
Francis Gillot avait prévenu qu'on ne reprendrait plus Lens à négliger les compétitions à élimination directe. Après l'humiliation subie par les joueurs face aux amateurs de Montceau-les-Mines en quarts de finale de la Coupe de France, les Lensois avaient l'occasion de prouver à leur public qu'ils ne prenaient pas les compétitions «secondaires» à la légère. En face, hier soir, face aux Sang et Or, les Allemands du Bayer Leverkusen, en huitièmes de finale aller de la Coupe de l'UEFA. Finalistes de la Ligue des Champions en 2002, les coéquipiers de Ramelow ont passé une mauvaise soirée hier à Bollaert. Score final, 2-1 pour les Artésiens, au terme d'un match globalement dominé, mais que les Lensois n'ont cependant pas su tuer. Ils devront tenir le choc en Allemagne pour offrir le beau parcours européen que le public lensois attend. Même si la Coupe aux grandes oreilles a une toute autre saveur.
Ca tombe bien Ligue 1, Lens est actuellement le seul club prétendant à la qualification pour la Ligue des Champions à tenir actuellement son rang. Sans vraiment profiter de la baisse de régime lyonnaise, les Sang et Or ont au moins eu le mérite de prendre le large à la seconde place du classement. Le rival lillois, troisième à égalité avec Toulouse, est largué à six longueurs. Autant dire qu'à onze journées de la fin, les hommes de Francis Gillot ont pris un ascendant sérieux sur leurs concurrents, nombreux à patiner dans la semoule (Marseille, Bordeaux, Saint-Etienne). Après deux matches nuls concédés à Monaco et Nancy, les Lensois se sont remis dans le sens de la marche en allant gagner à Marseille (0-1), au stade Vélodrome. Une victoire étriquée, obtenue sur la seule véritable occasion nordiste, un penalty d'Aruna Dindane. Tant pis, pour le spectacle. Gillot, lui retient la performance sur le site de son club : «C'est une sixième victoire à l'extérieur. Ca prouve que l'on est capable de prendre des points et de voyager.»
Quintet majeur en attaque
A Marseille, c'est le secteur défensif qui s'est particulièrement mis en évidence. Dans l'axe, Hilton a régné avec classe, Coulibaly a parfaitement muselé Cissé. Sur les côtés, Bisevac et Ramos (puis Tixier) n'ont laissé que peu d'espaces à Niang et à Maoulida. Et, dans l'entrejeu, Keita et Kovacevic ont formé une paire défensive remarquablement complémentaire, le Malien dans un registre plus défensif qu'à l'accoutumée. Bref, une base solide, qui a rassuré un Francis Gillot agacé des récurrentes largesses défensives de son équipe depuis la reprise (9 buts encaissés en 7 rencontres). C'était d'ailleurs son principal motif de satisfaction après le match à Marseille. «Les joueurs ont bien respecté les schémas de jeu et les consignes. Ils ont montré beaucoup de qualité pour se replacer et beaucoup de courage. Quand on a eu le ballon, on a réussi à le garder. Je pense que l'on est en progrès par rapport à certains matchs.»
Des progrès à confirmer, dimanche, contre Sedan, une équipe qui de toute façon sera sans doute moins aventureuse que les Marseillais. Face aux Sangliers, à Bollaert, c'est surtout le quintet majeur de l'attaque qui sera attendu. Aruna, Demont, Carrière, Monterrubio et un Keita en mode «meneur de jeu» , et peut-être buteur (il en est à 7 réalisations). Un système offensif largement remanié depuis la trêve, et un mercato agité. Thomert et Jussiê ont souhaité partir. Aujourd'hui, il n'y en a pas beaucoup pour les regretter. Le nouvel arrivé Monterrubio a déjà pris ses marques sur son couloir gauche, et donné deux passes décisives en 4 titularisations. De plus, il vient de marquer son premier but pour son club en Coupe de l'UEFA. A droite, Demont apporte sa détermination, son incessante activité et ses coups de pieds arrêtés (4 passes décisives). Carrière renaît cette saison, à un poste de meneur axial qui l'a fait jadis international. L'ancien Nantais fait merveille par sa technique en mouvement, et sa faculté à tantôt conserver le ballon, tantôt accélérer le jeu. Enfin, Aruna Dindane prouve cette année que les dirigeants lensois ont visé juste en le recrutant. Après une première année timide, l'imprévisible ivoirien a inscrit 11 buts et délivré 4 passes décisives. De parfois imprévisible, il est devenu incontournable. A l'image de son équipe.