Lyon : comment Aulas a été évincé par Textor

Jean-Michel Aulas est-il le plus grand président de l'histoire du football français ? Certains répondront oui, d'autres non. Une chose est certaine, l'homme d'affaires de 74 ans est haut, très haut dans la liste des plus grands dirigeants français.

Assez pour s'offrir une porte de sortie digne de ce nom, après 36 ans de bons et loyaux services ? Apparemment non. Dans son édition du jour, L'Equipe est revenu sur la mise à l'écart de JMA à l'Olympique Lyonnais, aussi soudaine que brutale, le 8 mai dernier.

Une éviction brutale

«La nuit des longs couteaux» . Telle est décrite la nuit du vendredi 5 mai, théâtre du dernier conseil d'administration de l'OL Groupe avec Aulas à sa présidence. Présent au Groupama Stadium avec ses plus proches collaborateurs, le patron déchu du club lyonnais a refusé durant cette réunion houleuse de voter en faveur de la cession de l'activité féminine pour financer l'opération publique d'acquisition (OPA) d'Eagle Groupe sur les 12% d'actions obtenues par divers fonds et des petits porteurs. Une opposition qui a précipité sa sortie.

En effet, John Textor, après lecture d'un texte préparé par ses avocats, a demandé la révocation d'Aulas pour «faute lourde» . L'homme de 57 ans a annoncé un vote pour savoir si Aulas devait conserver son poste : les 8 administrateurs français ont voté pour, les 9 administrateurs américains ont voté contre. Une fin «violente, brutale et inattendue» , indique le média sportif, alors que le nouveau boss de l'OL a voulu vendre une transition chaleureuse. «Je n'aurais jamais imaginé assister à une scène pareille» , a confié un proche d'Aulas.

Aulas meurtri

Contraint de faire ses valises contre son gré, Aulas, qui pensait encore rester trois années à la tête du club avant de passer le flambeau, a logiquement négocié les modalités financières pour son départ. A l'issue du match fou contre Montpellier (5-4), le dimanche 7 mai, les avocats des deux parties ont discuté jusqu'à 5h30 du matin pour tomber d'accord sur une clause de sortie à hauteur de 10 millions d'euros et le rachat des actions de Holnest, la holding familiale du natif de L'Arbresle, qui a obtenu le droit d'être présent avec l'équipe jusqu'au terme de la saison.

«Des jours horribles et destructeurs» , voilà comment Aulas a vécu la semaine qui a suivi l'annonce de son départ. «L'OL, c'est ma vie, et je ne veux pas mourir» , a même glissé le septuple vainqueur du championnat de France, qui a peu à peu pris conscience que son joyau lui échappait définitivement. Des moments d'autant plus difficiles que certains de ses collaborateurs ont rapidement fait «demi-tour» , lui reprochant d'avoir vendu le club et de préparer sa sortie sans rien leur laisser si ce n'est de «travailler désormais pour quelqu'un d'autre» .

Un ultime hommage

Et maintenant ? Aulas semble toujours comme perdu. «Il a perdu 70% de son emploi du temps, mais l'OL occupe plus de 70% de son cerveau disponible» , raconte L'Equipe, qui parle d'un homme néanmoins investi «dans le football féminin, la vente des droits TV, les premiers pas d'Hervé Renard à la tête des Bleues et la préparation de la Coupe du monde féminine» . L'occasion de rappeler que JMA va désormais consacrer son temps au football français, alors qu'il pourrait briguer la présidence de la FFF en 2024.

Avant cela, le Lyonnais, qui n'a toujours pas pris la parole publiquement pour évoquer cette éviction brutale, aura droit à un ultime hommage dans l'écrin qu'il a lui-même construit. Ainsi, il passera une mi-temps en tribune présidentielle et l'autre dans le Virage Nord avec les Bad Gones à l'occasion du dernier match de la saison à domicile face à Reims, ce samedi (21h). Un moment sympa pour le groupe de supporters qui n'a pas toujours été tendre avec JMA. Avec sans nul doute des larmes pour celui qui a fait la grandeur de l'OL.

Que pensez-vous de l'éviction de Jean-Michel Aulas par John Textor à l'Olympique Lyonnais ? N'hésitez pas à réagir et à débattre dans la zone «Ajouter un commentaire» …