Le 11 juillet 2010 restera un jour à part pour Andrés Iniesta. Dans le froid de Johannesburg, l'Espagnol, alors âgé de 26 ans, a au bout de son pied le ballon qui peut le faire basculer dans la légende. A la 116e minute de la finale de la Coupe du monde en Afrique du Sud, le numéro 6 de la Roja n'a pas laissé l'occasion de franchir la barrière.
Après un mauvais renvoi de la défense des Pays-Bas, le meneur de jeu du FC Barcelone, excentré sur la droite, place une demi-volée qui ne laisse aucune chance à Maarten Stekelenburg. Un but pour envoyer son pays sur le toit du monde pour la première fois de son existence. Un but qui n'a aucun équivalent dans l'histoire.
La bascule à Johannesburg
Pourquoi aucun équivalent ? Car des huit pays qui ont soulevé le plus prestigieux des trophées (Brésil, Allemagne, Italie, Argentine, Uruguay, France, Angleterre, Espagne), l'Espagne est le seul avec un unique buteur en finale du tournoi. Quatre années plus tard, Mario Götze a inscrit une réalisation plus ou moins similaire en prolongation face à l'Argentine. Mais avant lui, l'ancien du Borussia Dortmund a vu nombreux de ses aînés porter l'Allemagne vers le titre suprême. Avant et après lui, personne n'a réussi à faire comme Iniesta. Pour combien de temps encore ? L'avenir nous le dira, mais 14 ans plus tard, rien n'a changé.
Ce but, il a surtout permis à Iniesta de devenir le footballeur le plus respecté d'Espagne. Moins d'un an plus tôt, en août 2009, son ami d'enfance, Dani Jarque, a succombé à une crise cardiaque. Au moment de fêter ce but, le maestro du FC Barcelone a eu comme premier réflexe de retirer son maillot pour afficher un message en hommage de son rival de l'Espanyol. Un geste que les supporters de l'autre club de la cité catalane n'ont pas oublié, lui réservant une standing ovation à chacune de ses apparitions. Des applaudissements nourris dans tous les stades de Liga pour le héros de la nation, qui a fait et fait toujours l'unanimité.
Un footballeur modèle
L'unanimité à plusieurs niveaux. Par son jeu, pour commencer. Même si ses dernières prouesses remontent à plusieurs années désormais avec des passages anonymes au Japon et aux Émirats arabes unis pour finir en douceur son immense carrière, qui ne se souvient pas de ses double-contacts, de sa manière d'arrêter le temps pour effacer ses adversaires ? En termes de conservation du ballon, de résistance à la pression des défenseurs (et autres), ils sont très peu à s'asseoir à sa table. Une aisance technique qui en fait un des joueurs les plus soyeux de sa génération et ce malgré un gabarit loin d'être effrayant (1,72m).
Par son caractère, également. Alors que des cracks incontournables comme Lionel Messi et Cristiano Ronaldo ont leurs détracteurs, Iniesta fait partie des rares footballeurs à être aimés de tous. Pour retrouver la moindre critique, il faut creuser profondément et longtemps. Apprécié des amoureux du ballon rond pour sa maestria, l'Ibère est également adoré de ses homologues footballeurs pour son fairplay. Il fait partie du peu de joueurs à avoir évolué au plus haut niveau, à l'instar de Philipp Lahm, à ne pas avoir écopé du moindre carton rouge. Une performance remarquée et remarquable qui souligne à quel point il a été un joueur spécial.
Des classiques à ne plus savoir quoi en faire
Iniesta, c'est également le joueur qui a préféré les classiques aux statistiques. Son bilan avec ses deux principales équipes ? 70 buts et 146 passes décisives en 805 matchs. Des chiffres loin d'être impressionnants et qui le mettent loin derrière des joueurs moins offensifs comme Xavi, Luka Modric ou encore Paul Scholes. Ce qui le différencie de ces autres milieux de terrain «all time» , c'est surtout sa capacité à frapper très fort à des moments cruciaux. Il y a eu ce but en finale de la Coupe du monde, mais ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres dans un océan de performances qui ont marqué l'histoire récente.
