Pourquoi le foot est-il le sport roi à la télévision ?
Eugène Saccomano : Vous voulez une réponse claire ? Il y a 257 pays affiliés à la FIFA et 195 à l'ONU. Je crois que cela vaut tous les discours non ? Le foot est un sport universel.
Thierry Rolland : C'est évident ! On joue au foot dans tous les coins de la France, même les plus reculés, et c'est aussi vrai à l'échelle mondiale. Regardez «L'Equipe» qui fait presque la moitié de son contenu avec du football. Et pour moi, c'est une bonne chose car cela permet aux autres sports de se faire connaître. Le foot est un produit d'appel qui met un coup de projecteur sur les autres sports.
Que pensez-vous de la rivalité OM-PSG ?
Saccomano : il y a une légende qui dit que celle-ci a été inventée par Michel Denisot et Bernard Tapie, qu'ils se seraient entendus pour créer une rivalité afin de populariser le championnat à la télévision mais je n'y crois pas trop. Je pense que cela s'est fait naturellement et d'autant plus facilement que les deux clubs avaient de bonnes équipes à cette époque !
Didier Roustan : Pour moi, Tapie comprend à cette époque qu'il a beaucoup plus de moyens financiers que les autres et il a alors deux possibilités : soit il se trouve une nouvelle adversité, soit il domine le championnat pendant 10 ans comme est en train de faire l'Olympique Lyonnais. Or, aujourd'hui, il faut bien avouer que l'on commence un peu à se lasser de voir l'OL tout gagner car il n'y a pas de rival. Pour moi, Tapie avait donc raison.
Justement, comment expliquer vous cette domination sans partage de Lyon ?
Thierry Rolland : Car Jean-Michel Aulas est un malin et il va continuer à faire très bien son boulot pendant encore très longtemps, il ne faut pas rêver. Il y a actuellement un gouffre entre Lyon et les autres et cela va être long à combler.
Didier Roustan : A mon avis, cela tient aussi des particularités locales. Lyon est une ville moins passionnelle que Paris ou Marseille et il y a donc une forme de continuité qui est possible. A Marseille ou à Paris, dès qu'il y a un truc qui ne va pas, c'est la révolution ou presque. De plus, Lyon, par ses résultats et son excellente gestion, gagne chaque année plus d'argent que les autres donc on est parti pour les voir dominer encore 15 ans.
Eugène Saccomano : Eh oui car comme ils sont premiers, ils ont la prime qui va avec, sans compter la prime d'exposition TV et les 20 millions et quelques de la Ligue des Champions. Lyon s'enrichit chaque année, c'est vrai.
Pensez-vous que Lyon pille la Ligue 1 de ses meilleurs joueurs ?
Didier Roustan : Pas du tout ! Car si Lyon ne recrute presque qu'en Ligue 1, c'est tout simplement car les grands joueurs étrangers ne veulent pas venir en France. Pour des raisons financières mais aussi des questions de prestige. A salaire égale, un joueur sera toujours plus attiré par l'ambiance du foot anglais, c'est comme ça, il ne faut pas se voiler la face. Lyon pille mais c'est normal car c'est le seul moyen pour eux de rester en haut de l'affiche. Le seul truc qui m'embête, c'est que l'OL ne fait pas que piller mais il déstabilise les autres clubs aussi. Il l'a fat pour Ribery avec Marseille, avec Pauleta pour le PSG, ça je préfèrerai qu'il évite car cela pourrait un jour se retourner contre eux.
Eugène Saccomano : Oui mais cela a existé de tout temps ça Didier ! Je me souviens qu'un jour Francis Borelli était aller voir Patrick Battistion et lui avait dit «ne fais rien et ne décides rien sans me le dire avant» . Et il disait la même chose à tous les joueurs qui l'intéressait ! Aulas ne fait que suivre un mouvement enclenché bien avant par Rocher à Saint-Etienne, Bez à Bordeaux ou Tapie à l'OM.
Roustan : C'est vrai tu as raison.
Qu'est-ce qui explique selon vous l'intérêt des femmes pour le football ?
Eugène Saccomano : C'est évident que la victoire de la France à la Coupe du Monde 1998 a changé le regard des gens sur le football. En plus, le foot est un sport simple : il suffit de pousser le ballon dans les buts donc c'est à la portée de tous !
Thierry Rolland : Et c'est aussi à cette époque que les footballeurs sont devenus des «peoples» . Ils ont notamment commencé à apparaître tout en haut des classements de popularité, à coucher avec des mannequins… Le foot s'est aussi démocratisé grâce à ces joueurs là.
Que pensez-vous du retour de Guy Roux sur le banc de Lens ?
Thierry Rolland : Cela lui manquait trop de ne pas diriger des hommes. Il traînait d'ailleurs tout le temps dans les couloirs de l'Abbé Deschamps. Je lui souhaite de tout coeur de réussir son pari car sinon, j'ai bien peur que sa réputation en prenne un coup.
Eugène Saccomano : C'est un personnage étonnant et sa simple personnalité, son charisme, risque, à mon avis, de donner un coup de fouet à Lens. Mais attention, il ne faut pas se leurrer, il ne sera pas sur le terrain donc s'il n'a pas de bons joueurs, il ne pourra pas faire de miracles.
Quelle est votre opinion sur le naufrage de Nantes ?
Thierry Rolland : Alors là, c'est très simple : le déclin a commencé quand un homme est arrivée : Jean-Luc Gripond. Il a été le fossoyeur du club. Il avait déjà coulé Prost Grand Prix et ensuite il a tué Nantes. Et croyez moi, ça va être difficile de revenir en Ligue 1 pour les Canaris. Car à la différence d'une équipe comme Sedan par exemple, je suis très sceptique quant aux chances de remontée de Nantes la saison prochaine car je ne suis pas sûr qu'ils aient la mentalité pour ça.
Eugène Saccomano : Gripond va partir maintenant mais le souci est qu'il n'y a plus un rond à Nantes ! Et c'est vrai depuis longtemps maintenant ! On louait le centre de formation de Nantes mais aujourd'hui, les jeunes les plus prometteurs, ils ne vont plus à la Jonelière ou à Auxerre car on leur propose beaucoup plus d'argent ailleurs.