Durant de longues années, le Ghana a été le pays le plus titré en Afrique. En effet, les Black Stars ont remporté quatre des éditions de la CAN entre 1963 et 1982 (1963, 1965, 1978, 1982), chutant à deux reprises en finale en 1968 et 1970. Il a fallu attendre 1998 pour voir l'Égypte revenir à sa hauteur puis le Cameroun, quatre années plus tard, en 2002. Depuis, aucune autre nation n'est parvenue à égaler cette performance puisque le Nigéria et la Côte d'Ivoire, qui complètent le TOP 5, n'ont gagné l'épreuve qu'à trois reprises.
Depuis son dernier titre glané en Lybie, il y a désormais 42 ans, le Cameroun a remporté ses cinq sacres, soit autant que l'Égypte, vainqueur du tournoi à sept reprises au total, un record qui tient toujours. La Côte d'Ivoire a également brodé ses trois étoiles sur cette période tandis que le Nigéria et l'Algérie l'ont fait à deux reprises. L'Afrique du Sud, la Tunisie, la Zambie et le Sénégal ont eux réussi à inscrire leur nom au palmarès de la compétition durant cette disette qui dure pour une équipe souvent placée mais jamais gagnante.
De chasseur à chassé
Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé. De retour sur la scène internationale avec un huitième de finale de Coupe du monde atteint en 2006 avant d'être balayé par le Brésil de Ronaldo (0-3), le Ghana a enchaîné les excellentes performances. Proches d'offrir à l'Afrique une première demi-finale dans la plus prestigieuse des compétitions internationales en 2010 – avec le fameux quart de finale contre l'Uruguay (1-1, 2-4 tab) – les Étoiles Noires ont rejoint le dernier carré de la CAN sept fois consécutivement entre 2008 et 2017 avec deux finales perdues en 2008 et 2015.
Une période glorieuse qui semble très lointaine désormais. Sorti sans gloire dès les 8es de finale de la CAN 2019 par la Tunisie (1-1, 4-5 tab) en 2019, le Ghana s'est fait sortir dès le premier tour des deux dernières éditions... à 24 équipes. En 2022, les Ghanéens ont terminé derniers de leur poule en chutant notamment face aux Comores (2-3) malgré la possibilité de se qualifier en cas de victoire sur ce troisième match. Deux ans plus tard, ils n'ont pas fini parmi les quatre meilleurs troisièmes en finissant derrière le Cap-Vert et l'Égypte avec seulement deux points.
Les stars ne font pas tout
Dans son histoire, cette sélection a connu deux périodes de vaches maigres similaires. La première avec trois absences à la CAN en 1972, 1974 et 1976, la seconde avec trois échecs pour retrouver l'épreuve reine en 1986, 1988 et 1990. Un véritable paradoxe quand on sait qu'Ibrahim Sunday et Karim Abdul Razak ont été les premiers Ghanéens à remporter le Ballon d'Or africain, respectivement en 1971 et en 1978, alors qu'Abedi Pelé, triple lauréat en 1991, 1992 et 1993, était déjà très performant au milieu des années 1980.
Ce paradoxe, il est encore plus frappant sachant que le Ghana dispose actuellement dans ses rangs un des meilleurs joueurs africains en la personne de Mohammed Kudus. Capable d'incroyables coups d'éclat avec West Ham, le milieu offensif passé par l'Ajax, pourtant auteur d'un doublé contre la Corée du Sud (3-2) lors de la dernière Coupe du monde – avec une élimination au premier tour - peine à tirer vers le haut une génération loin de manquer de talent où l'on retrouve notamment Thomas Partey, Iñaki Williams, Antoine Semenyo, Ernest Nuamah ou encore les frères Ayew.
Un match pour l'histoire au Soudan
A quand le retour vers les sommets ? A priori, ce n'est pas pour tout de suite. Après ses deux éliminations au premier tour des deux dernières CAN, le Ghana n'est même pas certain de pouvoir faire partie du plateau de l'édition 2025 au Maroc. Accrochés à domicile par le Soudan (0-0), jeudi, les partenaires d'Alexander Djiku pointent en 3e position avec seulement deux points à trois matchs du terme. En cas de défaite à Khartoum, mardi, la messe pourrait d'ailleurs être dite puisque l'Angola, qui compte sept unités d'avance, a quasiment assuré la première place du groupe F.
Pour ne pas revivre les heures les plus sombres de son histoire footballistique, le quadruple champion d'Afrique n'a d'autre choix que d'éviter la défaite face à un adversaire tenace, qui mène la danse dans son groupe de qualification pour la prochaine Coupe du monde devant le Sénégal et la République démocratique du Congo. Un match d'une importance capitale qui pourrait confirmer une tendance en Afrique, celle qu'il n'y a plus de petites équipes. Et que le temps des dinosaures est peut-être révolu.
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