le 10/05/2007 à 15h03

J. Faubert - "Le Milan s'intéresse à moi"

Utilisé tour à tour comme défenseur et comme milieu offensif, il est l'accélérateur du jeu des Girondins de Bordeaux sur le flanc droit. Champions League, équipe de France, transferts, politique, cités, etc : Julien Faubert aborde tous ces sujets avec une grande franchise pour Maxifoot dans une interview à ne pas manquer !

Avant toute chose Julien, comment va ta santé, depuis ta sortie sur blessure hier soir face à Nantes ?

Mal ! Je ressens toujours une forte douleur au mollet, je vais me faire examiner, mais il y a de grandes chances que ma saison de Ligue 1 soit terminée.

La saison des Girondins de Bordeaux est-elle d'ores et déjà réussie ?

Il va falloir attendre un peu pour le dire. On va voir où on va terminer en championnat. Mais la victoire en Coupe de la Ligue ne nous suffit pas. Pour que la saison soit réussie, la qualification en Champions League est impérative !

Le parcours des Girondins en Ligue des Champions cet automne a laissé une impression pour le moins mitigée. As-tu des regrets ?

Oui, il y en a forcément… Mais on a également acquis de l'expérience. C'est important pour un footballeur de disputer ces compétitions là, on y apprend beaucoup. Et pour le club, c'est important d'y être présent régulièrement. Cette continuité apporte beaucoup, sur tous les plans.

Julien, certaines rumeurs de transfert t'annoncent au Milan AC. Où en es-tu ?

Pour l'instant, c'est le statu-quo. On attend la fin de saison, en fonction de l'évolution des contacts et des dispositions de mon club à mon égard. C'est vrai que le Milan AC s'intéresse à moi. Ca ne me laisse pas indifférent, c'est le genre de club qui fait rêver tous les joueurs. On verra comment les choses évoluent… Mais une qualification en Ligue des Champions serait un gros plus pour mon avenir à Bordeaux.

Tu as découvert cette saison l'équipe de France : après une première sélection de rêve, avec une entrée en jeu et un premier but en Bleu, plus rien. Cette première cape est-elle survenue trop tôt ?

Non ! C'a été quelque chose de très bénéfique. J'ai vécu des moments extraordinaires. Et ca m'a aidé à me remettre en question lorsque je n'étais pas sélectionné. Quand on devient international "A" , on change de statut. Les adversaires en tiennent compte et ne te font aucun cadeau. Je n'ai pas arrêté de travailler, de penser à progresser. Pour être digne de mon étiquette d'international, je dois encore gagner en maturité et en constance.

Tu as eu un petit creux en milieu de saisonÂ…

Oui, j'ai été blessé, je jouais moins bien, et mes détracteurs ont commencé à dire que j'avais pris la grosse tête après mes débuts en équipe de France. Franck Ribéry et Thierry Henry ont eux aussi eu un coup de moins bien. Et on n'a pas dit partout qu'ils avaient la grosse tête ! Pour moi comme pour eux, le souci était davantage physique que moral, même si moi je n'ai pas joué la Coupe du monde...

Nombreux sont ceux qui trouvent que tu ressembles à Vin Diesel. Qu'en penses-tu ?

(Il rigole) Ma femme me dit qu'il n'y a aucune ressemblance. Mais c'est vrai que beaucoup de gens m'ont comparé à lui. Bon, j'ai quelques airs "vite fait" , sur certaines photos. Ca doit venir du crâne rasé et des tatouages…

Justement, ces tatouages, y attaches-tu beaucoup d'importance ?

Oui, tous ont une signification bien précise. C'est une sorte de dédicace à mes proches : l'un est dédié à ma mère, un autre à mon fils, un troisième à ma femme. Je suis très très "famille" , et je porte ainsi cette affection à fleur de peau…

La France a un nouveau président. Pour toi, qui gagne très bien ta vie, la fiscalité a-t-elle été un critère de choix au moment du vote ?

