Soufflé à Metz
Le recrutement de l'OM continue de prendre une tournure étonnante. Pour animer le flanc gauche, Jean Fernandez a choisi de se faire prêter Andres Mendoza pour un an. Un joueur dont on ne peut guère prédire les performances dans le championnat de France, encore moins à Marseille. Proche de s'engager avec Metz, Mendoza n'a pas hésité une seconde quand l'OM lui a fait une proposition. Metz ne verra donc pas ce drôle d'oiseau. «On m'a donné ce surnom de Condor parce que je saute très haut, explique Mendoza. Cela fait partie de mes qualités.» Il faut dire que la renommée de l'OM a penché dans la balance. «L'Olympique de Marseille est toujours un grand club et j'ai toujours voulu jouer dans un club comme ça. Il n'y a donc pas eu photo avec Metz.» Il affirme d'ailleurs connaître l'OM depuis longtemps : «Au Pérou, j'ai vu des matchs du championnat français et je suivais Marseille par le biais de la Ligue des Champions qui était retransmise là-bas. Je connais donc ce club depuis tout jeune.» En Ukraine, Mendoza a plutôt bien réussi (12 buts en 21 matchs). «Là-bas, j'étais bien et je suis d'ailleurs toujours sous contrat avec le Mettalurg Donetsk, rappelle Mendoza. Mais quand Marseille m'a appelé, j'ai préféré venir ici.»
A l'image de nombreux jeunes Péruviens, Andres Mendoza fait ses gammes dans les rues de son quartier et n'a qu'une idée en tête : devenir footballeur professionnel. Ses qualités physiques et techniques très au-dessus de la moyenne ne passent pas inaperçues, et Mendoza se voit rapidement offrir la possibilité de réaliser son rêve. Il intègre les équipes de jeunes du Sporting Cristal, l'un des principaux clubs du pays. Les premières années de sa formation s'avèrent difficiles, mais Mendoza s'accroche et fait ses débuts dans l'équipe professionnelle en 1996, à l'âge de 18 ans. Remplaçant lors de ses deux premières saisons, il devient titulaire indiscutable en 1998. Mendoza marque des buts, 14 pour sa première saison en tant que titulaire. Dès ses premiers matchs, ses talents de finisseur éclatent au grand jour. Rapide et instinctif, il se fait repérer par des clubs européens. C'est le club belge de Bruges qui flaire alors le bon coup, et c'est un succès.
Buts et dérapages
S'il évoluait en Ukraine la saison passée, Mendoza a surtout brillé en Belgique. Cinq saisons au FC Bruges avec à la clé un titre de champion de Belgique et une belle régularité dans ses statistiques : entre 12 et 15 buts chaque saison. Plutôt pas mal pour un joueur qui n'est pas un buteur type. Au total, 54 buts en 129 matchs de championnat, mais le but que l'on retiendra est certainement celui qui a donné la victoire à Bruges sur le terrain du Milan AC en Ligue des Champions en 2003. Ses bonnes prestations en Ligue des Champions ont d'ailleurs fait l'admiration de beaucoup de spécialistes. En 2002, il marque également de son empreinte le football belge en inscrivant un triplé en finale de la coupe nationale. Mais ses bonnes statistiques et ses bons matchs cachent aussi des périodes moins roses où ses défauts resurgissent. En 2002, Bruges le conserve contre son gré alors que le Herta Berlin souhaitait l'enrôler. Ajoutée à la déception de mauvais résultats, le mécontentement de Mendoza dégénère en une bagarre à l'entraînement avec un coéquipier. Bruges décide alors de le suspendre pour trois matchs, dont deux en Ligue des Champions.
Mendoza arrive donc avec la réputation d'un caractère assez spécial. «Je suis quelqu'un de normal, se défend l'ancien joueur de Bruges. Une personne très sensible et comme tout le monde. C'est vrai que quand je joue, je m'exprime plus que d'habitude. Mais dans l'ensemble, je suis plutôt quelqu'un de gentil.» Talentueux, Mendoza est aussi dilettante et parfois trop individualiste. Certains observateurs font déjà des comparaisons, non pas avec Drogba pour une fois, mais avec Mido. Malgré toutes ses qualités de footballeur, l'Egyptien laisse une impression mitigée à Marseille. Mendoza est souvent passé pour un mercenaire, n'ayant pas particulièrement l'amour du maillot. «Si un joueur pense qu'il est plus important que le groupe, il se trompe» , avait d'ailleurs dû recadrer l'entraîneur du FC Bruges, Trond Sollied. Certains n'hésiteront pas non plus à dire que Mendoza manque d'humilité. Son «je n'ai pas de points faibles» , lors de son arrivée à Marseille, a été repris par beaucoup de médias spécialisés.
Des qualités pour s'imposer
Rapide, puissant, bon dribbleur, doté d'une frappe puissante et bon de la tête, Mendoza possède beaucoup d'atouts de footballeur pour conquérir le stade Vélodrome, dont il ne craint pas la pression. «Je sais qu'il y a beaucoup de supporters, dit-il. Les joueurs dans l'ensemble aiment bien être supportés comme ça par 60.000 personnes. Personnellement, ça me transcende plus qu'autre chose.» Le fait de rejoindre un club aussi connu le rend d'ailleurs assez fier et sa popularité va grandir au Pérou. «A ce que je sais, les gens sont très contents que j'aille dans un grand club, affirme Mendoza. Les journalistes et mes amis n'arrêtent pas de m'appeler. C'est une grande nouvelle pour le Pérou et tout le pays est content pour moi.»
Du côté du staff marseillais, on pense avoir fait la bonne affaire. Mendoza est polyvalent et pourrait bien aider le duo Luyindula-Niang s'il n'est pas aussi performant que prévu. «Il marque une dizaine de buts par saison, ce n'est pas négligeable, rappelle José Anigo. Il nous apporte aussi de la taille dans le jeu aérien.» Mendoza ne craint pas d'ailleurs la concurrence qu'il pourrait rencontrer en attaque, «Non au contraire, ça me motive. Je démontrerai que je suis un très bon joueur.» La concurrence sera d'autant plus rude que Bamogo pourrait rester, avec une grande envie de se faire remarquer. Le rôle de Mendoza sera donc probablement d'animer le couloir gauche, à l'image de Ribéry sur l'autre aile. A court d'entraînement, le Condor ne sera pas aligné avant la première journée de championnat face à Bordeaux le 29 juillet. «Pour le moment, je dois juste m'entraîner car je ne suis pas prêt, déclarait-il lors de son arrivée. L'entraîneur décidera quand il sera temps de me faire jouer.»
Caractère difficile, personnel, fantasque, pas toujours motivé, beaucoup de choses peuvent être écrites sur Andres Mendoza, mais son passage à Bruges prouve qu'il est capable d'être un très bon footballeur. Nul doute qu'il essaiera de faire des débuts éclatants pour le prouver. La suite est plus incertaine et dépendra beaucoup du contexte à Marseille.
Nom : Mendoza
Prénom : Andres
Né le 26 avril 1978 au Pérou
Taille : 1,85 m
Poids : 75 kg
Clubs : Sporting Cristal (Pérou), FC Bruges (Belgique), Mettalurg Donetsk (Ukraine), Marseille (depuis juillet 2005)
International péruvien.