buffon et Pirlo, le principal artisan de l'acquisition de cette quatrième étoile. Lui, le défenseur, a réussi l'exploit de retenir davantage l'attention par ses performances qu'un Henry, un Ronaldinho ou un Zidane, pourtant spécialisés dans le geste esthétique, de classe. Cannavaro réussit ainsi l'exploit de devenir le troisième défenseur sacré Ballon d'or, après deux Allemands, Beckenbauer et Sammer. Une distinction dont le Madrilène ne revient toujours pas. «Et dire que je croyais que c'était mon pote Gigi Buffon qui l'avait remporté» , s'exclamait-il dans France Football

Les journalistes membres du jury ont ainsi fermé les yeux sur les cinq mois qui ont suivi la Coupe du Monde. Durant une année sans évènement majeur, cette période aurait sans doute été fatale à l'Italien, qui a connu un sérieux coup de barre lors des trois derniers mois. «Contraint» de quitter la Juventus de Turin, reléguée en Série B italienne, Fabio a atterri au Real Madrid avec une mission : redorer le blason du club de la capitale espagnole. Mais le formidable défenseur de la campagne allemande est devenu presque quelconque au sein des «Merengue» . Tout le monde se souvient encore du calvaire qu'il a récemment vécu face au Norvégien de Lyon, John Carew, à Madrid (2-2). Ou encore de la leçon prise par lui et ses compatriotes face aux Bleus au Stade de France (1-3). Des désillusions qui font tâche, mais qui n'ont pas effacé, loin de là, ce qu'il a accompli durant le mois de juillet. De son propre aveu, «j'étais alors au meilleur niveau de ma carrière. J'étais impressionné par la propreté de mes interventions» .

Beaucoup de claques avant le sacre

Une apothéose survenue après une carrière bien remplie. A 33 ans, Fabio Cannavaro a connu beaucoup de succès, mais aussi traversé de nombreuses épreuves. Lancé dans le grand bain par le Naples de Diego Maradona en 1991- auquel le jeune et culotté Fabio ne réservait aucun traitement de faveur à l'entraînement, le gratifiant de quelques tacles bien sentis - il s'y impose, puis quitte le club pour rejoindre Parme. Tombé dans une conjoncture sportive favorable, il y gagne ses premiers titres (Doublé Coupe de l'UEFA - Coupe d'Italie en 1999, une autre Coupe nationale) et se fait définitivement un nom, gagnant ses galons de titulaire en équipe nationale. Titulaire lors de la Coupe du Monde 1998 et de l'Euro 2000, il échoue par deux fois avec les siens face à la France. Un traumatisme qui l'habitait encore peu de temps avant le 9 juillet dernier. Il l'avouera plus tard. «Pour être sincère, j'aurais préféré éviter la France en finale» . Deux nouveaux échecs, lors du Mondial 2002 et de l'Euro 2004, viendront ternir un peu plus son histoire avec la sélection nationale. Entre temps parti de Parme pour l'Inter Milan en 2002, Cannavaro y vit deux saisons frustrantes. Placé, mais jamais gagnant.

Le vent tourne en 2004, lorsqu'il rejoint la Juventus de Turin. Il y retrouve Lilian Thuram, son ancien partenaire en défense centrale à Parme. Tous deux forment la charnière sans doute la plus solide d'Europe. Avec ce duo de choc, la Juve règne sans partage en Italie. Deux Scudetti conquis, la belle vie. Et puis, c'est la désillusion. Le scandale Moggi, les matches truqués. La Juventus est reléguée en Série B, et est dépossédée de ses deux derniers titres de champions, les seuls du palmarès de Cannavaro. Lui reste de marbre. «Je les considère toujours comme les miens» , dit-il avec fermeté.

L'Italien n'a jamais eu peur d'affronter les critiques. Notamment celles qui l'avaient couché après la découverte d'une vidéo le montrant perfusé avant la finale de la Coupe de l'UEFA Marseille-Parme (0-3), en 1999. Pour lui, c'était juste «une sorte de jeu, de blague de potache. La grosse bêtise est que je me sois filmé. On a souvent recours à des piqûres de vitamines, de sucre» . La polémique a fait long feu. Aujourd'hui, les journalistes parlent davantage de son talent, de sa disponibilité et de sa conception quelque peu originale du métier. Notamment au niveau de la sexualité du footballeur. «Pour un athlète, le comportement en dehors du terrain est aussi important que celui sur le terrain, prévient-il. Bien manger, dormir et faire l'amour : tout cela est important.» Vu les résultats obtenus cette saison, on peut en conclure que, finalement, la méthode Cannavaro a du bon.

Par Patrick Audouard, le 28/11/2006 à 18h45
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