Billet (de Y. Touaitia) : "Vive la Ligue 1..."
Le billet d'humeur de Youcef Touaitia
«Vous voyez, la Ligue 1 a deux représentants en demi-finales des Coupes d'Europe. C'est un de plus que la Premier League, pas fichue d'envoyer un club autre que dans le dernier carré de la pauvre Ligue Europa Conférence. Vive la Ligue 1 !»
Ce discours, dont les traits ont été volontairement grossis, on l'a lu et entendu ces dernières semaines pour se vanter du prétendu bon niveau du championnat de France, un membre du «Big Five européen» . Résultat des courses, il n'y aura aucun club de Ligue 1 en finale. Une fois de plus. Une honte ? Non. Une surprise ? Pas tant que ça. Une déception ? Certainement. Logique ? Absolument.
Une dose d'humilité... et de compétence
On s'est tous frotté les mains de savoir que le Borussia Dortmund pouvait se dresser sur la route du Paris Saint-Germain avant la finale. Nous les premiers, dans la rédaction de Maxifoot, en donnant quasi unanimement le PSG vainqueur sans souffrir lors de nos glorieux et prétentieux pronostics ! Pire encore, on se demandait après la double confrontation face au FC Barcelone s'il était préférable d'affronter le Bayern Munich pour une revanche après l'échec de 2020 ou le Real Madrid pour faire tomber le boss final ! On aura seulement droit de voir la bande à Edin Terzic, le 5e de Bundesliga à 24 points du Bayer Leverkusen, le club qui a dépensé 66 millions d'euros lors du dernier mercato hivernal, soit... à peine plus que l'oublié et disparu Manuel Ugarte (!), se présenter humblement à Wembley pour tenter d'écrire son histoire. Une deuxième finale en onze ans, soit une de plus que le PSG depuis l'arrivée du Qatar et ses milliards. Une troisième finale en Ligue des Champions, soit autant que l'ensemble des clubs français depuis la refonte de la compétition !
L'Olympique de Marseille ? Ce n'est guère mieux. Voir le club phocéen à ce stade de la compétition après s'être lamentablement crashé face au Panathinaïkos au 3e tour préliminaire de la Ligue des Champions – que le club grec n'a même pas disputé, battu par Braga en barrages – on ne l'avait pas vu venir et c'est une performance en soi. Pour autant, on est en droit d'attendre une autre attitude que celle montrée à Bergame, à cheval entre le ridicule et l'inadmissible, surtout pour une équipe habituée à se transcender dans cette compétition. L'Atalanta, ce club que Gian Piero Gasperini a récupéré des bas-fonds de la Serie A pour l'inviter et l'habituer aux grandes soirées européennes, ce club qui n'a connu qu'un entraîneur depuis 2016 pendant que l'OM a misé sur 10 coachs, 5 directeurs sportifs et 4 présidents différents sur la même période. Ce club qui évoluait en Serie B la saison qui a suivi le dernier titre de l'OM en Ligue 1 et qui est encore en lice pour un doublé C3-Coupe d'Italie aujourd'hui ! Ce club qui travaille bien et mieux que l'OM, tout simplement.
Le cadeau de la LFP jeté à la poubelle !
PSG et OM, même combat ? Évidemment ! Parisiens comme Marseillais sont passés à côté d'une opportunité en or de porter haut les couleurs du football français. Parisiens comme Marseillais ont choisi de ne pas forcer leur destin pour se donner rendez-vous ensemble à l'ultime marche d'une Coupe d'Europe pour la première fois. Parisiens comme Marseillais ont été dépassés dans l'intensité et la combativité par plus hargneux, par meilleurs. Les poteaux contre Dortmund ? Une excuse qui n'est pas recevable. Lorsqu'on ne fait pas les efforts, lorsque l'on court quasiment 20 kilomètres de moins, oui, quasiment 20 kilomètres de moins, que son adversaire sur deux matchs, lorsque l'on manque autant d'envie, il n'y a pas de hasard à prendre la porte en pleine figure. La profondeur de l'effectif de Jean-Louis Gasset ? Le coach de l'Atalanta n'a pas pleuré sur son sort lorsqu'il a perdu Sead Kolasinac – encore Marseillais il y a un an – pour la manche retour et a eu encore moins de scrupules à lancer El Bilal Touré, passé sous le radar des principaux clubs de Ligue 1 après son passage à Reims, pour enterrer son adversaire, inoffensif et sans idée.
La fatigue ? La LFP a pris soin de supprimer deux équipes de l'élite - quatre journées au total - pour alléger un calendrier déjà exempté de Coupe de la Ligue. Elle a même permis au PSG et à l'OM de souffler un peu plus en décalant deux journées de Ligue 1 pour les aider à se préparer comme il se doit à ces rencontres européennes. Une décision qui a surtout poussé plusieurs présidents et entraîneurs d'équipes luttant pour le maintien à ruer dans les brancards, et on se demande s'ils n'avaient pas raison tant le spectacle a été désolant avec des joueurs qui ont soit refusé de tout donner, soit tiré la langue au bout d'une demi-heure face à des adversaires affamés et conscients de l'enjeu. En attendant, c'est bien la Bundesliga, ce championnat si peu respecté en France, qui enverra deux de ses équipes en finale (Dortmund, Leverkusen). La Serie A aussi (Atalanta, Fiorentina). La Liga, elle, se contentera d'envoyer sa Chimère pour asseoir sa domination en C1 (Real Madrid). Un plateau complété par le 4e de la ligue grecque (Olympiakos). Une compétition qui ne doit même pas exister dans l'esprit de nos dirigeants. Vive la Ligue 1 !
Quelles conclusions tirer de cette semaine européenne pour les clubs français ? N'hésitez pas à réagir et à débattre dans l'espace «Ajouter un commentaire» ...