Voilà deux mois que Patrick Vieira est revenu en Angleterre, sous les couleurs de Manchester City. Le transfuge de l'Inter Milan fait aujourd'hui le point, à moins de quatre mois du Mondial. «Mon objectif, c'est d'aller en Afrique du Sud» , confesse-t-il dans un entretien à L'Equipe le champion du monde 98. Barré sous les ordres de José Mourinho, freiné par des blessures récurrentes depuis 2008, Patrick Vieira ne regrette pas d'être allé se relancer outre-Manche. «C'était pour moi, la meilleure décision possible» , assure-t-il. L'ancien Gunner, titularisé à deux reprises depuis le début du mois, reconnaît ne pas être au top de sa condition. «Je dirais que je suis à 60, 70% de mes capacités» , précise-t-il.
Le 3 mars, les Bleus s'étalonneront face à l'Espagne en match amical de préparation. Alors que Raymond Domenech communiquera sa liste jeudi prochain, Patrick Vieira ne se met pas martel en tête. «France-Espagne, ce n'est qu'une étape, estime le natif de Dakar… Si je suis convoqué, je suis convoqué. Si je ne le suis pas, cela ne changera rien à mon objectif. Je n'y pense même pas.» Interrogé la semaine passée sur le cas Vieira, Raymond Domenech avait répondu que seul compterait l'enchaînement des matches. Or, un mauvais geste contre un adversaire (Glenn Whelan, de Stoke City, en l'occurrence) risque bien de valoir une suspension pouvant aller jusqu'à 3 matches, à Patrick Vieira.
Vieira : «un joueur différent»
Paradoxalement, le retour du Vieira rugueux des années Arsenal n'est-il pas une bonne nouvelle pour Raymond Domenech ? Réponse la semaine prochaine. Malgré ce coup d'arrêt prévisible, Patrick Vieira gardera le même état d'esprit. «La base de tout, c'est de jouer, conclut le joueur formé à l'AS Cannes. Après, si je joue, il n'y a pas de question à se poser. Je comprends très bien que l'équipe de France n'est pas un dû. Ca se mérite. La façon de le mériter, c'est de jouer et d'être bon.» Cela suffira-t-il à décrocher une place dans les 23 pour l'Afrique du Sud ? Avant d'être fixé, Patrick Vieira glisse subrepticement un dernier message à son sélectionneur, comme un tacle déguisé aux autres milieux défensifs tricolores. «Aujourd'hui, je suis un joueur différent, dans le sens où je ne serai peut-être pas autant porté vers l'avant que je l'étais à Arsenal, explique le grand Pat. Je ne connais pas un joueur de trente ans qui joue de la même manière qu'à ses vingt ans.» Reste à savoir si Raymond Domenech sera sensible à ce supposé privilège de l'âge.