le 19/05/2004 à 23h04

Et pourtant y’avait la place !

Comment ne pas avoir un sentiment d'injustice après une défaite comme celle-ci ? L'OM a perdu la finale de la Coupe de l'UEFA sur un coup du sort, face à une équipe de Valence extrêmement réaliste bien qu'étouffée par les Marseillais, à onze contre onze.

Les données de la rencontre

Pour remporter cette finale tant attendue par tout le football français et en particulier par tous les Marseillais, l'OM devait une fois de plus compter sur les valeurs qui sont les siennes depuis le début de la compétition, à savoir une combativité de tous les instants, un état d'esprit de guerrier et une solidité défensive à toute épreuve, comme lors des doubles confrontations contre l'Inter de Milan en quart de finale (1-0, 0-1), et Newcastle en demi-finales (0-0, 2-0), au cours desquelles, l'équipe phocéenne n'a encaissé aucun but. Ensuite, la force de frappe de l'attaque marseillaise devait faire le reste, grâce à Steve Marlet qui pèse sur les défenses, Camel Meriem très performant sur la scène européenne et surtout au phénomène, Didier Drogba qui a déjà inscrit six buts en sept matchs de Coupe de l'UEFA et qui après avoir été ménagé suite à une douleur à la hanche était opérationnel pour la rencontre la plus importante de la saison pour l'OM. En effet, le club phocéen jouait sa saison mercredi soir. Car après un championnat quelque peu manqué et lâché lors des dernières journées afin de se consacrer à la finale, une victoire était la seule possibilité de participer à une compétition européenne la saison prochaine et aussi, bien entendu de remporter un trophée qu'aucune équipe française n'a gagné et d'inscrire une ligne supplémentaire au palmarès du club, vierge depuis onze ans. Pour cela, Marseille se présentait sans aucun suspendu et seulement trois joueurs étaient indisponibles pour cause de blessures. Il s'agissait de Mido (reprise), Delfim (hanche) et Carrasso (reprise). Outsiders lors de cette finale, comme l'indiquait José Anigo avant le match : «Nous serons outsiders, c'est sûr, et nous jouerons sans pression. Mais souvent, ce n'est pas le meilleur sur le papier qui gagne la finale, plutôt celui qui sait le mieux la gérer.» , les Marseillais devaient se surpasser pour dominer une équipe de Valence meilleure sur le papier et acquérir un titre récompensant un très beau parcours.

Côté espagnol, les joueurs de Valence, fraîchement auréolés de leur titre de Champion d'Espagne, étaient en pleine confiance et avaient à coeur de faire un doublé en remportant la Coupe de l'UEFA et gagnant ainsi leur premier trophée européen depuis vingt-quatre ans, balayant du même coup les deux finales de Champions's League perdues en 2000 et 2001. Une victoire était également la possibilité d'être enfin reconnu comme un grand d'Europe, ce qui manquait au FC Valence, pourtant deux fois Champion d'Espagne en trois saisons (2002, 2004). Sur un plan plus tactique, l'équipe espagnole est très solide défensivement tout comme son adversaire et adore jouer le contre. Cependant, avec un statut de favorite et l'OM ayant un jeu différent des grosses cylindrées que rencontre habituellement Valence, les forces étaient nivelées. Et malgré cela, Rafael Benitez indiquait avant la rencontre, qu'il ne comptait rien changer dans le dispositif de son équipe : «Marseille a beaucoup de qualités défensives et joue très bien en contre-attaque. Mais nous n'avons rien changé ces derniers jours pour s'adapter. Avant tout, nous restons confiant dans nos forces. Le Valence de mercredi sera celui que l'on a vu tout au long de la saison. On sera sérieux.» . Une finale, c'est le couronnement d'une année. D'autre part, aucun absent n'était à déplorer chez les Champions d'Espagne, à l'exception de Palop (reprise) et Fabio Aurelio (reprise). En effet, Rufete (cuisse) et Angulo (cheville) incertains pendant un moment, ont pu finalement tenir leur place.

Les principaux faits du match

- C'est parti très fort pour l'OM qui se créé la première occasion du match par Camel Meriem. Celui-ci place une bonne frappe à l'intérieur de la surface de réparation qui oblige les Valencians à se dégager en catastrophe (2').

- Valence met en danger pour la première fois du match la défense marseillaise sur une frappe contrée, que Fabien Barthez réussit à détourner en corner (7').

- Beau débordement de Meriem qui centre pour Steve Marlet. L'international français reprend d'une tête plongeante après le rebond mais ça passe au-dessus (16').

- Mauvais renvoie de la défense espagnole, Didier Drogba récupère et adresse un centre pour Meriem absolument seul à l'entrée de la surface de réparation, plein axe, mais son tir n'est pas cadré. Dommage (17').

- Sur un centre venu de la droite, Mista laissé seul sur l'unique erreur défensive marseillaise de la mi-temps, élimine Barthez qui le fauche. Pénalty et carton rouge (sevère) pour le goal de l'équipe de France. M. Collina aime bien siffler des pénalties contre les équipes françaises. Vicente transforme le pénalty (1-0, 47').

- 1-0 à la mi-temps, malgré un coup du sort les Marseillais doivent encore y croire, l'exploit reste possible.

- Contre-attaque menée à toute vitesse par Vicente qui décale Mista dans l'axe à vingt mètres du but. Ce dernier, bien démarqué trompe Gavanond d'une frappe extérieur pied gauche (2-0, 57').

- Superbe coup-franc de Drogba. Il enroule la balle du pied droit et oblige Canizares à repousser des points sur Marlet qui frappe au-dessus (65').

