Après un tour de chauffe il y a trois semaines pour se plonger dans l'esprit Coupe de France, les clubs engagés en seizièmes de finale avaient le choix entre se poser en candidats potentiels à la victoire finale ou retomber dans le quotidien de leur championnat. Et pour certains grands la tâche ne s'annonçait pas si facile que ça, face à une autre équipe de Ligue 1, comme Auxerre (le tenant) face à Montpellier ou Paris (finaliste en 2003) à Marseille. Mais le charme de la Coupe de France, ce n'est pas seulement les chocs entre clubs de L1, c'est aussi et surtout le bonheur de voir des petits faire mordre la poussière à plus gros qu'eux. Ainsi, vendredi et samedi soir, lors des quatre matchs les plus déséquilibrés, Bayonne (CFA) - Bordeaux (L1), Dijon (Nat) - Lens (L1), Brive (CFA) - Nancy (L2) et Bourg-Perronas (Nat) - Lyon (L1), seul le double champion de France en titre est parvenu à se qualifier pour les huitièmes de finale. Quant au petit poucet Plabennec, modeste club de CFA 2, il a dû céder face à un Amiens sans pitié, mais aura tout de même réussi à se hisser parmi les 32 derniers survivants. C'est ça la beauté de cette Coupe si chère aux yeux de Guy Roux.
La Ligue 1 à la peine
Sept formations de Ligue 1 étaient engagées vendredi et samedi dans ces seizièmes de finale, et si on savait que deux d'entre elles devraient quitter la compétition, puisque opposées à des "consoeurs" , ils n'en étaient pas de même pour Bordeaux et Lens, qui vont désormais pouvoir ne penser qu'au championnat...
- Paris sort vainqueur de son bouillant duel face à l'OM 2-1 après prolongation (voir grand format).
- Le tenant du titre, l'AJ Auxerre, entend bien défendre fièrement son bien le plus longtemps possible, voire même le conserver. Les Bourguignons ont ainsi éliminé des Montpelliérains pour qui 2004 s'annonce vraiment difficile. Dès la 13e minute, Yann Lachuer lance Kalou qui dribble Viviani et n'a plus qu'à pousser la balle dans le but vide. Son compère d'attaque Djibril Cissé double la mise à la 22e, seul au second poteau sur un centre de la gauche signé Olivier Kapo. Dès lors les hommes de Guy Roux se sont contentés de gérer, et malgré quelques incursions héraultaises, le match a perdu en intensité. Normal me direz-vous après un tel début de match des Auxerrois, qui ont accumulé trois occasions franches en plus de leurs deux buts. Montpellier peut donc désormais se concentrer à 100% sur son opération maintien, en espérant une deuxième partie de saison comparable avec celle de la saison passée. L'AJA, elle, poursuit son bonhomme de chemin, et pourrait être la bonne surprise de fin de saison, puisqu'elle est encore engagée en Coupe de France, de la Ligue, de l'UEFA et n'a pas perdu espoir en championnat. Auxerre est là et est bien déterminé à conserver son bien acquis le 31 mai 2003.
- Lyon n'a vraisemblablement pas envie de laisser la moindre chance à ses adversaires lors de cette Coupe de France 2003-2004. Après avoir battu le petit poucet Aire-sur-la-Lys 4-0 au tour précédent, les Rhodaniens ont à nouveau fait parler la poudre face à leurs voisins de Bourg-Perronas : 5-0 ! Un festival qui s'est pourtant fait attendre, puisque les hommes de Paul Le Guen ne menait "que" 1-0 à la pause grace à un Sidney Govou retrouvé, et leurs adversaires auraient très bien pu faire pencher le score en leur faveur avec un peu plus de réussite, notamment sur une frappe de Grillon au ras du poteau de Coupet à la 16e minute. Mais la deuxième période a été cruelle pour les joueurs de Bourg-Perronas, qui ont eu plusieurs occasions de revenir au score avant que Juninho ne vienne les assommer d'un tir du gauche imparable (58e). Le suspense était alors tué, et les Bressans ont encaissé trois nouveaux buts, preuves de leur résignation. Le pauvre Lopez a ainsi trompé son propre gardien à vingt minutes du coup de sifflet final, avant que Govou et Malouda coup sur coup (84e et 85e) n'apportent plus d'ampleur au score. A noter que le match se déroulait à Gerland alors que ce sont les Bressans qui recevaient. Voilà en tout cas une victoire qui doit faire plaisir au président Aulas, qui a fait de cette Coupe de France l'objectif principal de la saison.
