

La Ligue 1 est en mal de buts. Dogme du résultat, crainte du couperet pour une bonne demi-douzaine d'entraîneurs, l'audace est tout sauf de mise au sein du championnat. Sur les six journées disputées depuis la reprise de janvier, deux seulement dépassent les 20 buts en 10 matches. Et ce n'est pas l'exemple de l'Olympique de Marseille qui va les inciter à changer la tendance. L'OM, depuis quelques matches, met pourtant le paquet. Sa stratégie est claire : tout pour l'attaque. A Bordeaux, il y a deux semaines, puis face à Nantes, le week end dernier, les Olympiens ont joué avec 5 éléments offensifs dans leur onze de départ. Auparavant, contre le PSG, le même système a été mis en place en seconde mi-temps pour forcer la résistance des visiteurs.
Donc, Nasri, Ribéry, Niang, Maoulida (ou Pagis) et Cissé (ou Pagis) réunis ensemble pour forcer le verrou adverse. Sur le papier, une telle armada a de l'allure. Le bilan, lui est tout autre. Deux points sur 9 possibles (1-1 contre le PSG, 0-1 à Bordeaux, 0-0, contre Nantes), un but marqué, deux buts encaissés. La dernière victoire de l'OM en Ligue 1 remonte à son match à huis clos contre Auxerre (3-1). C'était le 24 janvier dernier. L'OM jouait alors avec deux milieux défensifs, Cana et M'Bami. Un système de jeu adopté depuis le début de saison, avec succès. Après sa victoire sur les Auxerrois, les Phocéens occupaient la seconde place. Aujourd'hui, ils sont 5èmes, à un point du podium. Pire, Lens, désormais solide dauphin de Lyon, a pris le large, avec 5 points d'avance sur les Marseillais. Autant dire que le coup de poker d'Albert Emon n'a pas eu les résultats escomptés.
Des attaquants en panne
Pourtant, l'entraîneur phocéen a des raisons de persévérer dans sa quête d'un jeu flamboyant. D'abord parce que l'OM, malgré les résultats décevants, a tout de même proposé des séquences de jeu d'une grande qualité. Face à Nantes comme à Bordeaux, Marseille s'est procuré de nombreuses occasions franches. Face aux Canaris, certaines combinaisons de passes courtes aux abords de la surface (une-deux Niang-Nasri, combinaison Ribéry-Pagis-Niang) ont été un régal pour les yeux. De plus, cette configuration permet à l'évidence à un Samir Nasri plus libre du marquage adverse de peser de tout son talent sur une rencontre. Face au PSG, à Bordeaux et à Nantes, le minot de 19 ans a été le principal animateur de son équipe. Si ses attaquants avaient été réalistes, si lui-même avait eu un peu plus de chance, son compteur de buts et de passes décisives aurait considérablement gonflé (il reste bloqué à une réalisation et deux offrandes).
Le problème actuel vient donc des attaquants, en perte de confiance depuis plusieurs rencontres. Certes, l'OM manque cruellement de réussite en ce moment. Les attaquants olympiens ont trouvé les montants à cinq reprises sur leurs quatre derniers matches. Cela ne suffit pourtant pas à masquer leur maladresse. Après de bons débuts, Djibril Cissé agace de plus en plus le public phocéen par ses mauvais choix. Face à Bordeaux, l'ancien joueur de Liverpool aurait pu inscrire un quadruplé avec un peu plus d'adresse. Il reste bloqué à 3 buts en 8 rencontres. Son compère du flanc gauche, Mamadou Niang, se procure toujours des duels seul à seul face aux gardiens. Mais il les rate systématiquement. Ribéry a échoué deux fois sur un Barthez déchaîné lors de la dernière journée. Enfin, le plus réaliste d'entre eux, Pagis, cire le banc… Des ratés qui font perdre du terrain à l'OM dans son objectif Ligue des Champions. Mais, point d'inquiétude, à en croire l'entraîneur Albert Emon : «Nous fournissons du jeu et cela finira par nous sourire» .