le 10/12/2003 à 23h07

Itandje, le football à cent à l'heure

Alors qu'il était simplement censé remplacer Guillaume Warmuz, Charles Itandje s'est finalement rendu indispensable au RC Lens et continue de vivre son rêve. Toujours plus loin, toujours plus vite, il progresse et s'est même fait une place chez les Espoirs. Portrait.

Un début de carrière en accéléré

La carrière de footballeur (tout du moins le début) de Charles Itandje a une particularité: elle aurait pu finir aussi rapidement qu'elle a commencé. En effet, ce n'est pas une carrière comme les autres : elle est bien plus rapide et pleine de rebondissements.

Avant de démarrer vraiment elle a pourtant tourné au ralenti. A Bobigny (Seine-Saint-Denis) où elle commence vers six ans, Charles Itandje (de son vrai nom Charles-Hubert) débute le football aux bas des immeubles de sa cité. Souvent gardien, il s'amuse aussi à jouer à tous les postes. «En défense je voulais faire des têtes comme Carlos Mozer» se souvient-il hilare. Après Bobigny, il déménage au Bourget. «C'est là que je me suis fixé gardien de but, explique-t-il. J'en avais marre de courir et c'était ce qui correspondait le plus à ma personnalité.» Plus tard c'est aux Lilas qu'il exerce ses talents et sa détente. C'est aussi là qu'il a failli mettre fin à la pratique du foot. Après un match il est pris à parti par le père d'un coéquipier «qui se la racontait trop» . S'il ne se passe rien, le jeune est choqué et hésite à repartir dans le sport. Un copain le pousse vers la boxe thaï mais il n'apprécie pas forcément: «Sur cassette, ça me plaisait de voir des mecs se faire mettre à l’amende, mais j’en ai vite eu marre de me faire taper dessus par des mecs plus balèzes que moi.»

Suivi par Liverpool, Fulham... et Lens

Finalement il se replonge dans le football où il est repéré par le Red Star. Fidèle du bus 134, il file à St Ouen plusieurs fois par semaine et met son agilité à profit. Des Nationaux 17 ans, il passe rapidement au National où il joue 9 rencontres. Il attire alors l'oeil des recruteurs. Il se rapelle : «Lens me suivait mais aussi Liverpool et Fulham. Ça m’a fait bizarre. Un jour, j’avais pris cinq buts et ils me voulaient quand même. Moi, je pensais que seule ma mère me connaissait.» Finalement, c'est aux appels du pied de Jean-Luc Lamarche, recruteur du RCL, qu'il répond. D'après lui, «sportivement ce que me proposait le Racing était plus concret et intéressant. A l'étranger, je n'aurais pas su où je mettais les pieds.» A la Gaillette, Itandje apprend en regardant Warmuz et est en concurrence avec Chabbert et l'Américain Cannon pour séjourner sur le banc.

La relève de Warmuz

Son vrai décollage a lieu à partir du 28 novembre 2002. Ce jour-là, Lens joue en coupe de l'UEFA contre le FC Porto à Bollaert. A la fin du match, le score est sans appel : les Portugais ont fait trembler les filets de Warmuz trois fois contre aucune pour les Sang-et-Or. Alors qu'en championnat Lens est loin de briller, Warmuz, coupable de deux bévues, décide de prendre du recul et abandonne le terrain au moins jusqu'en décembre. D'après lui, «mon état d'esprit est toujours gagnant mais mes gants le sont moins.» Quittant Lens, se relançant sans succès à Arsenal puis à Dortmund, Warmuz laisse les buts lensois à la disposition de ses doublures. Refusant de recruter, Joël Muller fait son choix parmis ses gardiens et désigne Itandje pour garder les buts. Déjà sélectionné chez les Espoirs (français, qu'il préfère à la sélection du Cameroun qui lui tend pourtant les bras), il effectue alors le grand saut le 1er décembre contre Guingamp (1-3). Un saut plutôt raté puisqu'il encaisse trois fois.

Progression, confirmation, ambition

La suite sera d'un autre tonneau puisque le grand gardien (1m93) se rend indiscutable dans son club et confirme son staut de doublure en Espoirs. Après quelques temps il se rappelle de ses débuts : «j'ai été surpris de jouer rapidement, mais je n'ai pas eu de questions à me poser par la suite. Les matches se sont enchaînés tout seul et mes coéquipiers m'ont toujours fait confiance.» Aujourd'hui, il est même devenu un des leaders de la formation lensoise, mais entend encore progresser et confirmer : «Je pense que je peux faire mieux qu'actuellement. Dans tous les domaines. Je n'ai pas fait de mauvais matches, mais je trouve que j'ai tout de même été un peu irrégulier.» Le temps des ambitions est même arrivé. Un départ à l'étranger dans quelques temps n'est plus à exclure et l'idée d'aller frapper à la porte de l'équipe de France le fait rêver. «Je ne nourris aucun complexe par rapport à la sélection, affirme-t-il. On ne peut pas venir chez les Espoirs sans penser à ce qu'il y a au-dessus.»

Après des débuts difficiles dans la banlieue parisienne, Charles Itandje a connu une grande progression au Red Star avant d'être recruté par le Racing Club de Lens. Aujourd'hui il s'est imposé au profit du départ inattendu de Warmuz et se présente déjà comme un des plus talentueux gardien de Ligue 1.


Nom : Itandje
Prénom : Charles-Emmanuel
Âge : 21 ans
Date de naissance : 2 novembre 1982, à Bobigny
Nationalité : Franco-camerounaise
Taille : 1m93
Poids : 83kg
Poste : gardien de but

Club actuel : RC Lens (2001-?)
Clubs précédents : Red Star, National (2000-2001).
Sélections : Espoir français.
Palmarès : néant.

Par Olivier Cothenet, le 10/12/2003 à 23h07
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