Algérie : le fiasco de trop pour Belmadi

64 matchs, 41 victoires, 17 nuls, 6 défaites. Sur le papier, peu de sélectionneurs peuvent se targuer d'afficher des statistiques aussi bonnes. Mais entre les statistiques et la réalité du terrain, il y a un gouffre. Pour Djamel Belmadi, on peut même parler d'abysses.

Surnommé le «ministre du bonheur» après le sacre continental en 2019, l'entraîneur de 47 ans a perdu le crédit qu'il lui restait auprès des supporters algériens.

Trois fiascos de suite

Pourquoi ? Car l'Algérie a encore failli et d'une manière particulièrement brutale, une fois de plus. Tête de série, le double champion d'Afrique a réussi l'exploit de ne pas gagner le moindre match durant la CAN en Côte d'Ivoire avec deux scores de parité face à l'Angola (1-1) et le Burkina Faso (2-2) et même une défaite historique face à la Mauritanie (0-1), mardi. Historique, car l'Algérie n'avait jamais perdu contre la Mauritanie. Historique, car la Mauritanie n'avait jamais battu la moindre équipe dans une CAN ! Le pire ? C'est qu'un nul aurait suffi au bonheur de l'Algérie pour faire illusion et se qualifier pour le prochain tour. Un objectif que les Fennecs n'ont même pas réussi à atteindre.

Une sixième défaite pour Belmadi, peut-être la dernière sur le banc de son pays. Les autres ? Deux en amical contre le Bénin (0-1) en 2018 et face à la Suède (0-2) en 2022 en amical. Les trois restantes sont celles qui ont signé le début de la fin pour le manager algérien : deux lors de la dernière CAN face à la Guinée Équatoriale (0-1), mettant fin à une série exceptionnelle de 35 rencontres sans perdre, et à la Côte d'Ivoire (1-3), mais surtout le fameux barrage retour pour la Coupe du monde 2022 devant le Cameroun (1-2 ap). Un revers qui avait fait perdre les pédales à l'ancien joueur du Paris Saint-Germain et de l'Olympique de Marseille, qui reste désormais sur trois énormes échecs.

Belmadi ne peut plus se cacher

En Côte d'Ivoire, Belmadi n'a eu aucune excuse. Le Covid, qui avait touché ses joueurs au Cameroun ? Non. La chaleur, avec deux matchs à 21h? Non plus. La pelouse ? Le Stade de Bouaké a été un des mieux lotis de la compétition. Il y a bien la VAR, qui n'a pas été alertée une seule fois sur plusieurs situations litigieuses lors des deux premiers matchs, mais la justification est beaucoup trop légère. «Si on concédait beaucoup d'occasions, je dirais que le problème vient de là. Mais je ne m'explique pas pourquoi on n'arrive pas à gagner. On doit être plus tueurs, on trouve le poteau, on n'arrive jamais à faire le break, on n'a jamais été tranquilles» , a fait savoir le principal intéressé en conférence de presse.

Une explication qui ne trompera personne. Car Belmadi n'a jamais réussi à trouver la bonne formule. Malgré une préparation commando au Togo avec deux amicaux brillamment remportés (sans retransmission télévisée), les Algériens ne se sont pas trouvés : trois compositions différentes en trois matchs, des changements tactiques illisibles d'une mi-temps à l'autre, des remplacements sans résultats. Son comportement sur le bord de la touche a encore posé problème. Sa nervosité excessive a une nouvelle fois eu un impact très négatif sur ses joueurs qui pour certains ont passé leur temps à discuter les décisions de l'arbitre. Un manque de lucidité impardonnable à ce niveau.

La fin de Belmadi, mais pas que

Sa proximité avec certains cadres a d'ailleurs sauté aux yeux. Rais M'Bolhi, définitivement dépassé par Anthony Mandréa, a été convoqué in extremis pour cette CAN afin de remplir un rôle obscur. Youcef Belaili, qui a fait une course contre la montre pour retrouver un poids de forme et qui n'a pas démérité, Sofiane Feghouli, dont le niveau a largement baissé, ont également appelés sur le fil. Comme si Belmadi se sentait redevable vis-à-vis de ses héros de 2019. Symbole de ce «copinage» , sa relation troublante avec Riyad Mahrez, auteur de prestations catastrophiques et qu'il a seulement retiré pour la première mi-temps du dernier match avant de le lancer après la pause pour un rendu encore plus mauvais.

Et maintenant ? Belmadi ne devrait pas survivre à cet échec. Comme de nombreux joueurs en bout de course (Mahrez, Mandi, M'Bolhi, Feghouli, Slimani, Bentaleb, Bounedjah, Belaili) qui devraient annoncer leur retraite internationale, l'ancien sélectionneur du Qatar se rapproche d'une démission qu'il aurait annoncé à son groupe, selon les informations de RMC. «La suite ? Ce n'est pas à vous que je vais dire ça. Continuez d'essayer, mais j'ai des gens à qui parler d'abord» , a toutefois glissé Belmadi. Alors qu'il lui a été demandé d'atteindre au moins le dernier carré, le coach le mieux payé d'Afrique va avoir du mal à résister à ce nouveau fiasco. Peut-être le plus difficile à encaisser pour une majeure partie des supporters.

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