le 19/06/2020 à 16h08

Equipe de France : un pressentiment, l'aveu de Lloris, la lettre, Evra... 10 ans après, Domenech revient sur l'épisode de Knysna

Domenech lit la lettre des joueurs devant les journalistes
Dix ans après l'épisode de Knysna en Afrique du Sud, Raymond Domenech raconte cette folle journée dans la peau du sélectionneur de l'équipe de France.

Samedi, le football français fêtera un bien triste anniversaire : les 10 ans de la fameuse grève de Knysna lors de la Coupe du monde en Afrique du Sud. Le 20 juin 2010, les joueurs de l'équipe de France avaient décidé de ne pas s'entraîner pour contester l'éviction de leur coéquipier Nicolas Anelka. Une situation surréaliste pour une équipe au bord de l'élimination après un nul contre l'Uruguay (0-0) et une défaite contre le Mexique (0-2).

«J'espère qu'ils ne vont pas faire grève»

Pour L'Equipe, le sélectionneur de l'époque, Raymond Domenech, revient sur cet épisode rocambolesque et se rappelle avoir eu un mauvais pressentiment. «Ce jour-là, je sentais qu'il se préparait quelque chose. Au déjeuner, j'ai dit en rigolant : "J'espère qu'ils ne vont pas faire la grève de l'entraînement." Mon staff a éclaté de rire, c'était tellement improbable» , se souvient le technicien, qui avait pourtant vu juste.

Il en aura la confirmation lors d'une discussion avec Hugo Lloris. «On va faire une connerie» , glisse le gardien des Bleus à son entraîneur, qui adressera ensuite un message aux joueurs dans le bus : «Je ne sais pas ce que vous allez faire mais il y a des caméras. Tout va être disséqué, soyez vigilants. J'espère que vous n'avez pas oublié qu'on est là pour jouer une Coupe du monde.» L'avertissement ne sera pas pris en compte... Et Domenech se retrouvera à lire la lettre de ses joueurs devant les journalistes.

«Lire la lettre, c'est une erreur totale»

«J'ai presque honte de ma première pensée : ce n'est pas eux qu'ils l'ont écrite, il n'y a pas de fautes d'orthographe, reconnaît-il. Rétrospectivement, c'est cela qui est le plus grave : quelqu'un censé avoir la tête sur les épaules leur a écrit ce courrier, c'est ahurissant. (...) Après, prendre la décision de lire la lettre, c'est une erreur totale. Ce n'était pas à moi d'assumer leurs responsabilités. J'ai manqué de lucidité. En fait, je me suis posé, comme je le fais souvent, c'est ma nature, en responsable de tout

Au passage, Domenech prend également la défense de Patrice Evra, capitaine des Bleus à cette époque. «Je lui ai dit : "Mais vous êtes fous ! Vous êtes réellement fous !" J'ai essayé de le convaincre, avoue-t-il. Il m'a souvent dit par la suite : "J'ai essayé aussi." C'est vrai. On a beaucoup tapé sur Pat mais, en tant que capitaine, il s'est retrouvé coincé. C'est une sorte de loi de la meute.»

«Les responsables, ce sont ces indécis qui s'en foutaient»

«Plus que d'immaturité, je parlerai du manque de courage de ceux qui n'avaient pas de conviction réelle, de ceux qui suivaient le mouvement, poursuit-il. Les responsables, ce sont ces indécis qui s'en foutaient.» Dix ans après, Domenech assure ne pas savoir qui a écrit la lettre. «Je n'ai même pas cherché à savoir» , avoue-t-il. La suite, on la connaît tous. Battue par l'Afrique du Sud (1-2), la France termine dernière du groupe A et quitte un Mondial qui provoquera un désamour entre la sélection et ses supporters durant plusieurs années. Depuis, les choses ont bien changé.

Quels souvenirs gardez-vous de cet épisode ? Vous a-t-il marqué ? N'hésitez pas à réagir et à débattre dans la zone «Ajouter un commentaire» …

Par Romain Rigaux, le 19/06/2020 à 16h08
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