le 12/04/2009 à 16h22

Pierre Bordry : « Rien d’anormal dans le football »

Pierre Bordry, président de l'Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD), revient pour Maxifoot sur l'état de la lutte antidopage dans le football français. Il évoque également le travail des autres pays européens pour lutter contre les tricheurs.

Comment la Fédération Française de Football a-t-elle réagi lorsque l'AFLD a déclaré le 18 mars dernier que des traces de DHEA avaient été repérées chez sept joueurs de Ligue 1 et Ligue 2 ?
Toutes les Fédérations concernées ont dit qu'elles se rapprocheraient de nous afin d'oeuvrer dans le domaine de la prévention. Pour l'instant on réfléchit à ce que l'on peut faire. Pour nous l'important n'est pas tant de sanctionner les gens mais de leur montrer qu'on sait qu'ils prennent le produit et qu'ils arrêtent.

N'existe-t-il pas un décalage entre des sports comme le cyclisme et l'athlétisme, où les sportifs sont très contrôlés, et d'autres sports comme le football ?
Ce n'est pas mon avis. Le plan pour 2009 permet de cibler 500 sportifs français pris dans tous les sports. Aucune discipline n'échappe aux contrôles.

Il y a beaucoup d'argent en jeu dans le football. N'est-ce pas un frein à la lutte antidopage ?
Pour ce qui nous concerne, on n'a aucune difficulté avec la Fédération Française de Football et la Ligue de Football Professionnel. Il n'y a rien d'anormal qui se passe. Non seulement on ne nous empêche pas d'aller contrôler mais il y a en plus une collaboration étroite avec les médecins et les présidents.

«Pas de problème pour la localisation»

Certains footballeurs sont contre la localisation … Pour pouvoir effectuer des contrôles hors compétition, il faut avoir le planning des sportifs. Pour cela il y a le logiciel Adams qui marche très bien. Nous l'utilisons à l'agence avec l'accord de la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés), qui nous a dit que c'était conforme au droit français. Ce logiciel permet aux sportifs de se localiser.

Comprenez-vous que cela puisse être contraignant ?
Il faut être objectif. Actuellement, nous avons localisé 500 sportifs en France, parmi lesquels des footballeurs. C'est très simple, si dans un délai de deux mois après leur avoir envoyé une lettre de l'agence ils n'ont pas répondu, ils ont un rappel à l'ordre. Si cela se reproduit ils ont un avertissement puis c'est la suspension. C'est quelque chose de sérieux, c'est dans la loi française. On ne peut pas ne pas appliquer la loi donc ils s'inscrivent. Actuellement, il n'y a pas de problème en France pour la localisation. Ils doivent donner une heure par jour, ils ne sont pas obligés de donner celle où ils sont au cinéma. C'est absurde. On a besoin de les contrôler hors compétition. L'an dernier, l'AMA (Agence Mondiale Antidopage) voulait qu'on donne son programme 24h sur 24. Cette année elle est revenue en arrière et il faut désormais donner une heure.

Les autres pays européens suivent-ils le même chemin ?
Il y a un effort considérable des autorités nationales. J'ai signé récemment une convention avec la Suisse, l'Autriche et l'Allemagne, et nous avons des rapports constructifs. Les Italiens avaient du retard mais ils sont désormais efficaces. Ces derniers mois, il y a un renforcement très clair des autorités nationales et de leur coopération.

Qu'en est-il de l'Espagne ?
L'Espagne, ce n'est pas très clair car je ne suis pas sûr que l'autorité fonctionne avec les mêmes pouvoirs que nous. En tout cas, nous n'avons pas d'interlocuteurs en Espagne.

Par Simon Bardet, le 12/04/2009 à 16h22
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