Souvenez-vous, dernier match de l'année 2009 : l'Olympique de Marseille sombre à domicile face à l'AJ Auxerre. Battus 2-0 au Vélodrome, les Phocéens pointent alors à 11 points du leader bordelais. Trois mois plus tard, les Girondins n'ont plus que trois longueurs d'avance sur les Olympiens. Et les hommes de Didier Deschamps viennent de prendre un léger avantage psychologique sur ceux de Laurent Blanc en leur infligeant une sévère défaite en finale de la Coupe de la Ligue (3-1). Autant dire que la lutte entre les deux équipes promet d'être passionnante pour l'attribution du titre de champion de France. L'entraîneur marseillais récolte aujourd'hui les fruits de neuf mois de travail.
C'est le temps qu'il lui aura fallu pour faire de l'OM une véritable force collective. Le chantier était pourtant immense à son arrivée. Il lui a fallu composer avec les restes de l'ère Eric Gerets et ses nombreuses recrues phares de l'été (Diawara, Mbia, Heinze, E. Cissé, Lucho, Abriel). Le champion du monde 98 a longtemps tâtonné. Parti dans l'idée de faire jouer son équipe en 4-3-3, Deschamps a changé en cours de saison pour un 4-4-2 avant de revenir aujourd'hui à son 4-3-3 de départ.
Seul le terrain compte
Un 4-3-3 où s'exprime aujourd'hui pleinement Lucho. L'Argentin ne donne probablement pas encore sa pleine mesure mais son rôle dans la construction du jeu olympien est indéniable. Repositionné en défense contre son gré, Stéphane Mbia, qui n'en finit plus d'aligner les bonnes performances au côté de Souleymane Diawara, montre là aussi que son entraîneur a eu du flair. Au cours de la saison, Deschamps a prouvé également une certaine ouverture d'esprit. En début de saison, il ne comptait pas sur Mathieu Valbuena. En finale samedi soir, l'ancien protégé de Gerets fut l'un des acteurs majeurs de la victoire. Ses altercations avec Hatem Ben Arfa ? Oubliées. L'ancien Lyonnais, redevenu un joueur qui compte, était titulaire au Stade de France.
Deschamps ne juge que par le terrain. Les liens qui l'unissent à Fernando Morientes ont eux été rangés au placard. Transparent depuis son arrivée, l'Espagnol doit se contenter de simples apparitions dans le groupe. Certes, l'OM a quitté la Ligue des Champions dès la phase de poules et s'est fait sortir de l'Europa League en huitième de finale. Mais l'essentiel est ailleurs aujourd'hui. Capitaine de l'équipe championne d'Europe en 1993, Deschamps restera pour toujours l'entraîneur qui a su mettre fin à 17 années de disette. S'il vient aussi à décrocher en fin de saison le titre de champion pour sa première année sur le banc olympien, l'ancien entraîneur de l'AS Monaco et de la Juventus Turin ne sera sans doute plus très loin d'avoir une statue à son effigie dans la cité phocéenne.