Juste à côté des "Caractères" de La Bruyère, il faudra désormais ajouter dans nos bibliothèques l'ouvrage de Raymond Domenech "Tout seul", galerie de portraits acides des joueurs de l'équipe de France impliqués dans le fiasco du Mondial 2010. Alors que plusieurs extraits viennent d'en être dévoilés, voici les principaux "caractères" de cette équipe de France éliminée au premier tour de la compétition par l'Uruguay, le Mexique et l'Afrique du Sud.
L'égocentrique : Nicolas Anelka
Raymond Domenech revient bien entendu sur le fameux épisode des insultes proférées à son égard par l'attaquant de Chelsea à la mi-temps du match contre le Mexique (perdu 2-0). Tout est parti, selon lui, d'une discussion houleuse sur le rôle du joueur : Anelka décroche alors que son coach lui demande de prendre la profondeur. Patrice Évra aurait une première fois tenté d'apaiser les débats, en vain. «Enculé, t'as qu'à la faire tout seul ton équipe de merde ! J'arrête, moi...» , aurait alors lâché l'ancien du PSG.
«Bizarrement, j'ai été moins choqué par l'insulte que par le tutoiement, qui cassait une barrière, celle des fonctions, des âges, de la hiérarchie» , écrit l'ancien sélectionneur, aux yeux de qui l'attaquant de Chelsea est le dernier des égoïstes : «Il a joué sa carte personnelle, comme toujours. Il a tué le groupe. Lui et encore lui. Tout le reste, par exemple la notion d'équipe, le dépasse.»
La diva : Franck Ribéry
Domenech n'y va pas par quatre chemins pour décrire l'ailier du Bayern Munich «diva susceptible» qui «pourrissait le groupe» . Ce n'est pourtant pas faute d'avoir été mis au courant de l'attitude du joueur : «Un joueur cadre de l'Euro 2008 m'avait prévenu au sujet de Ribéry. Et moi, je lui ai donné les clés ! Quel con je suis…» , raconte l'ancien joueur de l'OL, qui refuse de donner le nom de ce cadre.
Domenech confirme par ailleurs que l'ancien Marseillais ne supportait pas les responsabilités croissantes de Yoann Gourcuff au sein de l'équipe.
Le Bisounours : Yoann Gourcuff
Promu successeur de Zinedine Zidane au poste de meneur de jeu, le Bordelais Yoann Gourcuff n'a hélas ni le charisme, ni le leadership de son aîné. Domenech avoue ainsi avoir eu «envie de lui mettre des gifles avec son air de garçon candide, de pauvre petit malheureux à qui on veut du mal. Un meneur, c'est un guerrier, pas un suiveur. Réveille-toi, Yoann ! (…) Quand Ribéry et d'autres avaient tué la séance d'entraînement parce que Gourcuff se trouvait dans l'équipe des titulaires, celui-ci n'a rien vu. Il a subi et je me suis dit qu'il restait dans son monde des Bisounours.»
L'ambitieux : Florent Malouda
Positionné milieu relayeur par son coach, le joueur de Chelsea sera l'un des seuls Tricolores à se sortir honorablement du Mondial. Il marquera d'ailleurs le seul but français dans la compétition (contre l'Afrique du Sud, 1-2). Mais pour Domenech, il aurait pu faire beaucoup plus.
«Il fait la gueule parce qu'il refuse de jouer milieu défensif. Il fait la gueule à chaque fois que je lui donne un conseil. (...) Il en est même arrivé à tacler Valbuena et Diaby sans raison, juste parce qu'il venait de perdre le ballon. En fait, il ne supporte pas de ne pas être le leader de l'attaque. Il veut être numéro 10, un point c'est tout. (...) Il pourrait apporter plus s'il n'était pas aussi bourricot.»
Le touriste : Thierry Henry
À défaut d'être titulaire, l'attaquant du FC Barcelone devait être le leader moral de l'équipe. Au lieu de cela, il ne semble même pas concerné par le destin des Bleus. «Il a joué un match entier dans l'année, ne devrait pas être là, fait la gueule et n'assume pas son rôle, déplore Domenech. Avant la rencontre face au Mexique, il n'a pas fait un mètre pour s'échauffer. Contre l'Afrique du Sud, j'aurais préféré mettre Réveillère avant-centre, mais le staff m'a convaincu.»
L'ancien Gunner prendra sa retraite internationale à l'issue de la compétition. Une sortie indigne de sa carrière en Bleu...
Le manipulateur : Samir Nasri
Non retenu pour la Coupe du monde, Samir Nasri paie selon Domenech sa propension à semer la zizanie. «Samir Nasri symbolise cette dérive des joueurs ne pensant qu'à leur gueule. Au sein d'un groupe, il vient toujours appuyer là où ça fait mal et révèle la faille au lieu de la colmater. (...) Dans sa position de meneur de jeu, il fait seulement illusion.»
Si elles ne concernent pas la vie du groupe tricolore, les insultes proférées par le joueur de Manchester City à l'encontre d'un journaliste lors du dernier Euro ne vont pas redorer son blason.
Le dilettante : Karim Benzema
Lui non plus n'avait pris part à la compétition. Raymond Domenech reconnaît pourtant l'immense talent du joueur, mais déplore que sa motivation ne soit pas toujours au même niveau. «Il a la morgue d'un grand joueur sans en être encore un, écrit-il ainsi. Heureusement pour lui, Benzema, talent exceptionnel, a su se remettre en cause lorsque José Mourinho est devenu coach du Real. Karim sera un grand joueur tant qu'il restera dans la compétition, stimulé par la concurrence.»
La balle est dans le camp des joueurs
Rappelons pour conclure que ces propos ne traduisent que l'opinion de l'ancien sélectionneur tricolore et que ses victimes seront sans doute amenées à y répondre d'ici peu…
Et vous, que vous inspirent ces extraits du livre de Raymond Domenech ? Selon vous, a-t-il été victime ou coupable de l'échec des Bleus à la Coupe du monde ? N'hésitez pas à en débattre dans la rubrique "Commentaires" ci-dessous.