Pas du tout ! Je ne suis pas du tout satisfait du résultat de ces élections. Je viens d'une cité et quand un homme politique attaque des gens de ces quartiers, je me sens forcément concerné, même si je n'y habite plus. Je n'ai pas oublié d'où je venais, même si j'ai une situation enviable.

Penses-tu que sous Sarkozy, la vie deviendra plus dure pour les habitants des cités ?

Plus dure, je ne sais pas… Mais ce sera certainement plus tendu avec la police et la justice. Cela ne va pas calmer les tensions. Ca a déjà pété chez moi après l'annonce des résultats, c'est pas bon signe pour la suite. Il faut reconnaître aussi que certains n'ont pas choisi le bon comportement pour revendiquer, mais sur le fond je les comprends… Ma mère habite encore en région parisienne, je sais bien ce qui se passe sur le terrain. Je suis né et j'ai longtemps vécu au Havre. Mamadou Niang habitait dans le même quartier que moi. Mon meilleur ami d'enfance s'est installé à Bordeaux. Je n'oublie pas mes racines.

As-tu gardé les mêmes liens avec tes coéquipiers de Cannes, ton club formateur ?

Pas vraiment. Je n'avais pas d'affinités avec ceux qui sont restés au club. Mes seuls potes, avec qui je sois resté en contact, ce sont ceux qui sont partis en même temps que moi : David Bellion, qui a le même agent que moi, Papis M'Bodji, Jérôme Le Moigne et Morgan Amalfitano, qui jouent à Sedan… Mais avec les autres, j'ai coupé les ponts. Après mon départ à Bordeaux, j'ai entendu beaucoup de "on dit" qui ne m'ont pas trop plu…

Trouves-tu qu'il y a beaucoup d'hypocrisie dans le football ?

Oh oui ! Dans le club où je suis, ça va, je suis plutôt bien tombé… Mais globalement, il y en a partout, du plus haut au plus bas de la hiérarchie !

Te souviens-tu d'une situation où tu as été confronté à cette hypocrisie ?

Au moment où je suis parti de Cannes, j'avais un agent qui ne pensait qu'à sa commission, il était pressé de se faire de l'argent sur mon dos. Il voulait vite me faire signer dans un club de D4 anglaise avec lequel il avait dû s'arranger, et il me cachait les touches que j'avais avec Bordeaux ou Lille…

Certains joueurs font parfois preuve de franchise : à Bordeaux, Jean-Claude Darcheville, voici quelques semaines, avait ouvertement critiqué les options tactiques de Ricardo. Te verrais-tu un jour faire pareil ?

Je ne sais pas. Je trouve que ce genre de déclarations met le joueur en porte-à-faux. Je pense d'abord à me remettre en question… Ceci dit, je ne suis pas du tout du style à "sucer" mon coach !

Parmi tes collègues de Ligue 1, as-tu des ennemis ?

Je crois que je ne dois pas être aimé par beaucoup de joueurs, je sens souvent un surcroît d'agressivité à mon égard. Certaines équipes me motivent plus que d'autres, c'est sûr. Je n'ai jamais aimé Marseille, j'ai toujours détesté la mentalité de cette équipe. Tous ces joueurs, qui étaient adorables, et qui se prennent pour je ne sais quoi dès qu'ils portent le maillot de l'OM. A Cannes, il y avait un gros clivages entre ceux qui, comme moi, venaient du Nord et supportaient le PSG et ceux du Sud, qui étaient pour la plupart fans de Marseille. On arrivait quand même à s'entendre, sauf les jours de matches entre le PSG et l'OM…

Vous étiez unis contre l'OGC Nice ?

Pas du tout. Au contraire, pour ma part j'aime bien Nice, qui reste un club avec des valeurs de combat que j'apprécie. J'ai des amis là-bas, comme Dominique Aulanier, un "monument" du Gym, ou Janick Tamazout, qui ont joué à Cannes.

Julien, pour finir, un voeu pour l'avenir ?

Que ma femme accouche d'une petite fille, qui tiendra compagnie à mon fils !

Merci beaucoup Julien pour cette interview exclusive Maxifoot !

Par Patrick Juillard, le 10/05/2007 à 15h03
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