La grève des footballeurs pros a été évitée après négociations entre les syndicats de dirigeants et de joueurs, jeudi à Paris. Cela n'empêche pas Steve Savidan, le buteur trentenaire transféré de Valenciennes à Caen, éboueur à 20 ans, ayant évolué en National et Ligue 2, de faire preuve de conscience sociale. L'entretien organisé par le Journal du Dimanche entre Noël Raoult, 42 ans, technicien chez Valeo Mondeville (Calvados) depuis 22 ans gagnant 1600 net par mois, et Steve Savidan, 30 ans, au salaire estimé par le JDD à 110 000 bruts par mois, ne révolutionne pas la condition ouvrière. Mais il apporte des justifications à la menace de grève des footballeurs professionnels. «Ce rapport de force était la suite logique de la prise de pouvoir de la télé et des clubs, alors que les acteurs majeurs du football restent les joueurs, explique Steve Savidan. La plupart des présidents ne respectent pas les joueurs. Ils leur donnent des gros salaires mais ne veulent pas les entendre» .
Beaucoup d'appelés, peu d'élus
Le sportif regrette également le fonctionnement des centres de formation. «Ici, la priorité n'est pas de sortir des bac+5 : on te structure dès 14 ans pour jouer, relate Savidan. Il y a dix appelés, un élu. Les neuf autres, tu les retrouves chez Valeo !» Une structure comme le syndicat des joueurs UNFP s'avère précieuse dans ce système. «Le syndicat aide le jeune joueur qui ne sait pas faire une demande de carte Vitale, de mutuelle ou à remplir sa fiche d'imposition. Pour les clubs, laisser un joueur inculte est une façon de le tenir» .
Le buteur conclut en soulignant, par un trait d'humour plein de franchise et d'honnêteté, l'importance économique d'un club de Ligue 1 dans sa région. «On mérite notre caricature, poursuit le père de famille trentenaire. Moi le premier, avec ma grosse voiture, mes fringues. Mais on fait vivre une économie. Demandez aux vendeurs de bagnoles, aux bijoutiers, s'ils se plaignent que Caen ait une équipe en Ligue 1 !»