Hervé Renard est de retour au bercail. Un peu plus de sept années après son départ douloureux de Lille, l'entraîneur de 54 ans a récupéré l'équipe de France féminine pour faire oublier Corinne Diacre, mise à la porte après une fronde des joueuses. Un choix surprenant venant d'un coach qui travaillait dans des conditions optimales en Arabie Saoudite.
Vivre une nouvelle expérience
Dans un entretien accordé à L'Equipe, l'ancien technicien de Sochaux a justifié cette décision. Visiblement, la volonté de découvrir un monde différent a été plus forte que tout. «C'est ma passion du football, des grandes compétitions. Quand on y a goûté, on en veut toujours plus. Je n'ai même aucune appréhension. Je me suis adapté tout au long de ma carrière à des choses complètement différentes» , a expliqué le natif d'Aix-les-Bains, qui va connaître sa première expérience sur le banc d'une équipe de femmes.
«Je n'ai pas de plan de carrière défini. J'ai fait tellement de choses différentes, je suis sûr que ça va m'enrichir dans ma carrière d'entraîneur. C'est toujours bénéfique de rencontrer des gens différents. Et puis c'est mon pays, c'est la France. Depuis toujours, je suis un fou de sport et pas seulement de football. Il y a des moments magiques pour le sport français avec des titres de champions du monde ou olympiques. Vivre ces moments, ça sera encore plus fantastique» , a soutenu le nouvel homme fort des Bleues.
Enfer ou pas, Renard veut tenter sa chance
Malgré les avertissements de ses proches, au courant des récents problèmes rencontrés par l'équipe de France féminine, le principal intéressé n'a pas eu peur de réaliser le grand saut. «Vous savez ce que certains dans mon entourage me disent ? Ils me disent bon courage, ils ne me disent pas bonne chance (rires). D'autres m'ont dit : 'Bienvenue dans un beau chantier'» , a poursuivi le double vainqueur de la CAN avec la Zambie (2012) et la Côte d'Ivoire (2015).
Sa mission principale ? Changer l'image que le grand public se fait du football féminin. «Je vais tout mettre en oeuvre pour remettre une dynamique. Il y a trop de commentaires aujourd'hui autour du football féminin, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur. Il faut changer cette image, même si c'est dur, dès maintenant. C'est ce qui m'attire encore plus. J'aime bien les choses difficiles. On m'a promis l'enfer. Donc on va y aller» , a insisté le Savoyard, sûr d'avoir réalisé le bon choix.
Les émotions avant l'argent
Son départ du Golfe ne va pas lui laisser de regrets, lui qui bénéficiait d'un salaire bien plus conséquent chez les Faucons. «Ma mission était terminée. J'ai dit - et je n'ai pas eu peur de le redire - que j'avais l'impression que je ne pouvais pas faire mieux» , a-t-il jugé. «Un jour, je repartirai. J'ai démarré en N3, j'étais un illustre inconnu, je gagnais ma vie comme les entraîneurs de ce niveau et je suis allé chercher tout ce que j'ai eu. En Afrique et en Asie, j'aurai toujours des possibilités. Je ne prends pas de risques. J'ai envie de vivre cette expérience. J'y crois.»
Et tant pis pour les critiques sur un prétendu manque d'ambitions. «Non, je ne fais pas ma carrière pour plaire aux gens. Je la fais pour vivre des émotions. J'ai une phrase que j'adore parce que je la ressens de plus en plus dans le football : on peut être l'homme le plus riche du monde, on ne peut pas acheter les émotions qu'on peut ressentir. À travers le sport, on peut vivre des choses qui sont exceptionnelles. Voilà ce que je cherche» , a terminé Renard. Offrir le premier titre à l'équipe de France féminine, cela n'a pas de prix pour Renard.
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