Gerets, l’entraîneur dont l’OM avait besoin

Albert Emon avait passé les commandes après un bilan catastrophique en championnat (1v, 4n, 4d) et une 17e place indécente au classement. Force est de constater que son retrait au profit d'Eric Gerets a fait un bien fou à l'Olympique de Marseille. Plus qu'une coïncidence, le technicien belge a remis le navire à flot depuis son arrivée le 25 septembre après une défaite de trop à Auxerre (2-0). Et semble le mener tout droit vers la troisième marche du podium. Si les quatre premiers matchs n'ont pas été très probants (1v, 1n, 2d), acclimatation oblige, la marche forcée est enclenchée pour de bon depuis le 30 octobre, avec une belle série de 6 victoires, 5 nuls et 2 défaites au compteur, toutes compétitions nationales confondues. La victoire à Gerland contre le leader lyonnais (1-2) en a été le point de départ. «On est parti de très loin. En octobre, le patient était malade. Là, il est guéri. Parfois, certains joueurs ont besoin d'une bonne prestation pour se rendre compte qu'ils savent bien jouer au football. A Lyon, on a montré que l'on était capable de bien jouer au foot» , a-t-il commenté en début de semaine.

Un exploit pour redonner confiance aux joueurs, et ça repart. L'OM tourne depuis à une cadence de quasiment 1,8 points par match et ne compte plus que 6 longueurs de retard sur Nancy (3e), en chute libre depuis quelques temps. Restent donc 15 matchs de championnat pour décrocher le troisième strapontin pour la Ligue des Champions. Ce qui serait un véritable exploit pour l'OM qui n'a plus figuré deux ans de suite parmi le gratin européen depuis la belle époque. Au rythme actuel, l'OM peut encore espérer prendre 27 pts d'ici la 38e journée, pour un total de 59 points. Pour mémoire, le TFC avait pris la 3e place la saison dernière avec 58 points. Tous les espoirs sont donc encore permis. Les principaux concurrents se nomment l'OGC Nice et l'AS Monaco. Si le premier présente un bilan très impressionnant depuis un an maintenant, le second a affiché ses limites lors de la confrontation au Vélodrome dimanche dernier en Coupe de France (3-1).

La méthode Gerets

Eric Gerets pourra-t-il détrôner Raymond Goethals dans le coeur des Marseillais ? Si cela paraît difficile, l'autre Belge est en tout cas en passe de réaliser un tour de force. Est-ce vraiment une surprise ? Pas au regard de son palmarès. En plus des deux titres de champion de Belgique avec le Standard Liège, les six titres de champions des Pays-Bas et la Coupe des Clubs Champions avec le PSV Eindhoven, l'ancien défenseur est aussi le deuxième joueur le plus capé de l'histoire de l'équipe nationale belge (86 sélections) et compte trois phases finales de Coupe du Monde à son actif (1982, 1986 et 1990). Comme entraîneur, Gerets a gagné deux titres de champion en Belgique avec Lierse et Bruges, deux aux Pays-Bas avec le PSV et un en Turquie avec Galatasaray. Un homme d'expérience pour qui le football n'a plus de secret. Expérimenté et lucide. «C'est vrai qu'on marque beaucoup de buts actuellement, mais là, c'est essentiellement dû à la forme individuelle de mes joueurs» .

«Un entraîneur ne doit pas oublier les choses qui vont bien mais il doit essentiellement travailler sur les choses qui ne fonctionnent pas. Il y a donc encore des détails à revoir» , a-t-il noté. Deuxième l'an passé, l'OM n'avait pas pu perdre toutes ses qualités en deux mois, si ce n'est quand même la principale, c'est-à-dire Franck Ribéry… Dès son arrivée, Gerets a eu la bonne idée de remettre tout le monde au travail, écartant sans créer de vagues certains cadres ou recrues, comme Djibril Cissé, Boudewijn Zenden ou Karim Ziani, dont le rendement laissait à désirer. Moins copain avec les joueurs que ne l'était Emon, le nouvel homme fort de l'OM ne verse pas dans le favoritisme et privilégie une concurrence saine et une gestion de l'effectif qui n'a pas tardé à porter ses fruits. Une main de fer avec un doigté de pianiste. Depuis, Mamadou Niang a semblé libéré d'un poids et Mathieu Valbuena a pu apporté sa pierre à l'édifice. Le retour en forme de Samir Nasri et Djibril Cissé apportent désormais de l'eau à son moulin.

Eric Gerets a marqué des points depuis sa prise de fonction et doit désormais confirmer la tendance avant de maintenir la cadence au printemps, dans la dernière ligne droite du championnat. Avant cela, le mois de février propose un programme à double tranchant aux Marseillais, avec un déplacement délicat à Nice dimanche soir, la réception du PSG la semaine prochaine et un déplacement à Toulouse la semaine suivante. Sans oublier la Coupe UEFA…