Le Mans plutôt que la Lazio
Une chose est sûre, Le Mans ne regrette pas d'avoir d'engager un joueur japonais il y a un peu plus d'un an. Alors en L2, les dirigeants manceaux sont allés chercher Daisuke Matsui du côté de Kyoto. Un pari osé mais gagné. Endurcit par une saison en L2, Matsui fait aujourd'hui figure de joueur clé dans une équipe mancelle qui tient la route en L1. Vu ses prestations, Matsui est véritablement l'une des révélations de ce début de saison. Arrivé au Mans en 2004, Matsui avait déjà eu l'occasion de passer par l'hexagone. «J'avais plutôt une image négative de la France, explique-t-il. J'ai eu l'occasion d'y jouer plusieurs fois quand j'étais plus jeune. J'ai également fait un stage au PSG à 15 ans pendant un mois, puis je suis revenu en 2003 pour la Coupe des confédérations. En arrivant au Mans, ce n'était pas la même chose, j'ai été bien reçu par tout le monde. Je souhaite rendre au Mans ce qu'il m'a apporté.»
Comme beaucoup de jeunes Japonais, Matsui s'intéresse d'abord au base-ball. L'intérêt pour le football va cependant vite arriver. «J'ai commencé le football à 9 ans grâce à un ami qui m'a proposé de l'accompagner, raconte le joueur du Mans. Je n'avais pas l'idée d'être pro. Je jouais dans un petit club qui appartenait à mon école avec une section de dix-huit gamins. A ce moment-là, il n'y avait pas de centres de formation dans le pays, le foot se pratiquait essentiellement dans les écoles à travers une multitude de tournois où les clubs pro faisaient leur détection. J'ai ainsi été contacté par Kyoto.» Après cinq saisons au Kyoto Purple Sanga, Matsui veut partir pour l'Europe. Trois clubs s'intéressent particulièrement à lui : la Lazio Rome, Le Mans et Grenoble. «J'ai choisi Le Mans car c'est un club qui avait connu la L1, donc plus expérimenté que Grenoble. Et puis je n'aime pas le football italien qui a un jeu trop défensif.» Il s'envole donc vers la France en août 2004 pour rejoindre l'anonymat de la L2. Avec 25 matchs et trois buts, il s'impose sur l'aile gauche de l'équipe de Frédéric Hantz. Alors que dans son pays on lui reproche son manque de physique et surtout son faible mental, Matsui s'est parfaitement acclimaté alors qu'il aurait pu s'enliser dans un championnat plein de pièges.
La L1 lui convient
Déjà l'un des artisans de la montée, Matsui semble encore plus à l'aise en L1. «La L2 était rugueuse, physique, et j'ai eu du mal à m'y adapter, à faire parler ma technique. A l'étage au-dessus, ce n'est pas plus facile mais il y a plus d'espaces, ce qui m'avantage. En revanche, on doit penser beaucoup plus vite.» Un jeux moins rugueux et moins physique avantage ce joueur qui possède un gabarit asiatique. La L2 l'avait d'ailleurs surpris. «Dès mon premier match, sur mon premier ballon, j'ai été victime d'un tacle par derrière, explique-t-il. Dès qu'il y a un duel, l'engagement est vraiment très dur. En L2, j'ai dû changer mon style de jeu pour éviter de prendre des coups. L'entraîneur m'a incité à moins porter le ballon, à jouer plus vite» A la découverte de la L1, Matsui, à l'image de ses coéquipiers, s'est vite adapté, au point même de réaliser des débuts tonitruants. En point d'orgue, un très gros match contre Sochaux fin septembre (victoire 2-1), qui permet alors au Mans de se hisser à la deuxième place derrière Lyon, après 7 journées. Depuis les Manceaux et Matsui ont un peu baissé de pied, mais la dernière victoire contre Strasbourg (2-0) prouve qu'ils peuvent faire un bon championnat. Passeur et buteur, Matsui a sonné le réveil de son équipe contre Strasbourg. Ce but est d'ailleurs le premier du Japonais en L1. Et quel but ! De son coté gauche, le feu follet nippon a marqué d'une frappe lobée de l'entrée de la surface. La trajectoire vicieuse ayant raison d'un Stéphane Cassard qui a vécu une soirée cauchemardesque. Le «petit Japonais» , comme l'appellent certains journalistes, a frappé fort.
