Largement favorite non seulement du match mais plus généralement de la compétition, l'équipe de France a enregistré l'un des fiascos les plus retentissants de son histoire en se faisant éliminer aux tirs au but par la Suisse (3-3, 4-5 tab) lundi dès les 8es de finale de l'Euro.
Si les tâtonnements tactiques de Didier Deschamps ont joué un rôle important dans cette déroute et expliquent en partie la première période ratée des champions du monde en titre, l'attitude des Tricolores, qui étaient parvenus à renverser la vapeur et menaient 3-1 à dix minutes de la fin, se trouve également au centre des critiques.
G. Xhaka – «je ne veux pas parler d'arrogance, mais…»
«A 3-1, les Français ont cru que c'était gagné. Je ne veux pas parler d'arrogance mais je savais que si on marquait le deuxième but, on pouvait y arriver. À mon avis, on était la meilleure équipe» , n'a pas hésité à piquer le capitaine helvète, Granit Xhaka, devant les médias. Réputés pour leur solidité défensive qui avait fait leur force en 2018, les Bleus n'ont pas donné une impression d'unité à toute épreuve, contrairement à ce qu'on avait vu au premier match contre l'Allemagne (1-0). A ce titre, la sortie mouvementée de Kingsley Coman, qui a un temps refusé de céder sa place en prolongation malgré sa blessure, est particulièrement évocatrice. On pense aussi à l'échange tendu entre Adrien Rabiot et Paul Pogba suite à la perte de balle fatale de La Pioche sur l'égalisation adverse.
Cet état d'esprit défaillant a sauté aux yeux du champion du monde 1998, Patrick Vieira. «Je suis vraiment déçu de l'attitude que nous avons eue sur le terrain. Je pense que c'était une mauvaise équipe de France. (...) Il n'y avait pas de cohésion, il n'y avait pas d'esprit collectif. Nous n'avons pas joué en équipe, alors nous ne méritions pas d'aller au prochain tour», a tranché l'ex-entraîneur de Nice, consultant pour la chaîne ITV. Lui aussi sacré en 1998, le consultant de RTL Robert Pirès, n'est quant à lui pas loin d'avoir vu de la suffisance, même si le mot n'est pas prononcé : «Il faut être modéré, il faut toujours respecter son adversaire, respecter le football et je trouve que ça n'a pas été le cas dans l'attitude. (…) L'attitude sur le terrain n'a pas été bonne du tout. (…) Peut-être que l'on n'a pas pris au sérieux les Suisses. Ça fait mal.»
A 49 ans, Keane aurait pu jouer !
Sans surprise, le consultant de RMC, Daniel Riolo, a employé des mots encore plus forts dans son analyse. «Au-delà de Deschamps, les mecs, ils ont fait quoi sur le terrain ? Il y a eu très peu de mouvement… Ça ne bougeait pas, le porteur de balle n'avait pas de solutions. Les joueurs se sont crus trop beaux, le peno raté de Rodriguez les a boostés. Ils sont alors devenus tous bons. Sauf qu'à 3-1, ils sont retombés mentalement. Au niveau de la gestion du match et des émotions, ça a été une oscillation permanente, et les Bleus ont fauté…», a chargé le journaliste, qui a tout de même laissé la palme du plus beau tacle au maître en la matière, Roy Keane.
«La seule chose dont on a besoin dans le football, c'est de l'enthousiasme. Ils n'ont pas l'air d'avoir de l'appétit pour le jeu. Malgré toute la qualité qu'ils ont, si vous ne taclez, ça ne marche pas. Ils s'appuient juste sur la qualité, et pensent que ça suffira. C'est une grande leçon : dépendre de sa qualité ne suffit pas à ce niveau» , a souligné l'ex-milieu de terrain de Manchester United, avant de se payer les Tricolores : «Je pourrais jouer pour la Suisse ce soir tellement l'état d'esprit n'est pas bon. Si vous me donniez du temps avec le ballon, je jouerais encore.» Des critiques qui ne font que commencer et qui sont à la hauteur de la déception générée…
D'après vous, les Bleus ont-ils fauté dans leur attitude ? N'hésitez pas à réagir et à débattre dans la zone «Ajouter un commentaire» …