L'espace de deux minutes, Gareth Southgate a cru avoir réalisé un coup de génie. Celui d'être repassé à une défense à trois avec deux pistons offensifs qui ont rapidement fait la différence, puisque Luke Shaw a parfaitement repris un caviar de Kieran Trippier pour enflammer Wembley.
Mais cette finale contre l'Italie, qui aurait pu, et peut-être dû, permettre à l'Angleterre de mettre fin à la malédiction, a mal tourné. Et presque sans surprise, le sélectionneur britannique a été à l'origine de cette sortie de route.
Le but de Shaw, un paradoxe
Sa composition de départ peut faire jaser, puisque peu d'entraîneurs auraient choisi de se passer de joueurs percutant comme Marcus Rashford, Jadon Sancho ou encore Jack Grealish, alors que Phil Foden était forfait, au coup d'envoi. Mais ces choix forts lui ont permis de se hisser jusqu'en finale, chose qu'aucun de ses prédécesseurs n'avaient réussi à faire jusqu'ici. Non, c'est surtout dans les ambitions de jeu que l'ancien milieu de terrain s'est planté. Après l'ouverture du score du latéral gauche de Manchester United, les Three Lions n'ont plus rien proposé, passant leur temps à subir et à se faire balader sur la largeur du terrain par des Italiens moins costauds physiquement mais bien plus inspirés avec le ballon.
Une tactique minimaliste qui a pétrifié tous les Anglais présents à Wembley. Des joueurs, qui pour la plupart, n'ont jamais su quoi faire du ballon, à l'image d'Harry Kane, totalement isolé et dans l'incapacité de combiner avec ses partenaires offensifs, aux supporters, de plus en plus inquiets au fil des minutes et dont l'enthousiasme a rapidement été refroidi par une gestion globale trop peu maîtrisée. Il a fallu attendre l'égalisation de Leonardo Bonucci pour que Southgate réagisse en passant à une défense à quatre. Mais ce changement de dispositif n'a pas eu l'effet escompté puisque les ambitions sont restées les mêmes, à savoir profiter d'éventuelles erreurs transalpines pour piquer en contre.
Southgate a perdu pied au pire moment
Que dire de la bouillie proposée durant la prolongation ? Aucune réaction, aucune folie, rien. Les Anglais, pourtant très peu à l'aise dans cet exercice, ont voulu faire la différence lors des tirs au but. Avant cela, Southgate s'est permis quelques petites expérimentations dont il a le secret. Comme en demi-finale contre le Danemark (2-1 ap) avec Grealish, il a sorti Jordan Henderson, pourtant entré en jeu en seconde période, sans véritable justification. Il a aussi fait le choix désastreux de lancer Rashford et Sancho, jusqu'ici auteurs d'une compétition très poussive, à la 119e minute, pour participer à des tirs au but à froid, sans avoir eu le temps de monter en pression.
«Au bout de deux minutes, tu enflammes ton stade et derrière tu ne joues plus. C'est de leur faute. C'est la responsabilité aussi de Southgate d'avoir eu un football aussi minimaliste et son équipe l'a payé» , a critiqué Bixente Lizarazu pour L'Equipe. «Il a fait passer des messages sur la fin de match qui n'étaient pas très positifs et qui n'ont pas aidé son équipe, qui a été trop défensive, bridée. Ça a été comme ça pendant toute la compétition» , a rajouté le consultant, imité par Alan Shearer. «Les joueurs sont déjà assez sous pression, mais si vous faites tirer deux joueurs qui n'ont pas encore beaucoup touché le ballon, alors vous leur en demandez beaucoup trop. Je compatis avec Rashford, Sancho et Saka. Ces jeunes joueurs vont devoir vivre avec cela. C'est terrible» , a pesté l'ex-buteur de Newcastle. Le karma a été impitoyable, une fois de plus.
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