le 18/12/2003 à 22h32

X. Gravelaine : "Istres, une aventure humaine"

Champion d'automne, Istres est LA grosse surprise de Ligue 2 cette année. L'un des grands artisans de ce parcours étonnant est Xavier Gravelaine, le globe-trotter du foot français. L'ancien international nous fait découvir cette équipe pas comme les autres.

Pouvez-vous analyser la première partie de championnat d'Istres, qui est excellente ?

Au départ, c'est surtout l'histoire d'un groupe et d'un staff technique qui sont hyper soudés et les résultats ont aidé. On s'était concentré pour faire un bon début de saison et au fur et à mesure on s'est retrouvé en bonne place, on n'a pas lâché le bout, on a repoussé l'échéance de la première défaite et on s'est retrouvé à faire une première partie de saison exceptionnelle Ca paraît assez dur à analyser parce qu'on n'était pas favoris. On a l'habitude de jouer pour éviter la relégation.

Mais comment expliquer de telles performances ?

C'était déjà un groupe qui avait relevé la tête par rapport à l'an dernier en fin de saison. Et la progression avec l'arrivée de Mecha (Bazdarevic) et de deux ou trois joueurs, a été encore un peu plus fulgurante. Il n'y a pas eu de changement dans l'effectif, il y a quelques anciens et des jeunes qui ont vraiment envie de travailler, de s'investir et de mettre en valeur le club et eux-mêmes. C'est plus que réussi.

Vous croyez qu'il y a eu un effet Bazdarevic ?

Bien sûr. Je crois que c'est surtout une osmose entre un groupe et "Bazda" . Il fait confiance aux anciens et il voit que le groupe est réceptif. C'est tout un ensemble. Pour Mecha, c'est sa première expérience en tant que professionnel pour diriger un groupe, avant il s'occupait du centre de formation de Sochaux. Il a réussi avec le bon groupe au bon moment.

Tout le groupe vise la Ligue 1 maintenant ?

Au départ, on était un peu surpris. Mais bien sûr, maintenant, tout de façon, ce serait dommage de dire «bon, on s'arrête là» , de gâcher le travail de six mois. Maintenant, est-ce qu'on a les capacités pour aller en Ligue 1, ça c'est autre chose.

On sait que vous avez beaucoup bougé dans votre carrière. Là, c'est votre deuxième saison à Istres. Vous aviez senti qu'il y avait quelque chose d'intéressant à faire ici ?

Oui, au départ, c'était pour leur donner un coup de main pour essayer de se maintenir l'an dernier. Je n'ai pu jouer que début mars avec la dérogation. De toute façon, ils voulaient travailler sur un an et demi donc je voulais juste savoir qui était l'entraîneur. Le challenge était sur un an et demi mais ça va au-delà. C'était le challenge d'Istres, qui est l'un des plus petits clubs de Ligue 2. Là, ce qui m'arrive, c'est complètement exceptionnel. Au départ, cette année, c'était un plan de trois ans : deux ans pour essayer de maintenir le club en Ligue 2 et un an pour atteindre le plus haut niveau de la L2. On était au début du cap des trois ans et on se retrouve au bout de six mois en tête de L2 donc on est en avance sur beaucoup de choses. Maintenant, il reste encore cinq mois de championnat et on est plus du tout la surprise donc c'est de plus en plus dur chaque week-end.

Et si le club monte en Ligue 1, vous continuez l'aventure ?

Je ne sais pas encore. Je vais rencontrer les dirigeants, on va discuter. Moi, mon avenir, c'est que j'ai encore un an de football dans les jambes. Je sais que je peux le faire et très bien. Je suis resté là alors que c'était le plus petit club de deuxième division. Déjà c'était surprenant que je signe dans un club comme ça mais ma carrière est faite. Il faut voir dans quatre ou cinq mois où en sera l'aventure.

Pouvez-vous nous parler un peu de vos partenaires ?

C'est un amalgame d'anciens qui ont de l'expérience comme Brahim Thiam, Jacques Rémy, Laurent Weber, de joueurs qui ont du potentiel mais qui ne sont pas connus, et de jeunes. Comme tout le monde tire dans le même sens, on se rend compte qu'il ne faut pas que des millions pour avoir une équipe homogène. L'équipe n'est pas exceptionnelle, ce n'est pas le Milan ou le Barça mais à l'arrivée elle est très solidaire et surtout on est très bien ensemble. C'est une aventure humaine plus qu'autre chose parce que c'est un groupe qui n'était pas très connu. Maintenant, on sait qu'Istres a une bonne équipe quand même.

Quels sont vos objectifs personnels et collectifs pour cette fin de saison ?

On va voir comment on va repartir au mois de janvier. C'est clair que maintenant on ne peut pas se cacher sur le fait qu'on a tenu six mois. Depuis la deuxième journée, on est premiers donc ça fait dix-sept journées qu'on est premiers. Ce serait dommage d'avoir un gros trou parce qu'on n'a pas un gros effectif, qu'on est pas mal médiatisé. J'espère qu'on n'échouera pas. Ce serait vraiment une récompense exceptionnelle pour le groupe, pour le coach, le staff technique d'être dans les trois premiers au bout. Ce serait vraiment exceptionnel. C'est déjà exceptionnel d'être champion d'automne, c'est la première fois que ça arrive. On est vraiment un petit club et il y a tellement de paramètres. Franchement, ça me décevrait si on terminait septième ou huitième. La saison serait belle mais on a tellement montré de choses, ce serait dommage de ne pas prendre la chance que l'on a d'aller au bout.

Pour finir, un petit message pour les supporters istréens ?

Il faut qu'ils viennent de plus en plus nombreux. Je sais qu'ils le font depuis le début de saison et il faut qu'ils continuent. Je sais que ce n'est pas facile pour eux avec les installations que l'on a. En tout cas, on fera le maximum pour que l'on parle encore d'Istres On parle de l'équipe et du staff technique et ça fait du bien à tout le monde. Il faut qu'ils continuent à nous supporter de plus en plus et on fera le maximum jusqu'au bout.

Merci, et à la semaine prochaine !

Par Florent Piasecki, le 18/12/2003 à 22h32
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