Le 22 janvier dernier, il aurait été osé de parier sur une victoire finale de la Côte d'Ivoire à la Coupe d'Afrique des Nations. Et pour cause, le pays hôte venait de se faire balayer par la Guinée équatoriale (0-4), ce qui, sauf concours de circonstances, devait être synonyme d'élimination.
Mais les circonstances en question se sont enchaînées les unes à la suite des autres, si bien que les Eléphants se sont qualifiés pour les 8es de finale. Sous l'égide d'Emerse Faé, qui a pris la relève après la démission du sélectionneur Jean-Louis Gasset, les Ivoiriens ont remporté le titre le plus improbable de leur histoire.
Faé raconte la passation de pouvoir avec Gasset
Dans un entretien accordé à So Foot ce mardi, Faé s'est replongé dans les coulisses de la sélection ivoirienne après cette débâcle. «L'ambiance était morose, personne ne parlait, les joueurs avaient les larmes yeux. Le président et Alain Gouaméné (DTN adjoint et champion d'Afrique 1992, Ndlr) avaient pris la parole pour dire que tout n'était pas terminé, qu'il fallait prier et garder espoir. C'était un vestiaire en deuil», a retracé le patron des Eléphants. Dès lors, tout s'est enchaîné assez rapidement.
«Deux jours après la défaite face à la Guinée équatoriale, on attendait le match du Maroc pour savoir si l'aventure continuait. Le président m'avait appelé pour me dire que Jean-Louis Gasset avait posé sa démission après la rencontre, et qu'il avait d'abord refusé. Après une période de réflexion, il m'avait demandé si je me sentais prêt à prendre le relais. Sans hésitation, la réponse était oui. Le contexte était délicat, je prenais aussi un risque pour ma jeune carrière d'entraîneur, mais je ne pouvais pas abandonner le combat. J'étais prêt à relever le défi, même si encore une fois, tout était entre les mains d'une victoire marocaine», a rappelé le technicien de 40 ans.
Et puis quand le Maroc a battu la Zambie (1-0)… «On est humains, donc, même en étant humbles, on a explosé de joie au coup de sifflet final. On criait, on sautait partout, les joueurs se jetaient dans la piscine. On venait de passer deux jours chaotiques, donc c'était un énorme soulagement», a confessé le Nantais de naissance.
Des liens très forts avec Gasset
Chez les Eléphants, personne n'a fait de Gasset le seul responsable de la catastrophe face à la Guinée équatoriale. Très proche de l'encadrement, l'actuel coach de l'Olympique de Marseille est resté scotché devant sa télé pour suivre au plus près le parcours des joueurs qu'il a lui-même choisis pour le tournoi, et donc devenus champions d'Afrique grâce à lui aussi, en quelque sorte.
«Jean-Louis est comme un père pour moi, pour tout le monde. Son départ était un moment difficile et émouvant. On a beaucoup pleuré, c'est comme si on le désignait comme seul responsable. En partant, il m'avait encouragé et m'avait dit de faire des choix forts. Après chaque match, il m'envoyait un message pour me féliciter et me pousser. À la fin du tournoi, j'avais eu le droit à un grand message de félicitations. (...) Il s'était sacrifié pour que notre pays puisse avancer, il avait endossé tout le poids, aucun coach à part lui ne l'aurait fait», a estimé Faé.
Depuis ce titre, la vie de l'ancien joueur de l'OGC Nice a changé. En bien. «Bien sûr que je sens que tout est différent. Je prends beaucoup de photos, on me reconnaît et on me remercie beaucoup pour les émotions et le pays. Je ne me sens pas comme un héros, j'ai juste fait mon travail, et ma plus grande réussite, c'est d'avoir permis aux Ivoiriens d'être fiers d'être Ivoiriens», a reconnu l'ancien milieu de terrain. Une belle victoire.
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