A moins de deux mois du coup d'envoi de la Coupe du monde, Raymond Domenech occupe les médias. Après sa séance de questions-réponses sur le plateau du Canal Football Club, le sélectionneur de l'équipe de France accorde mardi un long entretien à L'Equipe. Entre volonté de ne pas trop en dire, et nécessité de se livrer assez pour ne pas être taxé de langue de bois, le technicien précise quelque peu sa ligne de conduite en vue de l'échéance sud-africaine. Première information livrée par le patron des Bleus : il n'y aura pas d'écrémage de dernière minute avant la liste des 23. «Ecarter des joueurs ensuite, comme en 2008, ce n'est pas souhaitable» , indique Domenech, avant de préciser. «Il y aura des joueurs sur lesquels on peut compter en cas de coup dur. On leur dira : ne partez pas n'importe où, restez opérationnel, si vous en avez envie.» Les noms des 23 seront annoncés le 11 mai.
Les conséquences de l'Euro 2008 ont bien été tirées, laisse entendre Raymond Domenech. «Je n'ai pas assez retenu la leçon d'Aimé Jacquet, qui disait qu'il ne fallait pas prendre trop de jeunes. C'était l'erreur dans ma liste de 2008 : il y avait trop d'écart [entre les générations]. Il faut équilibrer tout ça» , explique le sélectionneur national. A ses yeux, la savante composition de la liste des 23, aussi nécessaire qu'elle soit, ne saurait conditionner seule la réussite de l'expédition en AfSud. «[Les joueurs] doivent être plus intelligents et dépasser leur ego pour penser que c'est l'équipe qui compte, pax eux. S'ils n'ont pas compris ça, je mettrai des coups de fusil. La liste définitive doit être annoncée le 1er juin» , rappelle Domenech, qui n'exclut pas d'écarter alors des joueurs qui auraient eu un mauvais comportement entre le 11 mai et cette date.
La réponse à Anelka
Désireux de maintenir tout son monde sous pression, Raymond Domenech ne se voile pas la face quant à la difficulté à composer cette liste, étant donné le grand nombre de joueurs blessés ou en rupture de temps de jeu. «Il ne faut pas être hypocrite. La situation n'est pas rassurante. Aujourd'hui, si je dois faire une liste, je fais comment ? Mais, dans un mois, ça ne sera pas la même chose... ça peut être pire !» , s'amuse-t-il. Une chose reste en revanche certaine pour Raymond Domenech : «le joueur qui ne serait pas apte le 18 mai, je ne le garde pas.» En revanche, les sorties dans la presse n'influeront pas ses choix. Même lorsque, comme Nicolas Anelka l'a fait récemment, les joueurs attaquent le coach sur sa tactique. «C'est bien que les joueurs se posent les questions. Les réponses, je les ai déjà données, mais il faut peut-être que je trouve un moyen pour qu'ils les entendent mieux» , rétorque le sélectionneur. A 58 jours du Mondial, le temps presse.