le 09/05/2008 à 02h32

Le PSG en L2 : quelles conséquences pour le football français ?

Le Paris Saint-Germain est plus que jamais sous la menace d'une relégation en Ligue 2. Ce qui amène inévitablement à se poser la question de l'impact sur le club de la capitale, mais aussi sur l'ensemble des acteurs du football français : supporters, clubs, diffuseur, médias, institutions…

Une descente du Paris Saint-Germain en Ligue 2 aura des conséquences financières (positives et négatives) sur l'ensemble des acteurs du football français et même au-delà : clubs, supporters, diffuseur, Ligue, médias, Etat… La fréquentation des stades et l'attractivité de la Ligue 1 baisseront, celles de la Ligue 2 augmenteront. L'économie accusera un coup d'arrêt, avec des recettes moins importantes pour le PSG, l'Etat, Canal+ et les médias notamment. La répartition des droits TV de la diffusion de la Ligue 1 sera remodelée et profitera à l'ensemble des clubs de l'élite. En revanche, le PSG et ses supporters seront touchés de plein fouet, avec une baisse drastique du budget liée à la chute des recettes (droits TV, départ des sponsors, billetterie et merchandising en berne) qui entraînera un départ massif des joueurs et le licenciement de salariés du club. Maxifoot vous propose de passer en revue différents paramètres à reconsidérer si Paris s'absente momentanément de la Ligue 1.

Attractivité : L1 en baisse, L2 en hausse

Si la capitale française n'est pas représentée au plus haut niveau, l'attractivité de la Ligue 1 au niveau national mais aussi international sera entamée. Le bassin parisien étant le plus peuplé de l'Hexagone, des millions d'amoureux du football seront privés du spectacle numéro 1 en France. La fréquentation des stades s'en ressentira, à commencer par celle du Parc des Princes (656 000 billets vendus cette saison). Au-delà, le PSG joue quasiment tous ses matchs à l'extérieur à guichets fermés et constitue l'une des principales rentrées d'argent en terme de billetterie pour les 19 autres clubs de l'élite. Son absence entraînera inévitablement une perte pécuniaire car le promu qui le remplacera, quel qu'il soit, n'aura pas l'aura suffisante pour compenser la chute des billets vendus. A noter, la saison dernière, 115 M€ de recettes nettes ont été récoltés en L1 par le biais de la billetterie. Un ticket vendu représentant en moyenne 13,90€ de recette.

De fait, l'effet sera inverse en L2. Les clubs récupèreront une affiche très alléchante et inhabituelle qui attirera le public. Les stades seront remplis pour chaque déplacement parisien et s'avèreront sans doute trop petits la plupart du temps pour satisfaire la demande, entraînant une hausse du prix des billets pour l'occasion. Ce match de gala permettra donc aux clubs de l'antichambre du football français d'augmenter leurs recettes de billetterie, mais aussi de produits dérivés. De plus, La Ligue 2 bénéficiera d'un fort coup de projecteur et des retombées financières liées à cette exposition. La couverture média sera meilleure de la part du diffuseur, mais aussi des journaux et magazines spécialisés en général. Car il va sans dire que les médias dans leur totalité ne s'arrêteront pas de parler du PSG, même en cas de relégation. Eurosport (groupe CanalSat) retransmettra le grand match du lundi et donc essentiellement le PSG, tandis que le nouveau venu, Noos Numericable, se contentera des neuf autres rencontres.

Economie : une récession inévitable

De nombreux acteurs sont liés au PSG, à commencer par l'Etat. «Au cours de la saison 2006-2007, le C.A. du football professionnel a poursuivi sa progression au-delà du milliard d'euros pour atteindre 1 178 M€. Le résultat net cumulé est passé de +33 M€ en 2005-2006 à +47 M€. La contribution fiscale et sociale du football professionnel au budget de l'Etat dépasse pour la première fois la barre des 500 M€ : le montant total des impôts, taxes et charges sociales acquittés par les clubs, salariés, joueurs et instances sportives» , indique un rapport de la Ligue. L'absence d'un des poids lourds du championnat fera donc baisser le résultat la saison prochaine. L'économie liée au club s'effondrera, entraînant une forte baisse du chiffre d'affaires général et sans doute des licenciements. Les recettes annexes au football (billetterie, merchandising, droits, sponsors) seront en baisse.

Même si une partie de l'argent sera redistribuée aux autres clubs de L1 et profitera à la Ligue 2, le résultat total ne pourra être maintenu. Les médias spécialisés par exemple, retirent une part substantielle de leur audience - et donc de leur chiffre d'affaires - des informations liées au club de la capitale, celui-ci figurant parmi les trois plus suivis du public français. Une partie pourrait s'en détourner momentanément et faire baisser les audiences générales de nombreux journaux ou émissions radio et télévisées. Pour les médias, le PSG en crise est plus vendeur que Nancy sur le podium. Peut-être rendront-ils alors leur place aux autres clubs en parlant davantage de football et moins des affaires ou déboires qui entourent le club de la capitale, qui devraient d'ailleurs se réduire.