De tête, tout le monde citera son entrée fracassante en finale de la Ligue des Champions 2006 contre Arsenal à 22 ans ou encore ses prestations au même stade la compétition en 2009, 2011 et 2015. Son but à Stamford Bridge pour crucifier Chelsea dans le temps additionnel de la demi-finale retour restera un des plus grands moments de la compétition, au même titre que ses récitals dans les matchs face au Real Madrid. Brillant lors de l'Euro 2008, il avait illuminé l'Euro 2012 de son talent, offrant une des plus belles campagnes individuelles dans l'épreuve avec Michel Platini en 1984 et Zinedine Zidane en 2000.
Les hommages des plus grands
«Don Andrés» , en haut et pour toujours ? Les plus grands en sont convaincus. «Il est l'un des très rares footballeurs qui a été professeur avant d'être élève. Il savait déjà tout» , a soufflé Arrigo Sacchi pour lui témoigner son respect infini. «Ce n'était pas un footballeur avec un physique imposant, il était plutôt comme ça (en montrant son petit doigt, ndlr) mais intellectuellement, le football, c'était comme ça (en faisant des grands gestes avec ses bras, ndlr). Son caractère était très modeste» , a osé Louis van Gaal, l'entraîneur qui l'a lancé dans le monde professionnel à la fin du mois d'octobre 2002.
«Je lui serai toujours reconnaissant» , a admis Pep Guardiola, qui a vu sa carrière d'entraîneur prendre une autre dimension grâce au fameux but d'Iniesta contre les Blues, il y a 15 ans. «L'un des coéquipiers avec le plus de magie et de ceux avec que j'ai le plus aimé jouer» , a assuré Lionel Messi, qui a également pu s'appuyer sur le talent de son ex-partenaire pour se bâtir un palmarès impressionnant. Une flopée d'hommages qui montrent le niveau exceptionnel atteint par celui qui peut légitimement être considéré comme un des plus grands milieux de terrain de l'histoire de son sport.
Le palmarès collectif d'Andrés Iniesta
Liga (9) : 2005, 2006, 2009, 2010, 2011, 2013, 2015, 2016, 2018
Supercoupe d'Espagne (7) : 2005, 2006, 2009, 2010, 2011, 2013, 2016
Coupe du Roi (6) : 2009, 2012, 2015, 2016, 2017, 2018
Ligue des Champions (4) : 2006, 2009, 2011, 2015
Supercoupe de l'UEFA (3) : 2009, 2011, 2015
Coupe du monde des clubs (3) : 2009, 2011, 2015
J-League Division 1 (1) : 2023
Coupe de l'Empereur (1) : 2019
Supercoupe du Japon (1) : 2020
Euro (2) : 2008, 2012
Coupe du monde (1) : 2010
Euro U16 (1) : 2001
Euro U19 (1) : 2002
La carrière d'Andrés Iniesta en chiffres
2002-2018 : 57 buts en 674 matchs au FC Barcelone
2018-2023 : 26 buts en 134 matchs au Vissel Kobe
2023-2024 : 5 buts en 23 matchs à l'Emirates Club
2006-2018 : 13 buts en 130 matchs avec l'Espagne
Le premier grand moment d'Iniesta en finale de la Ligue des Champions 2006
Le bourreau de Chelsea en 2009
L'hommage d'Iniesta à Dani Jarque après son but en finale de la Coupe du monde 2010
Iniesta, unique buteur espagnol en finale d'une Coupe du monde
Iniesta, champion d'Europe 2008 et 2012
Quatre fois vainqueur de la Ligue des Champions avec Xavi
Iniesta, le footballeur aimant
Légende du FC Barcelone et du football
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