- Le paysage paraît en revanche moins clair pour des Lensois incapables de se sortir du piège dijonnais samedi soir. Sur un terrain à la limite du praticable et sous des trombes d'eau, les Nordistes ont vu s'envoler un peu plus encore leurs objectifs européens en perdant 2 buts à 1. Dans une partie très directe, Dijon a ouvert la marque à la 27e minute grace à une tête de Masson. Et dix minutes plus tard, les Bourguignons voyaient leur rêve prendre forme après une faute de main d'Itandje bien exploitée par Diers. Vu le temps et l'état du terrain, on pardonnera au portier de l'équipe de France espoirs cette petite bourde. Malheureusement pour les Sang et Or, ce deuxième but permettait à Dijon de se concentrer sur la défense de son but. Et la seconde période s'est donc résumée à des attaques désordonnées des Lensois et à quelques contres qui auraient pu être assassins de la part des Dijonnais. Le but de Daniel Moreira, bien placé au second poteau, arrivait trop tardivement (79e) pour redonner espoir à une équipe lensoise incapable de déstabiliser son adversaire. Bravo donc à Dijon, pensionnaire de National, qui rêve désormais de faire tomber son prestigieux voisin auxerrois au prochain tour.
- On n'arrête plus l'Aviron Bayonnais. Après Guingamp en 32e de finale (4-4, 5-4 t.a.b.), c'est le voisin bordelais qui est tombé dans le piège des hommes de Philippe Saramagna. Une rencontre qui, comme celle de Lens à Dijon, s'est déroulée sur une pelouse détrempée et quasi-injouable. Ce Bayonne-Bordeaux ne restera donc pas dans les annales pour la beauté du jeu pratiqué, mais pour le suspense qui a été permanent malgré le peu d'occasions franches. Les deux équipes se sont donc quittées dos à dos après 90 minutes (0-0), et dans la prolongation, Ludovic Louit allumait une première mèche en frappant à côté des buts d'Ulrich Ramé (98e), avant que ce dernier ne cède sur un magnifique coup-franc de Frédéric Bernaleau à la 117e minute ! Un final époustouflant à l'image d'une èquipe basque qui pourrait bien refaire parler d'elle encore plus loin dans la compétition.
Les autres rencontres
- Peu de surprise dans le reste des rencontres de ces seizièmes de finale, sauf le superbe retournement de situation de Brive, équipe de CFA, face à Nancy, évoluant en Ligue 2. Menés 2-0 à la pause, les Brivistes sont parvenus à renverser la vapeur, en égalisant à 2-2 grace à Lacostes à la 90e minute, puis en marquant le but de la victoire par Compte à la 118e ! Un scénario catastrophe pour des Nancéens qui se croyaient à l'abri après un doublé de Dufresne en trois minutes (7e et 10e). Autre surprise, mais moins inattendue, la belle victoire de Reims, leader du National, à Gueugnon, à la peine en Ligue 2 (3-1). Les Bourguignons avaient pourtant ouvert le score, mais les Rémois ont vite réagi et poursuivent donc leur route et ajoutent à leur beau parcours en championnat une petite "épopée" en Coupe.
- Pour le reste, on retiendra qu'Amiens a brisé le rêve du petit poucet Plabennec (CFA 2). Le finaliste de l'édition 2001 a cependant dû attendre la 68e minute pour prendre l'avantage sur les Bretons grace à son capitaine Fabrice Abriel. Mohamed Diallo s'est ensuite chargé de creuser l'écart aux 86e et 90e minutes. Plabennec peut donc nourrir quelques regrets sur ce match, mais peut être fier de son parcours dans la compétition. Châteauroux, Créteil, Caen (L2) et Brest (National) complètent la liste des qualifiés pour les huitièmes de finale, et confirment qu'un petit club pourrait s'inviter au Stade de France en mai prochain.
Les résultats complets
Vendredi :
Bayonne (L1) 1-0 (a.p.) Bordeaux (L1)
Samedi :
Auxerre (L1) 2-0 Montpellier (L1)
Bourg-Perronas (Nat) 0-5 Lyon (L1)
Marseille (L1) 1-2 a.p. Paris Saint-Germain (L1)
Dijon (Nat) 2-1 Lens (L1)
Valence (L2) 2-2 (5-4 t.a.b.) Châteauroux (L2)
Besançon (L2) 1-3 Créteil (L2)
Gueugnon (L2) 1-3 Reims (Nat)
Caen (L2) 1-0 Cannes (Nat)
Brive (CFA) 3-2 a.p. Nancy (L2)
Amiens (L2) 3-0 Plabennec (CFA2)
GFCO Ajaccio (Nat) 1-3 Brest (Nat)
Le programme de dimanche
Toulouse (L1) - Nice (L1) à 15h
Croix de Savoie (CFA) - Rennes (L1) à 16h
Valenciennes (Nat) - Monaco (L1) à 16h15
Fontenay (CFA) - Nantes (L1) à 18h30
Ces seizièmes de finale de l'édition 2003-2004 de la Coupe de France ont donc permis d'apprécier une nouvelle fois de belle surprises, mais correspondant à de grosses déceptions de la part de Bordeaux et Lens. On observe également que seuls trois clubs de Ligue 1 restent en course avant les rencontres de dimanche, et que quoi qu'il arrive, les formations de l'élite seront minoritaires (7 maximum sur 16 qualifiés) par rapport aux autres divisions. Bravo à Brive et Bayonne, nouveaux petits poucets de l'épreuve, qui pourraient être accompagnés de Croix de Savoie et/ou Fontenay, évoluant eux aussi en CFA.