le 19/11/2003 à 11h58

Pavon, leader des Girondins

Nommé à la tête des Girondins vendredi, Michel Pavon retrouve son club adoré. Il devra remettre celui-ci dans le droit chemin en lui redonnant l'envie de gagner, une envie qui ne l'a pas quitté tout au long de sa carrière de joueur. Portrait.

Une carrière de joueur exemplaire

Vendredi 25 octobre au matin, Elie Baup s'est réveillé et a enfilé son costume d'entraîneur des Girondins de Bordeaux. Le soir, il s'est endormi sans costume, en ayant refusé celui d'entraîneur général. Entre-temps il a été démis de ses fonctions d'entraîneur et a été remplacé par un ami à lui : son ancien capitaine, Michel Pavon. Au club depuis six ans (pour six qualifications européennes), le technicien a été victime du début de saison catastrophique de son équipe (11 points en 10 journées) et de ses critiques sur la politique de recrutement du club. Une politique qui, d'après lui, ne sera pas acceptée par son successeur à forte tête: «Lui n'acceptera pas des recrutements faits par Pierre, Paul ou Jacques.» Pavon, Baup le connaît, il lui a parlé vendredi, lui expliquant que c'était «la loi du métier».

Né dans le Sud-Ouest de la France, Michel Pavon a connu une carrière de joueur riche avec un championnat remporté et deux finales de coupe de la Ligue. Formé à Toulouse, il forge son caractère dans les équipes de jeunes avant de débuter en Ligue 1 le 7 novembre 1986 au Parc des Princes (3-2 !). En six ans, il s'impose dans l'entre-jeu toulousain au poste d'attaquant et y dispute pas moins de 197 matches (pour 29 buts). Après plusieurs sélections chez les Espoirs, il est recruté par Montpellier durant l'intersaison 1994. Sous le maillot pailladin, il dispute deux saisons et 53 rencontres (9 réalisations). En 1996, il ouvre la page de ses aventures bordelaises. Transféré à l'intersaison, il est chargé de prendre la relève de la génération dorée (composée notamment de Zidane, Lizarazu et Dugarry) défaite en finale de la coupe de l'UEFA la saison précédente. Classés quatrième et finaliste de la coupe de la Ligue, Pavon et ses coéquipiers ne déméritent pas.

379 matches de D1 !

Promu rapidement capitaine par Courbis et un poste de milieu de terrain, il mène ses troupes avec poigne. Le changement d'entraîneur pendant la saison 1998, avec l'introduction de Baup, ne change pas son statut: il devient même l'homme de terrain de son technicien. Après une nouvelle finale de coupe de la Ligue perdue, la consécration arrive en 1999 avec le sacre des Girondins lors de la dernière journée et une victoire au Parc des Princes (3-2). En 2000, à 32 ans, Michel Pavon se décide enfin à découvrir l'étranger et répond affirmativement aux avances du Betis Séville, équipe ambitieuse de Deuxième division espagnole. Rapidement intégré, le rêve tourne pourtant au cauchemar à cause d'une grosse blessure au genou. Finalement obligé de mettre fin à sa carrière, il n'aura disputé que 10 matches dans la péninsule ibérique. Par cette aventure, le milieu de terrain a conclu une carrière exemplaire: sur son CV figure 379 matches de Première division française (41 buts), deux finales de coupe de la Ligue et un championnat de France. Le seul regret que nourrit encore le trentenaire, ainsi que le stade Lescure dont il était le chouchou, est de ne jamais avoir connu l'Equipe de France.

Depuis la fin de sa carrière, a 33 ans, Michel Pavon est rentré en France où il a commencé à passer ses diplômes d'entraîneur... au Haillan, le centre d'entraînement des Girondins. Dans le même temps, il entraîne le modeste club de St Aubin du Médoc. Et puis tout se précipite: «j'ai été contacté jeudi après-midi par M. Triaud qui m'a proposé ce challenge que j'ai accepté de bon coeur.» Présenté vendredi, il n'a pas pu choisir le groupe qu'il a dirigé lors de son premier match et s'est très vite rendu à Nice où il obtenu un bon match nul (1-1). Première réaction: «Il était plus facile d'être joueur. Un joueur n'a qu'à s'occuper de lui, l'entraîneur lui est là pour s'occuper des autres. Entraîneur c'est plus stressant mais la passion est tellement forte...»

Un vécu de joueur avant tout

Sans expérience d'entraîneur jusque-là (sauf avec St-Aubin du Médoc), Pavon arrive à Bordeaux sans certitude mais avec des envies. Pour contourner son inexpérience, il entend s'appuyer sur son vécu de joueur: «j'ai connu pareil situation comme joueur et si je peux aider je le ferai bien volontiers.» Pour résoudre le malaise de son effectif, il pense d'abord travailler sur le mental de son effectif, car pour lui «pas besoin de travailler tactique ou technique avec des joueurs qui doutent, il faut d'abord soigner leur tête, mettre de la rigueur dans le jeu.» Une rigueur qui devrait être défensive tout d'abord. A voir les deux équipes alignées à Nice et à Strasbourg, il pense d'abord s'appuyer sur un 4-3-2-1 assez défensif même s'il affirme que cela reste «le système du moment».

Ses nouveaux joueurs découvrent eux un nouveau coach... ou un ancien coéquipier. Pour Ramé, «c'était un peu spécial, mais il faut agir en professionnel. Il restera le même en dehors du terrain, mais après ça c'est lui le patron.» Les changements n'ont pourtant pas encore porté leurs fruits, seuls quelques points ont été fixés: «il n'a pas encore mis la méthode en route, il a exprimé quelques règles autour de l'organisation, du respect, de la solidarité sur et en dehors du terrain.» Afin de mieux diriger ses hommes, Pavon souhaite s'appuyer sur l'ancien adjoint de Baup, Bedouet. Celui-ci est maintenant chargé d'organiser et de diriger les entraînements pendant que l'entraîneur supervise et intervient. Une méthode prisée par Rolland Courbis, ancien entraîneur de Pavon. Un entraîneur qui inspire sûrement le jeune technicien, comme le pense Hervé Alicarte: «c’est quelqu’un de franc, d’honnête, je trouve qu’il y a du Rolland Courbis là dedans.» En attendant de suivre la carrière de son prédécesseur, Pavon doit redresser son club puis passer ses diplômes d'entraîneur pour ne plus laisser son adjoint signer les feuilles de matches.

Succédant à son ancien entraîneur à Bordeaux, Michel Pavon a pour mission de ramener son équipe dans le haut de tableau du championnat. Sans diplôme, ni expérience, il fera confiance à son envie et à son expérience de joueur pour insuffler à ses joueurs une nouvelle envie de vaincre. Une envie déjà perçue à Nice et à Strasbourg, où les Girondins ont pris quatre points.


Nom : Pavon
Prénom : Michel
Âge : 34 ans
Date de naissance : 7 novembre 1968
Nationalité : Française
Taille : 1m80
Poids : 74kg
Poste : milieu de terrain

Carrière de joueur : Toulouse (1986-1994), Montpellier (1994-1996), Bordeaux (1996-2000), Bétis Séville (2000-2001).
Sélections : International espoirs français.
Palmarès : champion de France 1999, finaliste de la coupe de la Ligue 1997 et 1998.

Carrière d'entraîneur : Bordeaux (2003-?)

Par Olivier Cothenet, le 19/11/2003 à 11h58
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