Le fiasco sud-africain, tout le monde l'a encore bien en tête. Et au retour des Bleus dans l'Hexagone, la France du foot n'attendait qu'une chose : tourner la page. Pour le volet sportif, le remplacement de Raymond Domenech par Laurent Blanc commence à porter ses fruits. Concernant le volet politique, on pensait que la promotion de Fernand Duchaussoy à la présidence allait quelque peu faire évoluer les choses. Mais l'intérimaire, ancien président de la Ligue de football amateur, a du mal à faire l'unanimité en remplacement du démissionnaire Jean-Pierre Escalettes.
Clairement, deux clans s'opposent. Les pro-Duchaussoy et les pro-Lambert, ralliés derrière le directeur général, Jacques Lambert. Et depuis quelques jours, les petites phrases fusent par voie de presse. Mercredi, le trésorier Bernard Desumer allumait la première mèche dans L'Equipe. «On voit des gens à la Fédération, sans savoir ce qu'ils font. C'est quand même curieux», a lancé le dirigeant favorable à Lambert. En cause notamment, la sollicitation de deux cabinets extérieurs (EthiKonsulting et Ketchum).
«Avec Duchaussoy, on ne reçoit aucune information !»
Autre point qui fait débat, la volonté de Duchaussoy de s'entourer d'un chef de cabinet, en l'occurrence l'ancien directeur général de Lille, Xavier Thuilot. «Je n'en vois pas trop l'utilité, a insisté Desumer. Il faudra qu'on ait des explications, en cette fin de semaine, sur ces sujets.» Et le même de conclure : «Nous avons déjà eu l'occasion de lui dire que l'on ne comprenait pas bien sa manière de fonctionner. Avec lui, on ne reçoit aucune information !»
Très fragilisé, le président intérimaire a failli prendre une décision radicale en milieu de semaine : démissionner. Depuis, Duchaussoy s'est ravisé, mais n'a pas oublié les attaques. «J'accepte les critiques. Je reconnais que je suis passé à travers pour un certain nombre de choses mais, là, l'attaque est frontale et virulente. Je vais m'expliquer avec eux. Ce procès est trop dur par rapport à la réalité», a répondu jeudi le dirigeant, toujours dans les colonnes de L'Equipe.
Le Graët candidat le 18 décembre ?
Au centre de cette lutte de pouvoir entre les deux parties, le quotidien sportif avance, ce vendredi, un troisième acteur majeur, dont le rôle pourrait s'avérer déterminant à l'avenir. Qui ? Noël Le Graët. Président du club d'En Avant Guingamp (National), le Breton de 68 ans détient surtout les cordons de la bourse à la FFF. En effet, depuis plusieurs années, l'ancien président de la Ligue de football professionnel (1991-2000) est l'interlocuteur fédéral des grandes négociations. Le gros contrat signé avec l'équipementier Nike, qui versera près de 43 millions d'euros par an de janvier 2011 à juin 2018, c'est lui. Et dire qu'Adidas ne versait «que» dix millions… Les primes des Bleus, c'est encore lui.
En clair, Le Graët est le patron des finances de la 3F. Ce qui ne l'empêche pas d'être actif et consulté dans les questions sportives, de par son poste de vice-président et de membre du Conseil fédéral. Et à en croire L'Equipe, l'intéressé envisagerait de surfer sur son bon bilan financier pour présenter sa candidature, le 18 décembre, lors de l'assemblée générale qui élira le président de la Fédération jusqu'en 2012. Une option qui pourrait faire consensus et enfin (re)crédibiliser la FFF…