le 06/09/2009 à 16h09

Kaladze, le doublé de la discorde

Auteur d'un doublé contre son camp face à l'Italie samedi soir, le défenseur international géorgien, Kakha Kaladze (Milan AC), se trouve depuis au centre de violentes polémiques dans son pays natal. Avec des attaques du plus mauvais goût…

Lorsqu'il retrouvera ses partenaires du Milan la semaine prochaine, Kakha Kaladze, aura peut-être un peu mal à affronter le regard de ses coéquipiers italiens. Samedi, à Tbilissi, le défenseur international géorgien a offert la victoire à la Nazionale en inscrivant deux buts contre son camp et précipitant la perte d'une sélection caucasienne jusqu'alors vaillante. Le Rossonero frappait pour la première fois peu avant l'heure de jeu. En tentant de dévier une frappe, semble-t-il hors-cadre, du milieu de la Sampdoria, Angelo Palombo (58e, 0-1). Les spectateurs du stade Boris Paichadze n'étaient pas au bout de leur stupeur. Une dizaine de minutes plus tard, l'arrière central de 31 ans, dont c'était le retour en sélection, récidivait en détournant sans les filets de Georgi Lomaia un centre à ras de terre de l'ailier gauche du Genoa, Domenico Criscito (68e, 0-2). La messe était dite.

Flatteur, ce résultat conforte l'Italie en tête du groupe 8, avec un point d'avance sur l'Irlande mais avec un match de retard. L'Afrique du Sud se rapproche pour les champions du monde. Interrogé après la rencontre, le sélectionneur transalpin, Marcello Lippi, évoquait «un peu de chance» . Kakha Kaladze affichait, lui, son dépit. «On a bien joué, on a montré du coeur. Mais on a perdu et c'est de ma faute, je suis désolé. Cela me fait très mal. Je ne sais pas quoi dire» , lâchait le héros malheureux de la soirée.

Epouvantable affaire

La presse italienne ironise : «Grazie Kaladze» , titre Tuttosport, alors que pour la Gazzetta, «C'est Kaladze qui régale» . Dans le camp adverse, la presse géorgienne aurait pu faire montre de compassion. Il n'en est rien. Les grands journaux du pays consacrent des Une féroces à l'infortuné défenseur du Milan. «En réalité, Kaladze n'a jamais été une idole en Géorgie, parce qu'il n'a jamais montré d'engagement particulier en faveur de l'équipe nationale» , écrit, vachard, le quotidien sportif Msoklio Sport. La chaîne de télévision Rustavi Ori va encore plus loin. «Kaladze a rendu à la Géorgie ce que la Géorgie lui avait pris. J'ai des doutes…» , a-t-on pu entendre de la voix de l'un de ses commentateurs vedettes. Une allusion déplacée au kidnapping et à l'assassinat du frère du joueur, en 2001. A l'époque, Kakha Kaladze avait été très affecté par cette épouvantable affaire et s'était rapproché de son pays d'adoption, l'Italie. Hier soir, ce n'était que du football. Mais pas aux yeux de tout le monde, visiblement…

Par Patrick Juillard, le 06/09/2009 à 16h09
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