«L'Afrique est championne du monde» ! Que vous habitiez en France ou à l'étranger, vous avez certainement entendu ou lu cette déclaration quelque part après la victoire de l'équipe de France lors de la Coupe du monde 2018.
De la bouche d'hommes politiques, de présentateurs des émissions américaines ou encore de connaissances, cette phrase ne passe logiquement pas du côté de l'ancien international tricolore Lilian Thuram.
L. Thuram - «on ne parle pas des origines de Lloris, Griezmann ou Pavard»
«Jusqu'à preuve du contraire, chacun de nous a des origines, alors pourquoi ne pas aborder le sujet ? Parce que ce sont toujours les mêmes qu'on renvoie à leurs origines. Parce qu'on ne parle pas de celles de Lloris, Griezmann ou Pavard. Parce qu'en fait, c'est de couleur de peau dont il s'agit. Le message est simple : on ne peut pas être noir et Européen parce que les noirs sont Africains», a-t-il constaté lors d'une interview accordée à Libération.
Mais Thuram n'oublie pas pour autant le positif. Et pour lui, le sacre mondial fait aussi figure d'arme contre le racisme. «Cette victoire est un cadeau extraordinaire fait à tous ces enfants qui ont du mal à se considérer comme français, a-t-il poursuivi. Avec elle, ils pourraient franchir le pas. Mais on ne devrait pas attendre une Coupe du monde pour leur donner le sentiment d'être légitimes, ce devrait être un discours porté par nos politiques et notre société.»
L'affaire des quotas, Thuram n'a pas oublié
Pour aborder les problèmes actuels, l'ancien Turinois n'hésite pas non plus à déterrer les vieux démons du passé, comme cette sombre histoire de quotas pour les joueurs binationaux, un temps envisagés par la Fédération Française de Football. L'affaire, qui date de 2011, avait fait beaucoup de bruit suite à sa révélation dans la presse, notamment en raison de l'implication de l'ancien sélectionneur tricolore Laurent Blanc. Et ça, Thuram ne l'a pas oublié.
«Après la victoire des Bleus, il n'y aura peut-être plus de questionnements sur la légitimité d'être noir et français, a-t-il souhaité. À condition de rappeler les débats qui ont agité la FFF. Il faut le dire aux gens. Vous qui êtes heureux du succès de l'équipe de France, souvenez-vous qu'en 2011, des personnes ont voulu mettre en place des quotas pour les binationaux. Avec ces quotas, nous n'aurions pas cette équipe-là.» Avec ces quotas, les Bleus ne seraient sûrement pas champions du monde !
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