
Les quotidiens du continent saluent la qualification portugaise :
Honneur au vainqueur : commençons par effeuiller les journaux du Portugal. Le quotidien A Bola parle d'une victoire «historique !» . Dans un élan de lyrisme, le journal qualifie même l'équipe portugaise d' «orchestre dirigé de main de maître par Luiz Felipe Scolari» . Sa capacité à construire une équipe compétitive avec des joueurs aux personnalités si fortes est saluée : «la sélection possède de grandes individualités mais a prouvé qu'elle formait une grande équipe» . Les Rouges et Verts ont tué le match «grâce à un second but de Maniche. Et quel but !» s'enthousiasme A Bola.
O Jogo titre sur la «Nation vaillante» . Cette qualification des coéquipiers de Luis Figo a engendré une véritable folie à travers le pays, «une fantastique mobilisation de la nation entière» . Mais les hommes de Scolari n'ont encore rien gagné, et le journal s'impatiente : «dimanche sera le jour J» .
«Le Portugal y est» , titre L'Equipe, qui traduit bien le soulagement d'un pays qui avait donné rendez-vous à l'Europe entière le 4 juillet 2004 prochain. Une date appelée «à devenir l'équivalent de notre 12 juillet» . Habitué aux exploits de Pauleta sur les pelouses françaises, tant sous le maillot bordelais que sous celui du PSG, le journal stigmatise «la déveine manifeste» du buteur portugais. Si le Parisien n'a pas atteint la cible adverse, un autre s'en est chargé pur lui. Le Portugal l'emporte en effet sur «un but extraordinaire du non moins extraordinaire Maniche» . Que de louanges ! Enfin, le quotidien voit plus large, et associe à la qualification portugaise le succès de Porto en Ligue des Champions. Décidément, c'est «l'année du Portugal» !
Pour les Anglais du Times, «une nation entière continue à rêver» . Le Portugal, «pétillant» , est en effet venu à bout des Hollandais grâce à un Luis Figo étincelant : celui-ci, à 31 ans, «offre des courses plus incisives que ses partenaires juniors» . Le quotidien d'Outre-Manche n'hésite pas à épingler le sélectionneur des Pays-Bas : les oranges «n'étaient pas aidés par Dick Advocaat additionnant les avants-centre et les ailiers» ; «pareille erreur avait coûté sa place à Luis Van Gaal quelques années plus tôt» . Comme l'ancien coach barcelonais, Advocaat «s'attend à être demis de ses fonctions la semaine prochaine» . Son homologue portugais reçoit lui tous les honneurs : lui et ses troupes «veulent croire qu'ils ont l'allure d'un champion d'Europe» . Et dire que cette campagne avait débuté «odieusement» par une défaite face à la Grèce… Néanmoins, celle-ci peut peut-être en partie expliquer le parcours lusitanien : elle a permis au groupe de «rassembler ses forces» .
La Gazetta Dello Sport parle d'une «première historique !» Il est vrai que jamais la sélection portugaise n'avait atteint le stade de la finale d'une grande compétition internationale. Les hommes de Luiz Felipe Scolari «méritent amplement leur victoire après la bataille face à l'Angleterre et cette victoire contre les Pays-Bas» . Figo et les siens ont «bien joué» et «se sont procurés une multitude d'occasions» . Après 4 minutes d'arrêts de jeu, «le coup de sifflet de Mr Frisk lance la fête pour toute la nuit» . Le Portugal s'enflamme, et l'Europe avec lui.
«Et l'heure du Portugal sonna…» C'est avec ce titre bien choisi que La Repubblica, journal généraliste italien, évoque l'exploit portugais, avant de faire ce drôle de constat : «les Pays-Bas n'ont pas réussi à surmonter leur complexe de la demi-finale» . En effet, après l'Euro 92, la Coupe du Monde 98 et l'Euro 2000, les Oranges échouent à nouveau aux portes de la finale. La Hollande a semblé extenuée ; «serait-ce dû aux deux jours de repos en moins» par rapport à leurs adversaires ? Il n'y a rien à redire cependant à la victoire portugaise : celle-ci est «très méritée» . L'équipe de Scolari est constituée de grands joueurs, parmi lesquels se distinguent Figo, «l'étoile de l'équipe» , ainsi que Carvalho et Maniche, «combattants infatigables» . Déjà vainqueur du dernier mondial en Corée du Sud et au Japon, avec le Brésil, Luiz Felipe Scolari «est en passe de réussir un formidable doublé» .
