Quand on parle de légendes du football, Michel Platini fait partie des joueurs qui se présentent à la table sans invitation. Idole des amoureux du ballon rond de plus de 45 ans en France, le triple Ballon d'Or a brillé dans la période dite «romantique» . Un romantisme disparu pour laisser place à un football plus rapide avec plus d'athlètes que d'esthètes. Une évolution que le principal intéressé déplore.
Le football des athlètes, très peu pour Platini
«Je suis d'une génération où on essayait plutôt de bien jouer au football que de gagner. Aujourd'hui, le problème, c'est que les défenseurs centraux et les gardiens touchent plus le ballon que les milieux de terrain. C'est un vrai problème» , a analysé le champion d'Europe 1984 sur les ondes de RMC. Pour lui, il y a de moins en moins de joueurs créateurs capables de faire lever les foules. «D'habitude, les gens sont au milieu du terrain pour organiser, jouer, faire la transition. Aujourd'hui, le milieu ne touche pas le ballon. L'équipe de France est une équipe de vagues. Elle défend et exploite les espaces avec la puissance physique de ses joueurs pour être dangereuse. Pour créer, c'est plus compliqué.»
«Les gens de ma génération ne regardent plus beaucoup le football parce qu'ils ne se retrouvent pas dans le jeu. J'ai regardé le match en hommage à Didier Roustan, le France-Portugal (de 1984, ndlr). Il n'y a pas de passes vers l'arrière. Ça attaque, ça part d'un côté, ça attaque, ça repart de l'autre côté. C'est passionnant. Il se passait toujours quelque chose» , a appuyé l'ancien joueur de la Juventus. «Aujourd'hui, on fait plus de passes en arrière qu'en avant. Après, quand il y a des espaces, ça va à mille à l'heure, certes, mais dans le jeu de possession, il y a beaucoup de passes. Je ne critique pas. Mais les gens de ma génération qui ont connu un autre football plus offensif sont un peu réticents par rapport au football d'aujourd'hui.»
Un football à dix pour Platini
«C'est pour ça que les jeunes regardent moins le football. Ils en ont peut-être marre de voir des passes en retrait. Il faut aller vers l'avant et créer des choses» , a affirmé l'homme de 69 ans, qui a soumis une drôle d'idée pour apporter de la nouveauté. «Peut-être qu'il faudrait enlever un joueur, jouer à dix. Le football, on l'a fait à onze en 1900, mais en 1900, ils couraient moins qu'aujourd'hui, ils étaient moins costauds, ils allaient moins vite. Donc ça serait peut-être une bonne chose de limiter le nombre de joueurs sur le terrain, ça libérerait de l'espace» , a expliqué celui qui a fait les beaux jours de Nancy et Saint-Étienne.
«Enlever un joueur, ça peut être une idée. A un moment, Pelé voulait agrandir la taille des buts. Enlever un joueur, pourquoi pas» , a martelé Platini, qui n'est en revanche pas du tout d'accord avec Marco van Basten. Adepte d'un football encore plus novateur, le Néerlandais, également triplé Ballon d'Or comme le Français – ils sont les seuls avec Johan Cruyff à avoir obtenu cette récompense «seulement» trois fois – est pour la suppression de la règle du hors-jeu. Une hérésie pour l'ex-capitaine des Bleus. «Le hors-jeu, c'est la règle du football la plus intelligente. S'il n'y a pas de hors-jeu, tu vas mettre un grand de 2 mètres devant le but et tu lui balances des ballons.» Convaincus par la démonstration ?
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