Angleterre : Southgate surprend, la presse anglaise retourne sa veste

Gareth Southgate n'est pas Pep Guardiola et il ne le sera jamais. Mais Gareth Southgate a une qualité que personne ne pourra lui enlever : sa résilience. Malgré des parcours honorables depuis son arrivée sur le banc de l'Angleterre avec une demi-finale de Coupe du monde en 2018 et un quart de finale en 2022, mais aussi et surtout une finale d'Euro en 2021, le sélectionneur des Three Lions a de très nombreux détracteurs.

Le meilleur match aux portes de la finale

En cause, un style trop frileux et une production pauvre dans le jeu par rapport aux nombreux talents présents dans son groupe. Des griefs qui ressemblent énormément à ceux formulés à l'encontre de Didier Deschamps, qui a longtemps bénéficié d'un totem d'immunité après le sacre en Russie. Peut-on penser que l'ancien milieu de terrain de Crystal Palace et Aston Villa sera immunisé en cas de titre ? C'est possible. Une situation que beaucoup n'imaginaient pas il y a encore un mois.

En effet, l'Angleterre est parvenue à se hisser pour une deuxième finale d'Euro consécutive. Après un premier tour plus que poussif, des qualifications successives dans un trou de souris face à la Slovaquie (2-1 ap) et la Suisse (1-1, 5-3 tab), les Britanniques ont écarté les Pays-Bas (2-1), mercredi, au terme d'une performance parfois surprenante. Un match mal parti avec un but de Xavi Simons rapidement encaissé mais une belle réaction et un but victorieux sur le fil d'Ollie Watkins.

Le double coup gagnant de Southgate

Un succès signé de la patte de Southgate. Contrairement à d'autres sélectionneurs, Deschamps en tête, l'homme de 53 ans a pris son courage à deux mains pour retirer sa principale star et capitaine, Harry Kane, à la 81e minute, alors que les deux équipes filaient vers la prolongation. Un choix fort d'autant que Phil Foden, très dangereux en première période, rendait sa meilleure copie avant d'être remplacé en même temps que le buteur du Bayern Munich.

Résultat, les deux entrants, Watkins, donc, et Cole Palmer, que de nombreux observateurs réclament dans le onze de départ, ont été décisifs. Le buteur d'Aston Villa s'est magnifiquement joué de Stefan de Vrij après un joli service du milieu offensif de Chelsea pour crucifier les Oranje. Un double coup gagnant pour un coach qui a rarement eu le nez creux dans les moments cruciaux. Un double coup gagnant qui lui a permis de redorer son blason auprès de la presse anglaise.

Les médias s'inclinent

Ces dernières heures, les médias, très durs avec lui, ont effectué un rétropédalage spectaculaire. «La victoire lui donne raison» , a reconnu Sky Sports, se contentant du résultat, loin d'être anodin pour un pays qui n'a rien gagné depuis 1966. «Southgate est proche d'une glorieuse revanche. Il a été mis en cause et insulté, mais c'est l'Angleterre qui est en finale» , s'est réjouie la BBC, alors que le principal intéressé a été ciblé par des projectiles à l'issue du nul face à la Slovénie (0-0).

«Nous devrons choisir nos moments et être à notre meilleur niveau pour battre l'Espagne. Mais la première période de la demi-finale a montré que nous sommes capables de battre n'importe qui. Et la seconde a prouvé sans l'ombre d'un doute que ce manager a le courage de prendre des décisions qui font gagner un match» , peut-on lire dans le Daily Mail alors que l'ultime étape offrira l'Espagne, la meilleure équipe du tournoi, dimanche à Berlin.

Carragher encourage Southgate

«Il est temps d'arrêter de le ridiculiser. Peut-être que maintenant, avant qu'il ne soit trop tard, vous allez dire que vous vous êtes peut-être trompés avec Gareth Southgate. Peut-être que maintenant qu'il a mené l'Angleterre à deux finales consécutives de l'Euro, vous allez admettre ce qu'il a fait pour le football dans ce pays. Il est peut-être temps d'arrêter de lui jeter des gobelets de bière, de le ridiculiser et d'en faire un étranger dans son propre pays» , rajoute le DM.

«Tout manager peut commettre une erreur. Ce qui est essentiel, c'est qu'il ne fasse pas deux fois la même. Southgate a appris ses leçons et l'Angleterre peut récolter la récompense d'une victoire dans un tournoi majeur» , a insisté Jamie Carragher, rare consultant à ne pas avoir descendu Southgate ces derniers mois. A lui de ne pas se rater sur la dernière marche comme il y a trois ans pour entrer dans l'histoire du football anglais par la très grande porte.

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