Lens doit se reprendre

A croire qu'hormis Lyon, les équipes de tête du championnat de France aiment se tirer des balles dans le pied. Au soir de la 27ème journée, au début du mois de mars, le Racing club de Lens profite d'une victoire à Marseille pour conforter sa seconde place au classement. Le voilà mieux parti que jamais pour le second ticket directement qualificatif pour la Ligue des Champions. Devant lui, un calendrier plutôt tranquille pour asseoir sa position. Quatre journées plus tard, les Lensois n'ont pris qu'un petit point de plus. Les défaites à Auxerre et à Rennes (1-0 à chaque fois) ne sont pas vraiment scandaleuses, ces deux équipes étant relativement performantes à domicile. Mais le point lâché contre Sedan, alors lanterne rouge (1-1), puis la défaite concédée contre un PSG au fond du trou, font vraiment désordre.

L'avance des Artésiens a du coup fondu comme neige au soleil, Toulouse revenant à hauteur des Sang et Or. Sochaux talonne le duo à deux points, alors que Marseille, Saint-Etienne et Bordeaux ne sont pas bien loin, à quatre longueurs. Pour un candidat à la Ligue des Champions qui avait emmagasiné tant de confiance depuis la reprise, une telle chute est difficile à expliquer. Francis Gillot, interrogé par l'Equipe, a du mal à comprendre comment son équipe peut subir une telle panne de résultats. «En ce moment, c'est comme au début de la saison où nous avions mal démarré et où nous étions à la rue. Il y a des séries comme ça, positives et négatives, que l'on n'explique pas» , bredouille l(entraîneur nordiste. Brouillons face à Rennes, trop attentistes contre Paris, fatigués contre Auxerre, sans réalisme contre Sedan... à chaque fois, le mal est différent pour les Sang et Or.

Krawczyk : «Il y a un manque devant»

Daniel Krawczyk, entraîneur adjoint, tente de cibler les lacunes sur le site du club. Pour lui, le problème se situe devant. «Il ne faut pas se voiler la face. Ce sont les chiffres qui parlent. On a quand même perdu deux éléments offensifs (Jussiê et Thomert) pour un autre très bon (Monterrubio), mais qui ne joue pas au même poste. C'est vrai, il faut le reconnaître, il y a un manque devant. Il nous faut le tueur, le joueur qui est là pour mettre les occasions au fond» . Aruna, meilleur buteur du club avec 11 buts, a souvent rempli cette fonction cette saison. Mais l'Ivoirien semble de plus en plus usé à force de gesticuler, seul, à la pointe de l'attaque. Pour preuve, il a été mis au repos, mercredi, lors de l'entraînement. Seydou Keita, malgré ses 9 buts, reste un milieu défensif. Quant à Daniel Cousin, il traverse une saison noire. Retrouvant une place de titulaire samedi face à Rennes, le Gabonais a encore été inexistant.

Il va pourtant falloir régler la mire et se ressaisir, car les Lensois ont un calendrier difficile pour la fin de saison. D'un côté, les concurrents directs (Bordeaux à l'extérieur, Toulouse à domicile) et un déplacement plus que périlleux chez le roi lyonnais, qui n'a plus que le championnat à se mettre sous la dent. De l'autre, les équipes dos au mur, menacées par la relégation (Nice à domicile, Troyes à l'extérieur), avec en hors d'oeuvre, dès demain, un déplacement à Nantes, lanterne rouge, qui doit impérativement gagner pour pouvoir continuer d'espérer. Le programme est coton, mais les Lensois gardent confiance, à commencer par Gervais Martel. «L'important, c'est que l'on est toujours devant. Il faut garder notre état d'esprit, et ne rien lâcher jusque la fin.» Sous peine de connaître une désillusion des plus cruelles.