La santé mentale dans le monde du sport n'est plus un tabou. Depuis plusieurs mois, de nombreux sportifs, comme Kevin Love (basket), Naomi Osaka (tennis) ou encore Simone Biles (gymnastique), n'ont pas hésité à prendre la parole pour informer le public sur ce sujet important.
A l'occasion d'un entretien accordé au quotidien L'Equipe ce lundi, l'ancien attaquant d'Arsenal et de l'équipe de France Thierry Henry a également tenu à mettre la lumière sur les difficultés rencontrées par les footballeurs.
T. Henry - «Neymar parle mais est-ce qu'on l'entend ?»
Dés novembre, le consultant pour Prime Vidéo avait notamment soulevé la question de l'état mental de Neymar après sa nouvelle blessure. Un élément qui doit entrer en ligne de compte dans une analyse pour le Tricolore. «Quand on analyse une action et qu'il ne s'est pas replacé, OK c'est un fait et il faut le dire. Oui, il est un peu moins bien... mais il y a des raisons. Neymar a souvent parlé dans ses dernières interviews de son bien-être, de la pression... Donc ma première réflexion était : 'Est-ce qu'il est bien ?' Ce n'était pas : il ne fait plus de petits ponts, de sombreros, il n'accélère plus... Il parle mais est-ce qu'on l'entend ? Il demande de 'l'aide', il y a des choses qui se passent dans sa tête, comme tout être humain», a rappelé Henry.
Par rapport à son expérience personnelle, l'ex-joueur de la Juventus Turin espère que les langues vont se délier pour aider la nouvelle génération. «Je ne sais pas comment les gens réagiraient si un joueur de foot parlait comme ça à la fin d'un match, expliquant qu'il n'était pas bien mentalement. À mon époque, c'était beaucoup plus dur, totalement tabou. (…) Pleurer, c'était impossible. Tu ne pouvais pas montrer tes faiblesses. C'était : 'Thierry, ne pleure pas, ne pleure pas, ne pleure pas !' Cela m'est arrivé de pleurer, seul, mais je luttais pour ne pas craquer. Maintenant, je pleure», a-t-il assumé.
Messi, une adaptation logique
Dans son nouveau rôle, Henry fait donc son maximum pour toujours prendre en compte cet aspect. Avec Neymar donc, mais aussi concernant son ex-coéquipier Lionel Messi, qui a connu une adaptation compliquée à Paris après son départ surprise du FC Barcelone l'été dernier. «Quand on parle de Messi ou de Neymar, de joueurs exceptionnels, on oublie trop cette dimension. Lorsque Lionel a pleuré en partant de Barcelone, ce n'était pas programmé. Quand tu penses que tu ne vas jamais partir de quelque part et que d'un coup ça arrive, ça crée un choc émotionnel. Les gens disent : 'Oui mais ça va, il a tout ce qu'il faut à Paris.' Mais ce n'est pas si évident. Quand je suis parti d'Arsenal pour Barcelone (en 2007), il m'a fallu un an pour être bien... J'arrive blessé, je suis en période de divorce, je dois apprendre un nouveau système, vous mélangez tout ça, cela joue sur le mental», a-t-il avoué.
Désormais, le natif des Ulis espère que certaines stars du ballon rond n'auront plus peur de reconnaître certains problèmes liés à la santé mentale. «On est en 2022, il faut s'ouvrir. Si un joueur a un problème mental ou autre, qu'il le dise. Que les gens n'aient pas une mauvaise réaction, c'est tout à fait normal. Parfois, tu ressens la pression de tes parents, de ton agent, des mecs de ta cité, des médias, des supporters, du coach.... ta propre pression. Quand tout s'accumule, c'est très dur. Il faut que ce ne soit plus tabou. Parlez !», a terminé Henry. Un vrai cri du coeur.
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