En éjectant Christophe Pélissier, qui est parvenu à faire monter et à maintenir Lorient, deux saisons de suite, en Ligue 1, Loïc Féry a pris un énorme risque. Mais le président du club breton, qui a appris à jouer des coudes pour devenir un des hommes les plus influents du milieu depuis sa prise de pouvoir en 2009, sait mieux que quiconque la valeur de ses hommes. Et en lançant Régis Le Bris, a la tête des équipes de jeunes depuis dix ans, le dirigeant a eu le nez creux.
Lorient, la meilleure équipe sur les transitions
En effet, rarement Lorient n'a affiché un tel caractère depuis le départ de Christian Gourcuff en 2014. Longtemps réputée pour produire du beau jeu, la formation bretonne a un nouveau style avec le manager de 46 ans : plier mais ne pas rompre, subir... et exploser en contre. Depuis le début de la saison, le FCL est l'équipe qui est la plus attentiste avant de déclencher un pressing en position basse. En moyenne, les adversaires réalisent 21 passes avant de perdre la possession du ballon. En parallèle, Lorient est une des écuries qui explosent le plus vite pour se projeter vers l'avant avec un peu moins de 10 passes avant de se faire prendre le ballon... ou marquer.
Parmi les équipes, qui comme Lorient, sont le plus souvent dominées dans l'utilisation du ballon, on retrouve Reims, Clermont, Brest, Monaco, Troyes, Auxerre, Strasbourg, Nantes et Montpellier. Toutes ont une différence de buts négative, à l'exception du MHSC, bien aidé par son carton face au SB29 (0-7). Dans cette meute, seul Lorient, qui a plus marqué que pris de buts, sort du lot, grâce un équilibre parfaitement trouvé par son entraîneur : un socle défensif assez solide pour résister aux assauts adverses et des joueurs offensifs assez efficaces pour faire la différence sur n'importe quelle phase de jeu.
Mvogo fait la différence
Par rapport à la saison passée, Yann Mvogo apporte bien plus que Matthieu Dreyer et Paul Nardi. Avec 26 arrêts, l'international suisse est le troisième gardien à s'être le plus employé derrière Alexander Nübel (36) et Mory Diaw (33). En plus d'être impressionnant sur sa ligne, l'ancien joueur du PSV permet à Lorient d'appuyer son jeu en transition grâce à un jeu à la main remarquable. Par exemple, sur les deux derniers buts contre l'Olympique Lyonnais (3-1), mercredi, l'Helvète a rapidement trouvé ses partenaires offensifs pour profiter du positionnement haut des défenseurs adverses. A quoi bon passer par la défense ou le milieu quand on peut toucher ses attaquants en moins de deux secondes ?
Chez les défenseurs, on a aussi de la nouveauté. Dans l'axe, Julien Laporte forme une paire complémentaire avec Montassar Talbi. Les deux tours de contrôle sont les joueurs à avoir effectué le plus de dégagements depuis le début de la saison en Ligue 1 (44 pour le Français, 39 pour le Tunisien). Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Lorient domine le classement du fair play avec seulement 10 cartons jaunes (0 rouge). Preuve que Le Bris a entière confiance en sa défense, aucun des joueurs de la ligne de quatre n'a raté la moindre minute cette saison, alors que Gédéon Kalulu compte deux passes décisives sur ses deux dernières sorties.
Un secteur offensif qui récite sa partition
Si les joueurs à vocation défensive dans l'entrejeu, à savoir Laurent Abergel et Bonke Innocent, font le boulot sans dépasser leurs fonctions premières, Enzo Le Fée, lui, crève l'écran. Duels défensifs, interceptions, passes vers l'avant, progression avec le ballon, dribbles, tirs, le métronome lorientais fait partie des joueurs les plus influents du championnat de France dans son secteur avec Marco Verratti et Youssouf Fofana. Contrairement au Parisien et au Monégasque, il parvient à se montrer dangereux sur phases arrêtées, à l'image de son but sur coup franc pour lancer les siens face aux Gones.
Les Lyonnais se souviendront d'ailleurs des deux attaquants merlus que sont Dango Ouattara et Terem Moffi. Le Burkinabè (3 buts, 4 passes décisives) et le Nigérian (5 buts) marchent sur l'eau depuis le coup d'envoi de l'exercice et font vivre un calvaire à toutes les défenses grâce à leur complémentarité. Malgré le départ d'Armand Laurienté, les solutions restent nombreuses avec Ibrahima Koné (2 buts) et Yoann Caithline, auteur du deuxième but face à Nantes (3-2). Un secteur offensif assez armé pour faire mal à de nombreuses équipes... et permettre à Lorient de croire à autre chose que le maintien ?
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