Pour le Bild, premier quotidien allemand, «la puissance était du coté portugais» . Là encore, c'est la performance du capitaine Luis Figo qui est mise en avant : la «superstar» était «déchaînée, tant sur le côté gauche que sur le côté droit» . L'affiche Portugal-Pays-Bas a accouché d'une partie «au niveau de jeu pas si élevé» . «Tout le monde pouvait espérer l'emporter» mais les Oranges, «fatigués» par leur qualification aux tirs au but face à la Suède samedi dernier, ont baissé pavillon. Les stars Robben ou Van Nistelrooy «étaient aussi blanches que leur maillot» .
«Le Portugal construit son histoire et jouera la finale» . C'est en ces termes que le quotidien espagnol Marca évoque la qualification du voisin – et bourreau – portugais. Le journal confirme ce que beaucoup pensaient déjà : les anciens champions du monde Espoirs constituent «la meilleure génération de footballeurs portugais» . «Guidée par Figo et renforcée par la fougue du jeune Cristiano Ronaldo, elle surpasse le Portugal d'Eusebio» qui, en 1966, avait atteint les demi-finales du Mondial anglais. Presque 40 ans plus tard, l'Euro 2004 est «la consécration de cette génération dorée» . Bref retour sur la confrontation d'hier soir après ce regard sur le passé : Portugal-Pays-Bas était «un match équilibré lors duquel un homme pouvait faire pencher la balance» . Qui donc ? «Ce fut Figo» , évidemment, «actuellement au sommet de sa forme physique» . Et un compliment de plus pour le numéro 7 ! Maniche, de son côté, a tout simplement inscrit «le but de l'Euro» . Chapeau aux Lusitaniens qui «ont fait de leur rêve une réalité» .
Les sites pécialisés séduits :
Football365 attribue cette victoire à «la fraîcheur portugaise» . Usés, les Hollandais ont été «dépassés par le rythme» . Les attaquants du Portugal ont su profiter des «largesses adverses au marquage» , comme sur le but de Cristiano Ronaldo. Celui-ci est d'ailleurs le mieux noté des 22 acteurs, puisqu'un 7 sur 10 lui est octroyé. L'ailier de Manchester United s'est en effet montré «beaucoup moins individualiste que contre l'Angleterre» . Deco a également «offert un visage totalement opposé de celui qui avait été le sien contre les Anglais» . Maniche est également salué car, en plus de marquer «une merveille du but» , il est capable «d'abattre un gros travail dans la conservation du ballon» .
«Le Portugal au septième ciel» . Le titre de Sport24.fr en dit long sur le bonheur de tout le peuple portugais. Le site revient sur le début de parcours chaotique des coéquipiers de Pauleta : «après la piètre performance lusitanienne lors du premier match de la compétition face aux Grecs» , la qualifiaction pour les quarts de finale était «très loin d'être acquise» . La prise de risque du technicien brésilien Scolari, qui n'a pas hésité à revoir sa copie après le match d'ouverture, est saluée par Sport24 : «en remaniant son onze de départ, Scolari a réussi son pari» . Quant à la victoire d'hier soir face à la Hollande, «ce n'est que justice tant les joueurs de la sélection ont été supérieurs aux Bataves» .
Sport.fr ajoute une touche d'humour à son analyse de la rencontre : les Portugais «ont fait les choses en grand» , au point de «marquer le but de leur adversaire !» «Les Néerlandais sont tellement amorphes que le Portugal décide de les relancer» , avec le but contre son camp du défenseur central Jorge Andrade. Une fois encore, la question du faible temps de récupération des Bataves (deux jours contre quatre au pays hôte) est posée : «est-ce que les deux jours de récupération en plus pour les Lusitaniens ont joué ?» Toujours est-il que, «la tête ailleurs, les Néerlandais n'ont pas pesé sur la rencontre» .
La presse est unanime pour reconnaître la qualité de la génération Figo. Celle-ci, souvent décevante, est enfin parvenue à se hisser en finale d'une grande compétition internationale. Mais la plus haute marche reste encore à franchir...