En tête de la Ligue 1 depuis six ans et demi, l'Olympique Lyonnais a perdu de sa superbe depuis un an. L'année 2007 n'a pas offert le rendement escompté et révèle au grand jour les carences et dépendances du club. Après avoir touché les étoiles lors du second semestre 2006, les troupes du président Jean-Michel Aulas ont perdu de leur superbe. L'équipe-type, le banc et l'entraîneur semblent moins forts. Quel serait le résultat d'un match opposant l'OL 2006 à l'OL 2007 ? Moins qu'un collectif au jeu léché, l'OL semble redevenu une somme d'individualités, capable de tous les exploits mais aussi de perdre plus souvent qu'un champion. Mais la baisse de régime du sextuple champion de France depuis douze mois coïncide surtout avec la baisse de forme de son chef d'orchestre : Juninho. Si elle n'empêche pas l'OL de dominer encore et toujours sur le plan national, la sanction pourrait être terrible contre Manchester United en Ligue des Champions. Trois fers de lance - Juninho, Karim Benzema et Hatem Ben Arfa - portent désormais le club vers le haut, mais le premier conserve une importance capitale dans la vie du groupe et ses performances.
Le jeu de Lyon a changé plusieurs semaines. Perturbés par les départs l'été dernier et cet hiver, ainsi que par les blessures de joueurs cadres, les hommes d'Alain Perrin misent essentiellement sur les coups de pied arrêtés (comme à St-Etienne ou contre Croix de Savoie et Sochaux samedi dernier…) et sur les contre-attaques express menées par le duo Benzema – Ben Arfa. L'OL peine à prendre le jeu à son compte et à imposer son rythme. «On manque de régularité. Ce sont nos individualités qui font la différence. Nous sommes capables de mieux sur un plan collectif. Ce qui est intéressant c'est que même sans être au top, nous assurons un résultat de qualité. Cela dit et dans l'optique de nos prochains rendez-vous, il faudra faire un peu plus. Cette année, nous avons plus une équipe de contres. La saison passée, nous pouvions développer du jeu alors que désormais nous avons la possibilité de nous projeter vite en contres. Avoir le ballon ne nous convient donc pas forcément» , confirme Juninho.
Monsieur Plus
Les statistiques sont formelles. Avec Juninho, Lyon a pris 47 points (15v, 2n, 2d) en 19 matchs de Ligue 1 cette saison, soit 2,47 points par match. Sans lui, Lyon n'a glané que 2 petits points (0v, 2n, 3d) en 5 matchs, soit 0,4 point par match ! L'OL n'avait jamais gagné de titre avant 2001-2002, sa première saison au club. Depuis, les Gones sont champions tous les ans et le seront sûrement encore une fois en mai. Avec 17 titularisations et 2 entrées en jeu cette saison, Juninho a marqué 7 buts et 6 passes décisives. Mais surtout, il a stabilisé le milieu de terrain et porté l'équipe vers le haut. Au total, Juninho compte 206 matchs et 66 buts en championnat depuis son arrivée dans le Rhône. Son influence est considérable et ses absences se font cruellement ressentir, au point de le voir jouer sur une jambe et demie et sous infiltration samedi dernier contre les modestes sochaliens. «Pendant une heure, ça allait. Après, ça me gênait un peu pour continuer» . Il faudra pourtant un Juninho au top pour espérer contrarier les Red Devils.
Jean-Michel Aulas a mis une pression énorme sur les épaules d'Ederson en affirmant en janvier voir en lui le successeur de Juninho. Sur le pré peut-être, et encore… Car l'aura du Brésilien va bien au-delà de la zone du milieu de terrain. Si le Niçois possède des qualités techniques indéniables, Benzema semble plus à même d'enfiler le costume de sauveur lors des matchs au couteau et surtout de fédérer les forces en présence et véhiculer l'image du club par-delà les frontières. Car Juninho n'est pas qu'un magnifique tireur de coups-franc. Ses passes d'armes avec Alain Perrin en début de saison en sont la démonstration. Aucune sanction n'est tombée quand le Brésilien a boycotté une séance vidéo par exemple, ce qui montre le pouvoir acquis au fil des ans. Juninho le magicien est quasiment devenu intouchable. En plus de débloquer les situations grâce à sa patte magique, il est aussi le patron du vestiaire, respecté et écouté. Sa succession promet d'être délicate pour l'Olympique Lyonnais.
La dépendance est réelle. Juninho a prouvé par ses absences et ses baisses de forme son impact sur les résultats du club et son importance dans le système lyonnais. Sous contrat jusqu'en juin 2010 et à 33 ans, le Brésilien pourrait même intégrer le staff à l'issue de sa carrière. En attendant, Aulas compte énormément sur Benzema pour reprendre le flambeau et hisser le club vers les sommets.