Marcelo Bielsa n'a pas un palmarès digne des plus grands. Mais l'entraîneur argentin a une qualité qui lui est propre : il sait bâtir un groupe.
S'il n'a pas réussi à gagner le moindre titre avec l'équipe du Chili entre 2007 et 2011, son travail a permis à Jorge Sampaoli et à Juan Antonio Pizzi de réaliser un improbable doublé lors des Copa América 2015 et 2016, les premières de l'histoire de la sélection. Depuis ? Une finale de Coupe des Confédérations contre l'Allemagne (0-1) en 2017... et la déchéance.
Même le Venezuela et la Bolivie font mieux
Dans son histoire, la Roja n'a jamais manqué trois éditions consécutives de la Coupe du monde si ce n'est entre 1986 et 1994, avec une suspension pour les éliminatoires de l'épreuve aux États-Unis en raison d'incidents contre le Brésil, cinq années plus tôt. On est encore loin du dénouement dans les qualifications de la prochaine Coupe du monde – encore aux États-Unis, mais également au Canada et au Mexique – avec encore dix matchs à jouer, mais tout porte à croire que la fête se déroulera une nouvelle fois sans le Chili, absent en Russie et au Qatar.
En effet, la Roja occupe la neuvième et avant-dernière place des éliminatoires de la zone CONMEBOL. Le bilan après huit matchs ? Trois nuls, cinq défaites et une toute petite victoire glanée contre le Pérou (2-0), le 12 octobre 2023. Un succès contre la plus mauvaise équipe du continent. Alors que l'espoir aurait pu être entretenu sur cette quinzaine internationale, il s'est peu à peu envolé après la lourde défaite concédée en Argentine (3-0), la semaine passée, et même après l'humiliant revers face à la Bolivie (1-2), la nuit dernière, la première en 30 ans à domicile face à cet adversaire.
Un sélectionneur aux fraises
Comment expliquer un tel recul de ce pays sur l'échiquier du football mondial ? L'instabilité de son banc, en premier lieu. Le huitième de finaliste des Mondiaux 2010 et 2014 a connu quatre sélectionneurs depuis 2020 : Reinaldo Rueda, Martin Lasarte, Eduardo Berizzo et Ricardo Gareca. Ce dernier, qui s'est pourtant forgé une réputation solide après son passage de sept années sur le banc du Pérou, est pris dans un tourbillon dont il n'arrive pas à se sortir. Et il ne pourra pas compter sur Arturo Vidal pour trouver une épaule sur laquelle s'appuyer.
«Il semble que cet imbécile ne regarde pas les matchs de Copa Libertadores, il ne regarde que le championnat argentin» , a ruminé l'ancien milieu de terrain du Bayer Leverkusen, de la Juventus et du Bayern Munich sur la plateforme Kick, ulcéré par la défaite face à l'Albiceleste. «Il doit arrêter d'inventer. Le football, c'est très simple. Le pire, c'est qu'on fait piètre figure face à ces idiots contre qui on a gagné deux Copas» , a embrayé celui qui évolue désormais à Colo-Colo et qui n'a plus porté les couleurs de la sélection depuis un an.
Des légendes qui empêchent le renouvellement du groupe
Les joueurs qui ont fait la gloire de la nation posent aussi problème. Si Claudio Bravo (41 ans, 150 sélections entre 2004 et 2024) a mis un terme à sa carrière après la dernière Copa América – avec une élimination au premier tour, une première depuis 2004 – les vieux de la vieille sont là et encore là. La preuve, c'est Eduardo Vargas (34 ans, 114 sélections depuis 2009) qui a inscrit le but litigieux face à la Bolivie, la nuit dernière, profitant de la blessure du gardien adverse pour trouver le chemin des filets, déclenchant un début d'échauffourée.
Alexis Sanchez (35 ans, 166 sélections depuis 2006), Gary Medel (37 ans, 161 sélections depuis 2007), Mauricio Isla (36 ans, 144 sélections depuis 2007) et Arturo Vidal (37 ans, 142 sélections depuis 2007) ont eux décidé de tirer très fort sur une corde qui ne tient plus depuis belle lurette. Cinq joueurs qui compilent 727 sélections cumulées. A titre de comparaison, les 23 Bleus appelés par Didier Deschamps sur ce mois de septembre regroupent... 664 capes. Et visiblement, ces dinosaures n'ont encore l'intention de laisser la place à des footballeurs plus prometteurs...
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