Matsui est évidemment très heureux de jouer en L1 avec Le Mans. «Je serai toujours reconnaissant à ce club de m'avoir permis d'évoluer en L1 française. Depuis toujours, c'était un rêve pour moi.» Il n'en reste pas moins perplexe en ce qui concerne les structures du club. «Au Mans, il n'y a presque rien, affirme-t-il. A Kyoto, comme dans tous les clubs de J-League, il y a une salle de musculation, un jacuzzi… Ici tout reste à construire.»
Il précise que c'est l'une des différences entre le Japon et la plupart des clubs européens. «Certains de mes compatriotes m'avaient alerté sur le sujet» , précise Matsui avant d'ajouter «ce qui est important pour moi, c'est de jouer au football dans un bon club, où il y a une ambiance saine et un objectif sportif ambitieux.» Même s'il regrette la cuisine de son pays, Matsui aime bien l'endroit où il vit. «Je ne connaissais pas du tout avant de venir ici, dit-il. Mais aujourd'hui, j'adore cette ville, où les gens sont très chaleureux, les dirigeants et mes coéquipiers sont vraiment très sympas. C'est une ville facile à vivre.»
De la L2 à l'Allemagne
Pour les observateurs, comme pour ses coéquipiers, Daisuke Matsui est le joueur le plus technique du Mans. Technique subtile, vivacité et qualité de centre, Matsui a démontré depuis le début du championnat qu'il dispose des atouts pour réussir à ce poste de milieu gauche qui est nouveau pour lui. En effet, s'il se révèle un très bon joueur sur l'aile, Matsui était davantage un joueur axial au Japon. Ce rôle d'ailier ne le dérange pas : «C'est une position très intéressante qui n'existe pas au Japon, car toutes les équipes jouent en 3-5-2 et les latéraux doivent effectuer un travail colossal. Ici quand j'évolue à droite ou à gauche, j'ai de l'espace et une meilleure vision du jeu. Je reçois en général le ballon plus haut et mon jeu est plus offensif. Comme je ne suis pas chargé de la construction, je peux me concentrer sur la pénétration et c'est vraiment très intéressant.» Rapide mais également créatif, Matsui possède une bonne vision du jeu. Sa polyvalence et ses capacités d'adaptation lui donnent des atouts supplémentaires. Des atouts qu'il compte bien mettre à profit pour disputer la Coupe du Monde en Allemagne. Longtemps ignoré par le sélectionneur, la montée du Mans l'a remis sous les feux de la rampe. Au bon moment.
«Je suis venu au Mans parce que j'avais la sélection en tête, avoue-t-il. Evidemment la Coupe du Monde est un objectif important pour moi.» Un objectif qui se rapproche un peu plus à chaque bonne sortie en L1, comme samedi dernier. «Comme tous les joueurs de la planète, je souhaite disputer la Coupe du monde en juin prochain, déclare-t-il. Je suis venu ici pour ça. Je ne sais pas si je serai titulaire, les matchs de préparation en décideront. Représenter le Japon aux Jeux d'Athènes était déjà une expérience unique même si on y a fait un passage aussi rapide que discret.» Le célèbre Zico, le sélectionneur brésilien du Japon, a remarqué lui aussi la progression de Matsui depuis son arrivée en France. Il l'a convoqué pour les matchs contre la Lettonie (2-2) et l'Ukraine (défaite 1-0) début octobre. En annonçant sa sélection, Zico n'avait pas manqué de souligner le potentiel du joueur manceau : «Daisuke Matsui a beaucoup progressé, a déclaré Zico. Sa rage de vaincre est très impressionnante. Il dispose d'un talent naturel, mais il est aussi devenu plus fort mentalement et physiquement. Je suis impatient d'examiner ses qualités de plus près.» Passer de la 2ème division française à la Coupe du Monde en un an, voilà l'un des objectifs pour Matsui d'ici la fin de la saison.
Arrivé au Mans en 2004, Matsui poursuit sa progression. Vif et fin technicien, il s'est très vite adapté à la L1, au point d'en être l'une des attractions. Dans la foulée de son bon début de saison avec une équipe du Mans étonnante, Matsui a été appelé en équipe nationale. Après la montée en L1 l'an dernier, 2006 pourrait confirmer l'ascension de ce fameux petit japonais.
Nom : Matsui
Prénom : Daisuke
Né le 11 mai 1981 à Kyoto (Japon)
Taille : 1,74 m
Poids : 64 kg
Clubs : Kyoto Purple Sanga (Japon), Le Mans (depuis août 2004)
International japonais.