Une surprise pas si surprenante
Sochaux s'est comporté comme un grand, lors de son déplacement dans l'Aube. Ayant rapidement ouvert le score (33ème minute) par le milieu défensif Romain Pitau, les Lionceaux, pas dans un grand jour, ont contrôlé la partie. Le triptyque offensif Isabey-Ziani-Leroy a fait prévaloir son aisance technique, assurant un premier succès à l'extérieur depuis le 25 novembre (3-1 à Lorient). Et quand les attaquants Alvaro Santos et Sébastien Grax se mettent au diapason, cela donne un football chatoyant, comme contre Toulouse (4-2, après avoir mené 4-0). Une rencontre marquée par l'aisance de Mickaël Isabey, auteur d'un mois de mars ahurissant et d'une reprise de volée sublime face au TFC.
Avant cette réception régénératrice, Sochaux s'enorgueillissait du titre peu honorifique de plus mauvaise formation des matchs retours. 3ème à la trêve hivernale, les Sochaliens sont sortis de leur torpeur pour enchaîner deux succès de rang. Pourtant, l'équipe ne paye pas de mine : peu de noms ronflants, mais des solides joueurs de L1. Le capitaine Jérémy Bréchet (27 ans), passé par Lyon, l'Inter Milan et la Real Sociedad, dirige la défense de main de maître, admirablement supplée par son gardien Teddy Richert. Celui-ci est tout proche du niveau international, et sait se montrer solide quand Sochaux patine un peu, comme lors des 10 premières minutes face à Toulouse. Richert insiste d'ailleurs sur la nécessité de conserver une défense performante pour réussir : «il y a de très bons joueurs, il y a une bonne dynamique de jeu, de conservation mais lorsqu'il n'y a pas l'efficacité derrière, ce n'est jamais positif» . Sochaux est en réalité bien équilibré, et peut compter sur un effectif de 25/27 joueurs acceptant la concurrence, notamment en attaque.
Aux portes de la C1
Les Doubistes viennent de reprendre cinq points à Lens en deux rencontres. Sur sa forme actuelle, il n'est pas incongru d'envisager Sochaux en dauphin de Lyon. La Ligue des Champions n'est pas un miroir aux alouettes, ce que confirme Alain Perrin, l'entraîneur : «jusque-là , notre parcours nous autorise tous les espoirs. Nous sommes dans une position de challenger, que je préfère. Cela nous incitera à aller chercher ces places d'honneur. C'est une pression positive. C'est normalement le lot d'une saison réussie.» De plus, le calendrier est plutôt favorable : cinq réceptions à Bonal en huit matchs, principalement des équipes de milieu et bas de tableau telles que Lorient, Valenciennes et Nice. Le virage le plus délicat à négocier se situe en avril, avec deux déplacements à Lille (le 14) et Marseille (le 28), deux formations dans une mauvaise passe. Un agenda porteur d'espoirs.
L'équipe, vierge en Ligue des Champions, est à un tournant : en participant à la compétition phare, en défiant Barcelone ou Chelsea, le club pourrait attirer des joueurs de renoms. Et surtout retenir les perles convoitées, dont la plus brillante se prénomme Karim Ziani. A 24 ans, l'ancien milieu offensif de Lorient a déjà inscrit 8 buts cette saison. Sa polyvalence séduit. En devenant européen, Sochaux grandira plus vite que prévu. Contre nature pour un club axé sur la formation, mais l'opportunité ne se présentera pas tous les ans. En tout cas, Alain Perrin ne veut pas laisser passer la chance : «en terme de classement, je suis surpris car il est plutôt flatteur pour Sochaux. Ce sont surtout les grosses équipes qui ont failli cette saison. Ce qui nous permet de rêver.»