le 04/11/2009 à 18h00

L'Espagne aussi s'attaque à ses footballeurs

Après la France, c'est au tour de l'Espagne de s'attaquer aux avantages fiscaux de ses footballeurs. Dans le cadre du vote du budget pour 2010, le gouvernement de gauche entend revenir sur la «loi Beckham» , qui permet aux stars étrangères de Liga de payer moins d'impôts que les contribuables nationaux.

En Espagne, on l'appelle la «loi Beckham» . Ce texte, voté en 2003 pour attirer les chercheurs d'autres pays, permet aux stars étrangères les mieux rémunérées de Liga de payer moins d'impôts que les contribuables nationaux à revenus équivalents (24% d'imposition contre 43% pour les nationaux). Or la gauche, majoritaire au Cortes, a décidé de le modifier, dans le sens d'une réduction drastique des avantages réservés à leurs bénéficiaires, seuls ceux déclarant moins de 600.000 euros par an continuant à être concernés. En ces temps de crise, tous les moyens sont bons aux yeux des gouvernements, toutes tendances confondues, pour remplir (100 millions d'euros par an environ dans le cas présent) à nouveau des caisses qui ont tendance à se vider dangereusement. Mais, comme c'est aussi le cas en France à l'occasion de l'abrogation du droit à l'image collectif, la pilule ne passe pas auprès des instances sportives.

Atletico-Real menacé ?

La Ligue espagnole a réagi très vigoureusement et envisage d'appeler à la grève lors de la 10e journée de Liga prévue ce week-end. Le derby madrilène au stade Vicente Calderon, ainsi que neuf autres rencontres seraient menacées. Le sujet sera au menu d'une assemblée générale extraordinaire, convoquée pour vendredi matin. «La grande majorité des clubs avec qui nous en avons déjà parlé sont d'accord» , a prévenu le vice-président de la LFP, Javier Tebas, cité par l'AFP.

Sans attendre de savoir si cette menace sera mise à exécution, le gouvernement espagnol s'insurge par avance contre ce qui relève selon lui du corporatisme. «[Une grève de la Liga] serait une mesure qu'aucun contribuable ne pourrait comprendre, encore moins dans une situation de crise économique» , a estimé la ministre socialiste de l'Economie, Elena Salgado. La représentante du gouvernement a toutefois précisé que la loi ne serait pas rétroactive. Cristiano Ronaldo, Karim Benzema et toutes les stars étrangères conserveraient leurs avantages actuels, dans la limite de cinq ans. Si le gouvernement espagnol allait jusqu'au bout de ses idées, c'est l'attractivité de la Liga qui se trouverait remise en cause. Dans l'état actuel des choses, les joueurs, ou leurs agents, négocient souvent les salaires nets d'impôts. Et les clubs peuvent jouer de la marge offerte par la loi pour offrir des salaires mirobolants.

Par Patrick Juillard, le 04/11/2009 à 18h00
Ça a fait le BUZZ actuellement