Droits TV : le diffuseur pleure, les clubs se partagent le gâteau

20 des 36 matchs du PSG cette saison ont été décalés par Canal+, soit plus d'un sur deux. Seuls l'OL (25) et l'OM (24) ont eu un temps d'exposition supérieur. Preuve que le club de la capitale apporte une audience bien supérieure à la moyenne des clubs français. Conséquence, la Ligue 1 fera moins d'audience la saison prochaine et sera moins rentable pour le diffuseur qu'est Canal+, Grenoble ou le Havre n'ayant pas (loin de là) la même attractivité. La perte des deux confrontations entre le PSG et l'OM, mais aussi de grands rendez-vous comme les duels contre Lyon, Bordeaux, St-Etienne et Lens, soit une dizaine de matchs parmi les plus attendus et regardés de la saison, abonde en ce sens. Conséquence, la chaîne du foot français devrait subir une désertion d'une partie de ses abonnées (5,3 millions fin 2007 pour Canal+ avec une progression de 280 000 sur un an, 10,5 millions si l'on inclut CanalSat). Nul doute que la saison prochain sera moins fructueuse, même si la diffusion via Eurosport (donc par le Groupe Canal+) de l'essentiel des matchs du PSG en Ligue 2 adoucira la pente.

La redistribution des droits TV est un sujet épineux. Une part des quelques 460 M€ versés par Canal+ à la Ligue la saison prochaine sera reversée aux clubs selon le nombre de diffusions sur la chaîne cryptée (90 M€ lors de l'exercice 2006-2007). L'absence du PSG entraînera inévitablement une redistribution des royalties, entraînant une hausse de l'exposition de la plupart des autres clubs, à commencer par Lyon, Marseille, Bordeaux et l'équipe en forme du moment, qui récupèreront le temps d'écran laissé vacant par le PSG, et l'argent qui va avec. Conséquence, ces clubs-là verront leur budget augmenter. Ceci compensera-t-il l'amputation de billetterie ? Pour les plus attractifs assurément. Mais l'ensemble des clubs ou presque devrait voir son temps d'exposition télévisée augmenter. De plus, les sponsors du PSG risquent aussi de rediriger une partie de leurs capitaux vers les autres formations du championnat.

Football : un club à rebâtir, des joueurs à vendre

Marseille est déjà passé par la relégation, cela n'a pas tué le club qui a rapidement retrouvé sa place parmi l'élite. Le football français n'a pas disparu dans l'intervalle de temps, bien que l'OM représente un potentiel économique fort et sans doute le plus grand foyer de supporters. Mais une descente en Ligue 2 entraînera inexorablement une chute importante du budget du PSG (74M€ cette saison), et donc des départs de joueurs et licenciements de salariés. Pour comparaison, Nantes va doubler son budget la saison prochaine, en passant de 20 à 40M€ environ. La baisse des droits TV reversés au PSG (27 M€ en 2007) la saison prochaine, la baisse de la billetterie (16,5 M€, 695 000 tickets vendus la saison dernière), la fuite des sponsors ou la baisse de leurs investissements (16,5 M€ misés cette saison) et dans une moindre mesure la baisse des ventes de produits dérivés (0,5 M€ environ en 2007) obligeront le club à réduire ses dépenses de manière draconienne.

Même si le club ne reste qu'un an à l'échelon inférieur, le départ des joueurs les mieux payés est inévitable pour alléger la masse salariale (42,5 M€ en 2007, 52 M€ avec les charges sociales). Landreau, Rothen, Armand, Yepes, Camara, Luyindula, Diané… Tous seront sur le marché des transferts et la très grande majorité d'entre eux quittera la capitale. Une cassure alors que le couple Cayzac - Le Guen avait prévu il y a quelques mois de jouer le titre d'ici deux à trois ans ! En revanche, comme les partants n'atterriront pas tous à l'étranger, certains clubs français pourront là encore en bénéficier, en récupérant des joueurs à moindre frais car les dirigeants parisiens ne seront pas en position de force pour négocier les indemnités de transfert. Mais les joueurs ne sont pas les seuls à faire tourner le PSG. Une restructuration de l'organigramme du club avec suppression de postes parmi les salariés est donc aussi à attendre.

Au-delà du sport, de nombreux enjeux financiers sont liés à la présence ou non du Paris Saint-Germain parmi l'élite du football français. Et si le PSG remonte dès la saison suivante (ce qui est loin d'être garanti) la catastrophe ne serait pas aussi forte qu'annoncée. Les premiers touchés par une relégation seront bien entendu les supporters et le club lui-même. L'attractivité de la L1 en prendrait un coup, Canal+ et les médias devront revoir leurs plans. En revanche, les autres clubs de l'élite récupèreront une part des droits TV, des sponsors et des joueurs du club francilien. Et la Ligue 2 bénéficiera d'un coup de projecteur important et de retombées pécuniaires positives.  Au PSG de faire le nécessaire pour ne pas en arriver là, dès ce samedi soir contre l'AS Saint-Etienne !

Par Nicolas Lagavardan, le 09/05/2008 à 02h32
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