- Tir flottant de Sylvain N'Diaye qui ne parvient pas à tromper le goal espagnol (81').

La prestation de Marseille

L'OM a démarré la rencontre à fond comme lorsqu'il joue au stade Vélodrome. Les Marseillais étaient plus agressifs, plus présents sur le porteur du ballon et donc remportaient leurs duels. Ceci s'est donc traduit rapidement par un nombre d'occasions plus important en faveur de Marseille, par Steve Marlet bien en jambe, Camel Meriem très actif offensivement, prenant des risques quand il faut, utilisant à merveille les nombreux ballons qu'il a touchés et Didier Drogba marqué de très près qui devaient mener un combat de tous les instants. Sur le plan défensif, les Phocéens ne lâchaient rien, à l'instar de Demetrius Ferreira intraitable sur son côté droit et très bon dans la relance, Manuel Dos Santos faisant de même à gauche. Au milieu du terrain, Habib Beye, Sylvain N'diaye, Mathieu Flamini et Camel Meriem pressaient parfaitement et empêchaient les Valencians de développer leur jeu jusqu'à l'expulsion très sévère de Fabien Barthez peu mis à contribution, par M. Collina douzième espagnol. Ce qui obligeait José Anigo à sortir Meriem excellent jusqu'alors, pour faire rentrer Jérémy Gavanond. Une erreur de la défense, une seule d'Habib Beye et Valence prenait un avantage immérité au regard de la première période. Au retour des vestiaires, les Marseillais n'avaient pas abdiqué mais étaient contraints de jouer un jeu plus direct et de prendre leur chance dès qu'ils le pouvaient en frappant au but. Ils ne pouvaient pas non plus exercer le même pressing qu'en première mi-temps, étant un joueur de moins. Après le second but encaissé, cela devenait quasiment mission impossible et la fatigue aidant, Marseille finissait le match difficilement mais toujours avec la même envie et avec une pointe d'amertume.

La prestation de Valence

Les joueurs de Valence ont été bousculés en début de match. Ils ne trouvaient pas de solutions lorsqu'ils avaient le ballon et sortaient rarement vainqueur de la grosse bataille du milieu de terrain. Bien souvent dépassés ils n'avaient pour solution que la faute ce qui a valu à Carboni et Vicente un carton jaune rapidement. En première période, les Espagnols n'ont été dangereux que sur des corners venus de centres contrés, ce qui démontrait le peu d'espace laissé par l'OM. Cependant, sur l'une des rares occasions qu'ils avaient obtenu, les joueurs de Benitez faisaient preuve d'un réalisme incroyable en bénéficiant d'un pénalty indiscutable pour une faute de Barthez sur Mista, parfaitement transformé par Vicente qui leur permettait d'atteindre la pause avec un avantage proche du hold up et l'expulsion du gardien de but de Marseille, pour le moins sévère. Si à cet instant la Coupe n'avait pas encore choisi son camp, il est clair que l'arbitre l'avait lui, bel et bien choisi. Après le repos, le combat au milieu de terrain tournait à l'avantage de Valence qui était en supériorité numérique. Les espagnols avaient plus la possibilité de développer leur jeu mais préféraient truquer, gagner du temps et garder le ballon plutôt que d'essayer d'accroître leur avantage face à une équipe marseillaise diminuée. Ce qu'ils faisaient malgré tout sur un contre rapidement mené par Vicente intenable sur son côté gauche et bien conclu par Mista. Ces deux joueurs auront décidément fait beaucoup de mal à l'OM. En outre, les Valencians avaient su conserver leur solidité défensive même lors de la domination marseillaise, notamment grâce à Ayala et Curro Torres. Avec une avance de deux buts, Valence terminait le match en gérant comme il avait commencé à le faire à 1-0.

Conclusion

Dans une finale, la moindre erreur est fatale et l'OM l'a constaté à ses dépens. Il faut pourtant rendre hommage à cette équipe qui n'a jamais renoncé. Mais au-delà de cela, la déception est d'avoir dominé pendant toute une mi-temps sans concrétiser et finalement d'avoir été battu par le Champion d'Espagne qui n'aura rien montré, ni le panache, ni la classe d'un Champion mais qui lève la Coupe. Et dans une finale n'est-ce pas le plus important ? Il reste à souhaiter que Monaco connaisse ce bonheur dans une semaine.


La fiche technique :
FC Valence - Olympique de Marseille: 2-0 (1-0)
Stade Nya Ullevi (Göteborg, Suède)
43 200 spectateurs environ
Temps doux, vent, terrain souple
Arbitre : M. Pierluigi Collina (Italie)
Buts : Vicente (47Â’), Mista (57Â’)
Avertissements : Marlet (10Â’), Vicente (27Â’), Carboni (33Â’), Drogba (59Â’)
Expulsion : Barthez (47Â’)
Marseille : Fabien Barthez, Habib Beye, Manuel Dos Santos, Demetrius Ferreira, Abdoulaye Meité, Mathieu Flamini (Laurent Batlles, 70’), Brahim Hemdani (Cap.), Camel Meriem (Jérémy Gavanond, 47’), Sylvain N'Diaye (Fabio Celestini, 83’), Didier Drogba, Steve Marlet
FC Valence : Santiago Canizares, Roberto Ayala, Amedeo Carboni, Cristobal Curro Torres, Carlos Marchena (Mauricio Pellegrino, 85Â’), David Albelda (Cap.), Miguel Angulo (Mohamed Sissoko, 82Â’), Ruben Baraja, Francisco Rufete (Pablo Aimar, 63Â’), Rodriguez Vicente, Miguel Angel Mista

Par Sébastien Kamienny, le 19/05/2004 à 23h04
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